En huit épisodes réjouissants, dialogués avec esprit et rythme, la série créée, réalisée et interprétée par Brian Jordan Alvarez s’applique à déconstruire les dogmes de l’époque en tirant un signe égal entre deux postures qui se livrent une guerre culturelle sans jamais faire de prisonniers.
Ça part dans tous les sens, et souvent ça n’a pas d’autre sens, d’ailleurs, que le simple plaisir de l’imitation. C’est tout bête, on a tous déjà imité Maïté en train de maltraiter son anguille, mais honnêtement ça ne fait pas de mal de voir l’interprétation de Commandeur, ça fait même franchement du bien.
À trop hésiter entre le rire sardonique façon frères Coen, la sociologie des couples, la renaissance lacrymale d’une famille brisée et même un flirt avec le fantastique, "Derrière la façade" ne trouve pas son ton, use de vieilles ficelles et met rarement dans la lucarne.
Sans jamais verser dans l’apologie des activités illicites de son héroïne, elle en éclaire les zones d’ombre et de lumière. Un parti pris également adopté par Richard Laxton dont la caméra prend tout son temps pour laisser jaillir l’humanité de Joan Hannington. Servie par l’incarnation d’une Sophie Turner (Game of Thrones) épatante.
Malgré un récit étiré sur trente ans, la série reste dense, entraînante, souvent émouvante. Et fait planer, au-dessus d’une histoire pourtant très locale, une réflexion universelle et on ne peut plus d’actualité sur les conflits territoriaux et les guerres civiles.
"The Day of the Jackal" fait le tour de l’Europe, enchaîne les cartes postales, les accents et les rebondissements improbables. On n’y vient pas pour trembler mais pour s’amuser, malgré les trop nombreuses circonvolutions du récit
Heureusement, le générique dure près de douze minutes, ce qui procure à chaque fois la bonne surprise de voir l’épisode se terminer plus vite que prévu.
L’ambiance funèbre de polar moderne, colorée d’un saxo plaintif, ne se départit pourtant pas de quelques clins d’œil moqueurs. Occasion rêvée de casser avec légèreté la figure du héros et rendre à l’Amérique, le temps de huit épisodes tendus, sa véritable grandeur : celle de bien raconter les histoires.
Malgré sa facture classique et la pesanteur d’une voix off qui dialectise autour des thèmes du mal et de la liberté individuelle, ces six épisodes valent pour leur façon de mettre en scène la gangrène de la violence, la cruauté de la répétition mais aussi les (rares) échappatoires qui offrent une chance de ne pas sombrer dans la reproduction.
La retenue de la série fait son charme. Peut-être, aussi, sa limite : à trop craindre d’appuyer, Iris ne creuse pas assez, et tient l’émotion à distance.
La série "Cruel Intentions" évite l’écueil en appuyant sur la pédale du féminisme et en montrant la vulnérabilité de ses personnages, féminins et masculins…
Loin des dialogues appliqués et des ressorts boulevardiers, l’occasion de goûter un peu de cette irrévérence déliée qui fait l’esprit cabaret et que la série a malheureusement laissée au vestiaire.
Qui trop embrasse mal étreint, dit l’adage. Cela vaut aussi pour cette épopée fantastico-politique qu’un poil moins d’épice et un peu plus d’épure n’aurait pas desservie.
Son écriture stéréotypée et sa rhétorique populiste peuvent faire ricaner, mais le scénariste capte comme personne les contradictions et préoccupations du pays qui vient tout juste de réélire Trump.