Plus que jamais depuis que Tom Cruise a confié la franchise dont il est la tête de gondole à son fidèle second Christopher McQuarrie, "Mission : Impossible - The Final Reckoning" ménage dans son récit deux tendances contradictoires comme les deux volets d’un programme industriel dont ce nouvel opus serait la plus parfaite exécution : l’avant-garde du blockbuster américain d’action et le baroud d’honneur du blockbuster américain d’action tel qu’il a été et qui bientôt ne sera plus du tout.
Choisi pour ouvrir la 78e édition de l’événement, le «film-karaoké» d’Amélie Bonnin, où l’actrice-chanteuse interprète une vedette des fourneaux, transfuge de classes de retour au bercail, veut rassembler les publics et les territoires à coups de clichés.
Camille Perton emprunte au genre précis de gangsters innocents (un peu à la Téchiné), et transforme une scène de vestiaires en une scène de désir, une séquence de négociations en échange d’amour. La bonne surprise vient ainsi de ce culot [...] : "les Arènes" est un film de mecs qui négocient, non de sportifs au passement de jambes.
Le cinéaste algérien signe un thriller peu convaincant autour de l’héritage toxique du patriarcat, où un fils d’industriel voit disparaître son reflet.
La fiction combative de la cinéaste libanaise, qui ressort en salles ce mercredi 7 mai, survole avec onirisme la place des femmes en huit décennies d’histoire de la Palestine et du Liban.
Margarethe von Trotta crée dans "Ingeborg Bachmann" un paysage psychique à la transparence magnifique, à la manière des mondes « sous cloche » des derniers Resnais.
La réussite du premier long métrage de Giulio Callegari loge dans sa simplicité artisanale pour évoquer un monde au futur proche, sans effets spéciaux ni sensation d’irréalité liftée.
Les images sont rares – la révolution soudanaise a été très peu documentée en Occident où elle a été largement invisibilisée – et très puissantes, confusion d’ivresse idéaliste, de jubilation poétique et de mélancolie d’un peuple martyrisé depuis si longtemps qu’il a l’air lui-même surpris de sa capacité à réclamer, déclamer, versifier, chanter – d’une voix éraillée – sa mobilisation et la lumière au bout du tunnel.
Le cinéaste tunisien revient sur une attaque jihadiste qui a bouleversé son pays en 2015, à travers une dramaturgie ténue et un casting criant de vérité.
Servi par un casting excellent, le savoureux film de Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson raille l’incompétence et le verbiage politique sans se départir d’un certain onirisme.
"L’Ombre d’Emily 2" ressemble à un cas d’école de l’absorption de l’industrie du film de plateforme par celle du luxe : le film disparaît pratiquement sous les chapeaux de Blake Lively et les palaces italiens, sans la moindre prise de distance sur cette tyrannie du clinquant à laquelle il se livre, carburant bien plus profondément au pouvoir de fascination des signes extérieurs de richesse qu’à celui de ses actrices ou de son écriture.
Tout le film dans ses afféteries et sa noirceur est de fait très bizarre, dégoulinant de hontes ou de confusion mentale, et moins queer qu’il ne le pense.
"Little Jaffna" va droit à l’essentiel, sans pour autant négliger respirations et dérives hallucinatoires [...], jouant assez habilement d’émotions retenues [...] et dévoilant un théâtre singulier, monde souterrain, planqué derrière des portes et des boutiques, où Paris n’apparaît que par bribes, horizon lointain d’une arène plongée dans l’ombre et le secret.
[...] les coups de force de scénario servent maladroitement de renforts à une mise en scène disons un peu timide, qui ne tient que quand elle s’attache à l’intimité de son personnage.
D’abord un peu déroutant, l’empilement des récits et des différents registres va progressivement faire corps ; c’est bien là l’enjeu secret du film, qui accumule une série de micro-événements pour s’acheminer l’air de rien vers un bouleversement qui touchera «les uns et les autres» (on pense au final du film choral de Claude Lelouch quand commence à retentir, à l’approche du dénouement, le Boléro de Ravel).
Débarrassé de ses oripeaux contemporains, les "Linceuls" est un beau film sur la vie après la vie, qui se clôt sans tambour ni trompette (on comprend la stupéfaction cannoise) en pure suspension, du sens et des sens.
Premier long métrage de Mona Convert, cinéaste issue des beaux-arts, il s’agit d’une magnifique œuvre au noir, anthropologique et sorcière, dont l’obscurité rend possible, désirable, la flambée progressive.
"Familia" épargnera peu, durant deux heures. Fort de son histoire «tirée de faits réels» (revoyez "Que la bête meure" ou "De bruit et de fureur", plutôt), il se paie de dolorisme et d’une ignoble délectation, sûr de son fait, de faire œuvre d’utilité publique.