On l’aura compris, le scénario, prévisible donc pesant, joue à fond la carte du mélo. Mais la pugnacité conjointe de la mise en scène et de l’interprétation de Nisrin Erradi font effet de contrepoints salvateurs.
Si le film, trop sage et trop fléché pour séduire absolument, désigne le premier vainqueur d’une courte tête, il rappelle néanmoins à chaque plan que le précieux talent de la seconde, taillé pour une carrière à la Virginie Efira, demeure encore trop tristement sous-exploité.
Il y a quelque chose de dylanesque dans cette ba(l)lade mentale d’un vieux mâle blanc, enveloppée par le folk neurasthénique de Phosphorescent. Entre confession freudienne et déraison funèbre.
Après plus d’une centaine de minutes agressives, hirsutes et assourdissantes, on reste pantois devant ce bordel nullement organisé : il semble asséner que, malgré ses dysfonctionnements, rien ne vaut le modèle traditionnel familial. Fort discutable.
Bancal et débraillé, tourné à l’arrache mais avec du cœur, des idées, un esprit, ce premier film fauché de la scénariste Marcia Romano et du critique rock Benoît Sabatier, couple à la ville, est emmené par la gouaille moustachue de l’irrésistible Christophe Paou (découvert dans « l’Inconnu du lac »), doux rêveur en slip rouge.
Des risques insensés pris par les deux pionniers des airs aux paysages psychédéliques de Patagonie, la moindre image, le moindre geste est ici sacrifié sur l’autel d’un style désespérément brouillon, souvent hideux, toujours ventripotent. De quoi mener en toute logique le film vers un double crash.
Ce premier long-métrage d’animation, pépite à découvrir entre deux mégaproductions Disney, plaide de manière bouleversante pour la différence et contre les xénophobies rampantes. L’inventivité de l’animation en stop motion, la vivacité fluide de la mise en scène et la beauté architecturale des décors contribuent à sa réussite.
Machos, beaufs, maris castagneurs, violeurs qui s’ignorent : il n’y a que ça. Pourquoi pas ? Mais l’incompétence autosatisfaite de cette satire misandre aux penchants gore, lorgnant sur Almodóvar et Sam Raimi, la rend aussi embarrassante qu’antipathique.
En jouant sur les espaces urbains, sur le dédale métaphorique d’une ville qui ne cesse de changer de visage, sur les ambiances pop et diurnes, l’auteur de « Et puis nous danserons » (2019) offre à ses deux héros une poignante envolée libératoire. Et révèle la fierté teintée de mélancolie de ces existences brimées par le patriarcat turc.
Mix entre l’univers de « Harry Potter » et celui, cucul et coloré, de « Barbie », ce blockbuster à 150 millions de dollars décline un énième récit d’apprentissage, plein de marqueurs woke opportuns – héroïne ostracisée pour sa couleur de peau, sororité malmenée par les boomers au pouvoir – dans un déluge de kitsch qui pique les yeux (...).
Complet sur la vie et l’œuvre du complice de Jacques Demy, Quincy Jones et Barbra Streisand, nourri de témoignages qui racontent le génie musical autant que son irascibilité et ses failles affectives, le documentaire se double d’un récit de compagnonnage du maestro aux trois oscars durant les deux dernières années de sa vie.
Bien que l’Allemand Edward Berger, faiseur prolifique remarqué il y a peu pour son remake d’« A l’ouest rien de nouveau », s’en tienne à huiler les rouages de son scénario et à épousseter les ors du Vatican, « Conclave » profite à plein de son casting, glorieux vivarium où cohabitent vieilles ganaches hollywoodiennes et valeurs sûres romaines.
Cela n’empêche pas l’errance du jeune homme de se réchauffer au contact d’une richissime fillette de 12 ans, que les circonstances du réveillon rendent ponctuellement orpheline. Leur complicité muette irrigue le film d’un fluide étrange et fascinant, entre pure féerie et bromance furtive.
Se dessine néanmoins le portrait d’un Zelig de la fin du XXe siècle, d’une âme russe monstrueuse, symptomatique de plusieurs décennies de fourvoiements idéologiques ayant mené à Poutine et incarnée avec une détermination trouble par le caméléonesque (et britannique !) Ben Whishaw.
Avec un tel résumé, on s’attend à un film en 4/3 étranglant les personnages. Mais les Boukherma jouent, au contraire, la carte d’un espace vital à conquérir. Scope, perspectives de décors dignes d’un western… leurs ambitions de mise en scène insufflent un lyrisme opératique et organique d’où émane une émotion exponentielle