Abandonnant la suggestion, il [Michel Hazanavicius] fait alors le pari que l’animation a le pouvoir, par rapport au texte et à la prise de vues réelles, de montrer sans obscénité des corps décharnés et des visages statufiés par l’effroi.
Travaillées comme une chorégraphie théâtrale, les séquences font se télescoper différentes époques (…) au sein du même décor (…) et parfois à l’intérieur du même plan. Une mise en scène qui permet de lire le présent à la lumière du passé.
Arrivés après la bataille, les cinéastes n’ont plus à composer qu’avec la patience des gestes quotidiens. Couper du bois, faire du pain, forger des outils, préparer des crêpes. Tel est le programme que s’assigne Direct Action : redonner à l’emblème du ‘zadisme’ sa part de matérialité (…).
L’académisme de l’écriture de Xavier Beauvois n’a d’égale que la vétusté de son propos, qui combine éloge de l’accomplissement individuel et de l’harmonie domestique – l’issue happy mais pas trop quand même est toute tracée.
La mise en scène, vissée sur les visages, guettant le moment où ils craqueront, donne l’impression d’avoir fait du surgissement de l’émotion tout son programme, et d’avoir trouvé pour l’accomplir l’acteur idoine (…).
Rivé au double point de vue de ses deux caméras, (…) Périot impose une fixité qui met en valeur la parole mais peine à explorer l’espace, à dévoiler la ville et la place qu’il y occupe avec son équipe.
Un film qui, enfermé dans une logique implacable, n’ose pas casser son rythme, empêchant ainsi le spectateur de s’évader au même titre que les corps cadrés.
Alors que No Other Land avait réussi à maintenir un souffle ample, alternant l’urgence et la détente, la colère et l’humour, il s’achève sèchement, comme pris à la gorge.
Adoptant l’attitude placide mais déterminée de son héroïne, India Donaldson ne dicte rien des émotions qu’il faudrait ressentir, laisse la violence résonner.
Les connotations touristiques du titre l’indiquent : Usberti assume son statut d’étranger, qui devient une ressource – face à un regard extérieur, l’évidence disparaît et tout mérite d’être conté.
Ce ne sont pas les histoires singulières de Joan, Alice et Rebecca qui émeuvent en elles-mêmes, mais le miroir soigneusement poli de leurs af ects, la description quasi documentaire de leurs vies intérieures, qui au lieu de se contredire, se complètent, se nourrissent les unes les autres.
The Substance, prix de scénario à Cannes, c’est un Faust qui s’est ouvert le dos. Dans un placenta aux nuances de Baby Jane et de Fedora, il accouche d’un bébé sanglant abreuvé par le body horror, exposant sa carcasse à la lumière amère d’Andersen et de Dorian Gray.
Plus que jamais, l’attaque est facile et l’humour mesquin : si [Sarah Saldmann] la grande bourgeoise en hauts talons échoue à mener à bien les tâches de ceux qu’elle traite de ‘feignasses’, Ruffin lui-même ne ferait pas beaucoup mieux à sa place.
Le film grille volontiers (...) ses cartouches cinéphiles sans génuflexion déférente, conservant de De Broca la mobilité, et de Hawks (Allez coucher ailleurs) la camaraderie professionnelle du couple à venir et l’inversion des rôles genrés.
Au prosaïsme méthodique de son récit et de sa mise en scène (...) le cinéaste substitue peu à peu une finesse et un tact puisés à l’évidence dans son expérience d’acteur.
Sous ses allures de téléfilm apollinien, (...) le film navigue dans des eaux à la complexité extrême, avec une forme d’épure, à faire pâlir les dernières œuvres à trois chiffres de vétérans hollywoodiens (Killers of the Flower Moon, Megalopolis).
Le pluriel du titre renvoie à un choix qui va bien au-delà du dispositif. C’est la présence de trois autres femmes en souffrance, le déploiement du je en nous et la transformation d’une maternité empêchée en sororité assumée que chronique Le Sentier des absents.