Né de parents qu'il qualifie de "sévères", Sion Sono publie, dès l'adolescence, des poèmes dans de prestigieuses revues japonaises. A l'université, il se prend de passion pour la mise en scène et décide d'arrêter ses études pour réaliser des courts métrages. Dans son premier, Ore wa Sion Sono da ! (1985), il se filme en récitant ses poèmes. Suit, ensuite, Otoko no hanamichi, qui lui permet d'obtenir une bourse qu'il utilise pour réaliser son premier long métrage : Bicycle Sighs (1990), un drame comportant déjà les principales caractéristiques de son cinéma (noirceur, critique sociétale, etc.).
Fort de ce premier essai, Sion Sono met en scène, dans les années 1990, Heya, Keiko desu kedo, Dankon: The Man et Depression Blot, autant de longs métrages à la fois sombres et gores. Mais c'est en 2001 qu'il gagne en notoriété, avec Suicide Club, remarqué dans les festivals pour ses scènes gores et sa séquence d'ouverture particulièrement marquante, dans laquelle 54 lycéennes se jettent sous une rame du métro après avoir consulté un site internet... Tournant beaucoup, Sion Sono poursuit avec Strange Circus (2005), Hazard (id.), Noriko no shokutaku (2006) et Exte (2007).
En 2008, le natif de Toyokawa signe l'un de ses films les plus connus, Love Exposure, qui traite de perversion, de religion et d'homosexualité. Là encore, le film fait parler de lui en festivals. Il est même considéré par les critiques et le public comme son chef d’œuvre (et dépit de ses quatre heures !).
Réalisateur aussi subversif qu'avant-gardiste, Sion Sono s'attaque ensuite à la société capitaliste japonaise avec le thriller Cold Fish, inspiré d'un véritable couple de tueurs en série propriétaires d'une animalerie, ayant sévi au début des années 1990. A noter qu'il se marie avec l'une des actrices du long métrage, Megumi Kagurazaka, qu'il fait par la suite tourner à plusieurs reprises, comme dans l'ultra-violent thriller expérimental Guilty of Romance (2011), puis Himizu (id.), The Land of Hope (2012) ou encore Why Don't You Play in Hell (2013) pour ne citer qu'eux.
Toujours dans les années 2010, Sion Sono met en scène, entre autres, Tokyo Tribe (2014), une sorte de comédie musicale hip-hop sur fond de violente guerre des gangs, suivi de Antiporno (2016) et Shinjuku Suwan 2 (2017). On lui doit également The Forest of Love (2019) pour Netflix, un film punk, déjanté et violent qui raconte l'histoire de Jo Murata, un homme sans pitié qui utilise son charisme pour manipuler ceux qui l'entourent. A noter qu'il s'essaye également aux séries avec Minna! Esupâ dayo! (2013) et surtout Tokyo Vampire Hotel (2017) pour Amazon Prime.
En 2021 sort son premier film en langue anglaise, Prisoners of the Ghostland porté par Nicolas Cage et Sofia Boutella. Le pitch se centre sur un criminel sorti de prison à la demande du Gouverneur dont la petite fille a disparu dans un univers surnaturel appelé "le Ghostland". S'il parvient à la sauver, il sera libre...
En avril 2022, Sono Sion est accusé d'agressions sexuelles. Dans un long article du site japonais Shukan Josei PRIME, plusieurs comédiennes témoignent anonymement à l'encontre du cinéaste, qui aurait fait des avances sexuelles à la "plupart de ses actrices principales". Il aurait également eu des comportements répréhensibles lors d'ateliers professionnels qu'il menait.
Laurent Schenck