Saeed Roustaee se forme en réalisation à la Soureh Film University de Téhéran. Une fois son diplôme en poche, il met en scène trois courts métrages (Monday, Khaaban khala khalwat, Ceremony) et un documentaire (Mantwhaa rangu rowshan) remarqué, couronné de plus d’une centaine de prix.
Son premier long métrage, Life And A Day (2016), est un drame dans lequel une famille cherche à surmonter ses difficultés après le départ et le mariage de la fille aînée. Une trame que Saeed Roustaee a écrite après avoir croisé le regard d’un jeune toxicomane qui disait au revoir à sa sœur dans une rue...
Le film est bien reçu par la critique, puisqu'il reçoit les neuf principaux prix du Festival International du Film de Fajr, le plus important festival iranien, ainsi que les prix majeurs de l'Annual Iranian Film Awards et de l'Annual Iranian Film Critics Award. Il est par ailleurs montré dans d'autres festivals internationaux.
Son deuxième long, La Loi de Téhéran, est une plongée choc et réaliste au sein du trafic de crack en Iran. Là encore, les distinctions abondent : sélection à Venise, Grand Prix et Prix de la Critique au Festival International du Film Policier de Reims et sélection pour concourir au César du Meilleur Film Etranger.
En 2022, il signe Leila et ses frères, un drame social centré sur une sœur et ses quatre frères cherchant à sortir de la précarité en achetant une boutique. Au même moment, leur père promet une importante somme d’argent à sa communauté afin d’en devenir le nouveau parrain. Sélectionné en compétition au Festival de Cannes, ce film confirme le talent de son réalisateur, mais lui vaut aussi les foudres du pouvoir iranien. La projection de l'oeuvre — interdite en Iran — sur la Croisette vaut à Saeed Roustaee et au producteur Javad Norouzbeigui une condamnation en août 2023 à six mois de prison pour avoir contribué "à la propagande de l'opposition contre le système islamique".
Laurent Schenck