Après des études brillantes à Salamanque puis à Madrid, Fernando Arrabal s'impose très vite comme l'une des personnalités artistiques les plus fortes et controversées d'Espagne. D'abord immense poète et dramaturge (près de 800 recueils de poésies, de multiple essais et une quinzaine de pièces de théâtre au compteur), Arrabal, en touche-à-tout à la curiosité insatiable, se tourne logiquement vers le cinéma. C'est en 1971, avec le long-métrage Viva la muerte, film dont il est le réalisateur et dans lequel il se donne lui-même la vedette.
Durant toute sa carrière cinématographique, ses films, remplis d'inventions visuelles, verbales ou sonores, mêlent souvent ses propres obsessions à l'Espagne de la Guerre civile, quand ils ne virent pas vers l'érotisme, voire la scatologie. J'irai comme un cheval fou (1973), L'Arbre de Guernica (1975), L'Empereur du Perou (1982) ou Le Cimetière des voitures (1983) témoignent ainsi tous d'un sens de la provocation et de la critique sociale acerbe que sa célèbre missive au dictateur Franco (Lettre au Général Franco, 1972) pourrait à elle seule résumer.
Fernando Arrabal, qui est à l'art espagnol ce que Joao César Monteiro est à l'art portugais, se fait plus discret à partir des années 80, seule sa Lettre à Fidel Castro (1984) le replaçant en haut de l'affiche. Une discrétion qui ne l'empêche pas de continuer à écrire et de voir son oeuvre être l'une des plus jouées dans le monde. En 2006, septagénaire, il fait une surprenante apparition dans l'Avida de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Dans un univers décalé qui correspond finalement très bien à son oeuvre.