Né à Putney dans la banlieue de Londres le 30 décembre 1906, Carol Reed est le second fils d’un professeur d’Art dramatique enseignant à la prestigieuse Royal School of Dramatic Arts. Marchant dans les pas de son père, Carol est très tôt attiré par le théâtre. En 1923-1924, il rencontre l’écrivain britannique Edgar Wallace, qui l’engage pour adapter sur les planches ses récits. En 1927, l’écrivain fonde la société British Lion Film Corporation, et place Carol Reed comme son assistant personnel, qui supervise là aussi les adaptations des écrits de Wallace, mais au cinéma. Après le décès du romancier en 1932, Reed rejoint l’Associated Talking Pictures, qui deviendront plus tard les célèbres Ealing Studios. C’est là qu’il co-réalise en 1935 –bien que non crédité- aux côtés de Robert Wyler, son premier film : C’est arrivé à Paris ; la première mention au générique de son nom n'apparaissant que sur le film suivant, Midshipman Easy. C’est avec ce film, et plus encore le suivant, Laburnum Grove (1936), que Reed attire sur lui d’abord le regard bienveillant puis l’amitié de Graham Greene, un des plus grands romanciers du XXe siècle, qui eut une influence considérable sur le cinéma et le théâtre.
Après Sous le regard des étoiles, dans lequel il dirige pour la seconde fois l’acteur Michael Redgrave, il affirme davantage encore son talent dans le film d’espionnage Train de nuit pour Munich, sans doute son œuvre la plus "hitchcockienne", souvent considérée comme la suite d’Une femme disparaît. Durant la guerre, il signe quelques œuvres de propagandes, ce qui n’empêche nullement un film comme d’être un des meilleurs films de guerre britannique jamais réalisés. Cet excellent technicien, habile directeur d'acteurs, séduit, sinon par son génie, du moins par le soin extrême qu'il apporte toujours à ses films, même lorsqu'il s'agit d'oeuvres purement "commerciales".Avec Huit Heures de sursis (1947), il rôde un habile suspense psychologique qu'il perfectionne encore avec un chef-d’œuvre : Le Troisième homme (1949), sans doute son film le plus connu. Ayant pour cadre une Vienne dévastée de l’après-guerre, survivant grâce au marché noir, tout concourt à faire de ce film une exceptionnelle réussite : un scénario dense et prenant signé Graham Greene, un air musical qui a fait le tour du monde, que l’on doit à Anton Karas ; un brillant duo d’acteurs, entre Joseph Cotten et un fabuleux Orson Welles. Le film remporte le Grand Prix du Festival de Cannes, et remporte l’Oscar de la Meilleure photo sur ses trois citations. Son film suivant, (1953), est clairement conçue comme une tentative de renouer avec le succès de l’œuvre précédente, tout en dressant deux beaux portraits de femmes, incarnées à l’écran par Hildegard Knef et Claire Bloom.Attiré par les considérations psychologiques, fidèle en cela à l'oeuvre de Graham Greene, Reed adapte Joseph Conrad dans Le Banni des îles (O, mais le film est un échec. Avec L'enfant et la Licorne (1955), il livre une jolie fantaisie enfantine, tandis qu’il fait montre d’une belle élégance plastique avec le mélodrame Trapèze, porté par un impeccable Burt Lancaster. En 1959, il dirige Alec Guinness dans Notre agent à La Havane, une aimable comédie teintée de quelques nuances graves. Il est moins à l’aise dans la super-production L' Extase et l'agonie (1965), où il dirige Charlton Heston et Rex Harrison, bien que le film bénéficie d’une facture visuelle d’une incontestable qualité. Il obtient la consécration avec la comédie musicale Oliver!, adaptée de l’œuvre de Charles Dickens, qui est couronnée par 5 Oscars dont celui du Meilleur réalisateur. Après avoir signé deux films en 1970 et 1972, où il dirige respectivement Anthony Quinn et Mia Farrow, il décède brutalement d’un infarctus du myocarde le 25 avril 1976, à l’âge de 69 ans.
Auteur : Olivier Pallaruelo