Fils d'Hélène Carrère d'Encausse
Avant de publier son premier livre, Bravoure, en 1984, Emmanuel Carrère, petit-fils d'immigrés russes, ancien étudiant à Sciences-Po, rédige des critiques de cinéma pour la revue Positif et le magazine Télérama. En 1982, il publie une monographie consacrée à Werner Herzog. Par la suite, l'intérêt de l'écrivain pour le Septième Art ne se démentira pas : dans les années 90, il est scénariste sur plusieurs téléfilms, comme Léon Morin, prêtre ou Monsieur Ripois, d'après des oeuvres littéraires déjà portées à l'écran, ou Denis de Catherine Corsini.
En 1998, Carrère co-écrit le scénario de La Classe de neige, adaptation par Claude Miller du livre qui lui avait valu le Prix Femina en 1995. Passionné par l'intrusion du fantastique dans la réalité, ce biographe de Philip K. Dick tire son plus célèbre ouvrage de l'affaire Jean-Claude Romand. Succès de librairie, L'Adversaire donne lieu en 2002 à un film de Nicole Garcia.
Aboutissement logique de ce flirt avec le cinéma, Emmanuel Carrère signe en 2003 son premier film comme réalisateur, Retour à Kotelnitch, un documentaire très personnel, à la fois portrait d'une ville russe, enquête policière, et réflexion sur l'identité -un thème récurrent chez l'auteur. Carrère passe à la fiction deux ans plus tard avec La Moustache. Vincent Lindon y campe un homme qui bascule dans le cauchemar car personne, dans son entourage, ne remarque qu'il s'est rasé la moustache. Inspirée d'un roman publié en 1986, cette oeuvre perturbante est très remarquée à la Quinzaine des Réalisateurs.