Noblesse Oblige, The Servant, Le Bal des vampires, Gatsby le magnifique,Rollerball… Les chefs d’œuvre de l’histoire du cinéma mis en lumière par Douglas Slocombe ne manquent pas. Mais les jeunes cinéphiles d’aujourd’hui se souviendront surtout de son travail pour sa supervision de la photographie d'Indiana Jones sur ses trois premiers volets, avant une retraite bien méritée en 1989.
Fils d’un correspondant du Daily Herald à Paris, Douglas Slocombe est né à Londres le 10 février 1913, mais a passé une partie de sa jeunesse en France, avant de s’installer définitivement en Angleterre à partir de 1933. C’est à travers le journalisme qu’il s’intéresse d’abord à la photographie, en documentant la propagation du nazisme qui aboutit à la Seconde Guerre mondiale. Encouragé sur cette voie par le cinéaste Herbert Kline, Douglas Slocombe échange donc son appareil photo pour une caméra et part à Dantzig filmer les évènements qui ébranlent l’Europe de la fin des années 1930. Le 1erseptembre 1939, il est à Varsovie au moment où l’armée allemande décide d’envahir le pays. Accompagné de Kline, il parvient à s’enfuir dans un train attaqué par les Allemands, puis dans une charrette achetée dans une ferme polonaise, en passant par la Lettonie et la Suède.
De retour à Londres, Douglas Slocombe s’associe au ministère de l’information, mais aussi aux studios Ealing, qui lui proposent rapidement du travail sur certains longs métrages. De cette première collaboration naitront pas loin d’une centaine de films, dont Noblesse Oblige, pour lequel le jeune chef opérateur fait preuve d’astuce en trouvant un procédé visuel permettant à Alec Guiness d’interpréter huit rôles à l’écran, dont parfois plusieurs simultanément dans le même plan.
Mais la direction des studios Ealing ne permet pas à Douglas Slocombe de devenir lui-même cinéaste. Sa réputation était déjà faite en 1955 quand les studios Ealing ont fermé leurs portes. De film en film, le directeur de la photographie apporte son expertise sur l’œuvre de jeunes cinéastes ambitieux, de Joseph Losey à Jack Clayton en passant par Roman Polanski. A la fin des années 1970, il collabore avec un certain Steven Spielberg sur Rencontres du 3ème type, en n’assurant que la photographie des séquences qui se déroulent en Inde. C’est le début d’une association qui va marquer le Septième Art à jamais.
Douglas Slocombe se verra enfin confier la plus grande mission de sa carrière : celle d’éclairer les trois premiers volets de la saga Indiana Jones. Sa vue baissant, le chef opérateur déjà presque septuagénaire prend sa retraite suite à une opération de la rétine qui a échoué. Il reste alerte, bien qu’aveugle jusque dans ses derniers jours. Il meurt le 22 février 2016 dans un hôpital de Londres, des suites d’une mauvaise chute.
Gauthier Jurgensen