Après un début de carrière consacré à des courts métrages documentaires de commande et une première tentative malheureuse du côté de la fiction, Cantate se présente comme un film de rupture et marque le point de départ de la recherche esthétique de Jancsó. À rebours des premiers films du cinéaste louant la marche vers le progrès d’un peuple uni dans le socialisme, « Dissolution et liaison » (traduction littérale du titre original hongrois Oldás és kötés) témoigne d’un état de crise, d’un doute profond à l’égard de la modernité et de ses promesses d’émancipation. Ponctué de réflexions autobiographiques, à commencer par la référence directe à Bartók, Cantate est aussi le film d’une génération de jeunes intellectuels, œuvre matrice annonçant les mutations à venir du cinéma hongrois.