A l’instar d'un Edward Bunker ou d'un François Troukens, deux ex-braqueurs et ex-prisonniers ayant réussi à percer au cinéma via l'écriture et/ou la mise en scène, le co-scénariste de Paradise Beach, Jean Miez, possède lui aussi un vécu digne d'un personnage de film. Né en 1948 à Vincennes dans une famille pauvre (son père était un blessé de guerre et sa mère ouvrière), il connaît la prison à 17 ans suite à plusieurs vols de voitures. Incarcéré dans la célèbre prison de Fresnes où développe ses compétences dans tout ce qui touche à la soudure et la serrurerie, il sort au bout de quelques mois et commence progressivement à enchaîner les gros délits, dont les braquages et les cambriolages.
Alternant séjours derrière les barreaux et activités criminelles, Jean Miez ne tarde pas à être fiché au grand banditisme. A 37 ans, il écope d'une condamnation de 20 ans de prison mais en fait au total cinq, sauvé par sa passion pour la littérature qu'il découvre en isolement. Toujours pendant sa détention, il se fait remarquer par un agent lors d'un atelier théâtre à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy. A sa sortie, à la fin des années 1980, il fait la connaissance de Xavier Durringer, metteur en scène avec qui il écrit J'irai au paradis car l'enfer est ici en 1996. Une rencontre déterminante qui marque le début d'une longue collaboration, puisque l'ex-gangster participe à l'écriture des Vilains en 1999 (où il campe aussi le personnage principal), puis à celle de Paradise Beach vingt ans plus tard.
Entre temps, fort de son expérience théâtrale qu'il a développée en prison, Jean Miez joue dans plusieurs films et téléfilms (souvent réalisés par Xavier Durringer), comme Chok-Dee, Lady Bar 2, Hiver Rouge ou La Conquête. Le comédien est également présent dans les séries Scalp, Les Beaux mecs et The Source (pour laquelle Durringer réalise six épisodes). Ironie du sort : son premier rôle au cinéma est celui d'un commissaire de police dans Mémoires d'un jeune con (1995), un film autobiographique sur le parcours criminel de son réalisateur : Patrick Aurignac, ex-braqueur devenu acteur et réalisateur (il se suicidera en 1997 d'une balle dans la tête en raison de plusieurs problèmes dont une addiction à la drogue et le fait que son film n'a pas rencontré le succès escompté).