Au tout début du 20e siècle, au sortir d'études secondaires, Victor Fleming se destine à une carrière de coureur automobile. Le jeune homme, fan de voitures et très doué en mécanique, n'est à priori pas lancé vers une carrière artistique. C'est donc le hasard qui le mène vers le cinéma lorsqu'il rencontre le cinéaste Allan Dwan, spécialisé dans le western, qui l'engage comme assistant opérateur. Nous sommes alors en 1910.
Les facultés techniques de Victor Fleming sont telles qu'il s'impose rapidement comme un directeur photo renommé de l'époque, travaillant pour son mentor Allan Dwan mais aussi pour D.W. Griffith et le studio Triangle dès 1915. C'est à cette période qu'il fait la connaissance d'un certain Douglas Fairbanks, qui va l'inciter à se lancer dans la réalisation. Avant ce grand saut, il y a la Guerre, et Fleming y parfait sa maîtrise de la caméra en étant notamment le photographe officiel du Président Woodrow Wilson durant le Traité de Versailles. Revenu aux Etats-Unis, alors âgé de trente ans, il signe ses deux premiers longs métrages, Cauchemars et superstitions et The Mollycoddle, tous deux emmenés par son ami Fairbanks.
Pendant quelques années, Victor Fleming est très actif, aiguisant son art de la mise en scène avec des productions modestes, et il faut attendre 1927, avec le drame The Way of All Flesh, pour qu'il fasse vraiment parler de lui : le film est nommé à l'Oscar du Meilleur film et à celui du Meilleur acteur pour Emil Jannings. Forcément, les choses s'accélèrent et Fleming, plutôt à l'aise dans tous les domaines, se distingue en dirigeant Gary Cooper dans deux westerns, The Virginian et Le Chant du Loup.
En 1932, la carrière de Fleming prend un cap décisif lorsqu'il signe un contrat en or avec la MGM. Pour le studio, il réalise La Belle de Saïgon, porté par le duo Clark Gable/Jean Harlow, un classique qui l'impose comme un spécialiste du film d'aventure. Très à l'aise avec le genre, il signe ensuite L'Ile au trésor et Capitaines courageux, qui vaut à Spencer Tracy l'Oscar du Meilleur acteur, mais sait aussi diriger drames (La Soeur blanche), comédies (The Farmer takes a wife), voire comédies musicales (Imprudente jeunesse). C'est sans doute cette capacité à maîtriser tous les styles, à faire preuve d'un beau classicisme au service du divertissement, qui amène la MGM à lui offrir en 1939 les rênes du Magicien d'Oz, nouvelle version de la célèbre aventure, qui se dévoile en Technicolor et révèle la toute jeune Judy Garland au grand public.
Désormais au sommet, Victor Fleming connaît la consécration mondiale dans la foulée en réalisant en 1939 l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma : Autant en emporte le vent, mélodrame culte emmené par Clark Gable et Vivien Leigh, couronné de huit Oscars. Suivront notamment une nouvelle version du Dr. Jekyll et Mr. Hyde, avec son fidèle complice Spencer Tracy, puis Jeanne d'Arc, emmené par Ingrid Bergman. Victor Fleming, grand nom hollywoodien dont la carrière ne saurait se résumer au seul Autant en emporte le vent, s'éteint au début de l'année 1949 d'un infarctus du myocarde.
Biographie rédigée par Clément Cuyer