Lino Ventura est né de parents italiens, et vient s’installer en France à l’âge de huit ans. Il effectue plusieurs métiers, avant de mener une brillante carrière comme lutteur, puis comme catcheur. Malheureusement, il est victime d’un accident au cours d’un combat, et se résigne à abandonner ce métier, se consacrant à l’organisation de combats. Il débute au cinéma pour Jacques Becker dans le rôle du jeune truand Angelo de Touchez pas au grisbi (1953). Dès lors, sa carrure et sa gueule sont repérées par les cinéastes, d’autant qu’il tient dans ce film honnêtement tête à Jean Gabin.
Le film est un tel succès que l'ex-lutteur va suivre Jean Gabin, son complice d'alors, sur plusieurs long-métrages. On les voit ainsi ensemble dans Razzia sur la chnouf (1954), Crime et Chatiment (1955), Le Rouge est mis et Maigret tend un piège (1957). Lino Ventura est alors abonné aux rôles de truands ou de policiers. Petit à petit, on commence à mettre un nom sur son visage, et le succès populaire arrive avec Le Gorille vous salue bien (1957). D'ores et déjà starisé, il tourne avec Jean-Paul Belmondo en 1959 dans Classe tous risques. Un nouveau succès. Le triomphe ultime, Lino Ventura le trouve dans Un Taxi pour Tobrouk (1960).
Dès lors, « le Fauve » va changer de registre, et montrer qu’il peut aussi interpréter autre chose que les gros bras. Ainsi, il joue dans des drames, comme Le Bateau d'Emile (1962), des comédies d’espionnage telles Les Tontons flingueurs (1963) ou des films d’aventures (Cent mille dollars au soleil avec Jean-Paul Belmondo, ou Les Aventuriers (1966) avec Alain Delon). Le personnage de Lino s’humanise. Jean-Pierre Melville va lui offrir deux rôles titres dans des classiques : Le deuxième souffle (1966) et L’armée des ombres (1969). La même année, il retrouve Gabinet Delondans Le Clan des Siciliens d’Henri Verneuil.
Alors que tout le monde pense que Ventura est un dur à la ville comme à l’écran, Lino se défend de cette image, et se montre très pudique. Du reste, il fuit les interviews et les questions sur sa vie privée. Les années 70 le montrent dans des rôles très différents, mais où il prouve tout son talent, renforcé par sa maturité d’acteur. A l’aise dans le film d'aventure (L' Aventure, c'est L'Aventure, 1972), la comédie pure (L'emmerdeur, 1973), le drame (La Gifle, avec Isabelle Adjani) et le polar (Adieu poulet, 1975). Le talent de Ventura se bonifie avec le temps, et son face à face avec Michel Serrault dans Garde à vue (1980) est salué par la critique.
Ventura retrouve ses premières amours, le polar, avec Espion, lève-toi (1980) d’Yves Boisset, et tourne pour la télévision dans Les Misérables (1983), où il reprend le rôle de Jean Valjean, jadis tenu par son ami et mentor Jean Gabin. Cela lui vaut une nomination au César du meilleur acteur. Son dernier rôle marquant est celui du Général des Cent jours à Palerme de Giuseppe Ferrara. Il fait une apparition dans le film de Roger Hanin, La Rumba, et décède d’une crise cardiaque peu de temps après. Depuis 1966, il avait créé l’association Perce-Neige, ayant pour but de venir en aide à « l’enfance inadaptée ». Son décès subit à 68 ans, avec derrière lui plus de 75 films, le consacre comme une personnalité hors du commun, entre le dur-à-cuir et l’homme de cœur.Auteur : Corentin Palanchini