Georges Beller naît à Paris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que ses parents, tous deux Juifs Polonais — son père est le peintre Ilex Beller — ont fui en Suisse pour échapper aux rafles nazies. Dans cette France qui se reconstruit, il prend rapidement des cours de mime et attrape le virus de la scène. Avec son meilleur ami Michel Colucci (pas encore devenu Coluche), il rêve de percer comme acteur. À 18 ans, n’ayant pas la fibre scolaire chevillée au corps, il quitte le nid familial et s’envole aux États-Unis, en quête d’American Dream. Ses débuts à New York sont difficiles, et il dort tantôt dans des gares, tantôt dans des voitures.
Petit à petit, le jeune homme apprend l’anglais et enchaîne les petits boulots de plombier ou de laveur de carreaux. Un pécule qui lui permet de financer des cours à l’Actors Studio, dirigé à l’époque par Lee Strasberg lui-même, fondateur de la méthode. Son talent ne laisse pas Jerry Lewis indifférent, qui l’embauche bientôt comme auteur.
Mais son rêve de Broadway tourne court puisqu’au bout de 20 mois, Georges Beller est contraint de rentrer en France pour effectuer son service militaire, sous peine de passer pour un déserteur.
Tout s’accélère en 1968, où le jeune homme décroche la même année un rôle au théâtre, un autre au cinéma dans Nous n’irons plus au bois de Georges Dumoulin et dans une publicité pour la Renault 4 Plein-Air. Un an plus tard, c’est la télévision qui lui ouvre ses portes avec un épisode de Thibaud ou les Croisades.
Au début des années 1970, Georges Beller enchaîne les participations dans des films renommés comme Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau (1971), Les Pétroleuses de Christian-Jaque (1971) et deux films de Pierre Richard (Les Malheurs d’Alfred et Je sais rien mais je dirai tout). Comme il parle couramment anglais, l’acteur tourne même sous la caméra de Lewis Gilbert (Paul et Michelle, en 1974) et d’Otto Preminger (Rosebud, en 1975).
Mais c’est à la télévision, en France, qu’il va surtout se faire connaître du grand public, grâce à son rôle dans Médecins de Nuit, écrit par Bernard Kouchner. Sur cinq saisons (1978-1986), la série captive plusieurs millions de téléspectateurs. Outre son rôle du Dr Michel, Georges Beller poursuit sa carrière d’acteur au théâtre comme au cinéma, jouant pour la troisième fois pour Jean Yanne dans Liberté, Égalité Choucroute (1984) ou pour la deuxième fois pour Claude Zidi avec Les Rois du Gag. Il réitère l’expérience une troisième fois en apparaissant sous les traits d’un animateur dans La Boîte, en 2001.
Un petit rôle qui lui correspond bien, puisque dans les années 1990, Georges Beller s’éloigne des plateaux de cinéma pour fouler ceux de la télévision. Un virage dans sa carrière qui lui permet de devenir l’animateur d’émissions cultes comme Surprise sur prise ou Les Mariés de l’A2. Après le décès de sa première épouse, Florence, avec qui il a deux filles, il épouse en seconde noces l’actrice Michèle Kern, rencontrée dans la pièce Ma femme est folle au théâtre des Nouveautés et dans laquelle il lui donne la réplique.
Si on peut le voir de temps à autre à la télévision, à nouveau comme comédien dans Kaamelott en 2005 ou dans Scènes de ménages (2016), il se consacre définitivement à ses premières amours, le théâtre, en campant notamment le rôle principal de la pièce à succès Toc Toc de Laurent Baffie, dans sa reprise en 2017.
par Paola Dicelli