Enfant, George Takei est marqué par la déportation de sa famille, dans le cadre de l’internement des Nippo-Américains, suite à l’attaque de Pearl Harbor. Le jeune homme reprend finalement le cours de sa vie et étudie l’architecture à l’université, avant de se prendre de passion pour le cinéma en doublant les films d’animation japonais Le retour de Godzilla et Rodan. L’étudiant s’inscrit alors en art dramatique à l’UCLA et y côtoie notamment Francis Ford Coppola, avec lequel il co-réalise Christopher. Repéré sur scène par un directeur de casting dans les années 60, George Takei rejoint la distribution des Aventuriers, qui s’avère être un échec commercial aux Etats-Unis. Suite à l’obtention de son master, le comédien en herbe apparaît à la télévision ainsi que dans de nombreux films de guerre. En 1961, George Takei obtient un second rôle dans Le Gentleman en Kimono, relatant l’amitié entre une juive et un bouddhiste japonais ayant traversé des tragédies familiales similaires. Prônant la tolérance et le pardon, ce dernier est d’ailleurs récompensé du Golden Globe de la Meilleure promotion pour l’entente internationale. L’acteur tourne ensuite sous la direction d’Howard Hawks pour Ligne rouge 7000 en 1965, puis côtoie Cary Grant dans Rien ne sert de courir, et Janet Leigh dans An American Dream. L’année suivante, le créateur Gene Roddenberry souhaite composer un casting multi-ethnique pour Star Trek et lui offre ainsi le rôle du lieutenant Hikaru Sulu. Diffusée sur NBC durant 3 saisons, la série donne lieu à un vaste engouement de la part du public et propulse le comédien sur le devant de la scène. Entre temps, ce dernier tourne dans Les Bérets verts, de et avec John Wayne, dans lequel il incarne un officier des Forces Spéciales.
Lorsque le célèbre show de science-fiction touche à sa fin en 1969, George Takei s’engage en politique, jusqu’à se présenter comme candidat à la mairie de Los Angeles, en 1973. Perdant les élections face à Tom Bradley, il retrouve finalement ses anciens partenaires pour doubler son personnage dans la série animée Star Trek, puis de nouveau six ans plus tard, à l’occasion de Star Trek - le film, qui est un succès immédiat. Au cours des années 80, l’acteur alterne alors entre projets indépendants (Retour à la rivière Kwaï, Frères de sang) et les cinq autres suites de la saga. Honoré d’une étoile sur le Walk of Fame, il publie ensuite son autobiographie, intitulée "To the Stars : The Autobiography of George Takei, Star Trek’s Mr. Sulu", avant de donner la réplique à Ron Silver et Beau Bridges dans le téléfilm Kissinger and Nixon. En 1996, les fans le retrouvent avec plaisir dans un épisode de la troisième saison de la série dérivée Star Trek : Voyager. Variant ses compositions, le comédien s’oriente davantage vers le doublage, notamment pour Disney, en prêtant sa voix à l’un des ancêtres de Mulan dans le film éponyme, puis à Maître Sensei dans Kim Possible. En 2004, George Takei reçoit la prestigieuse décoration de l’Ordre du Soleil levant par le gouvernement japonais, en récompense de sa contribution aux relations entre les Etats-Unis et le Japon.
Suite à son coming out l’année suivante, le comédien accepte d’apparaître dans un épisode de la web-série Star Trek : New Voyages. En 2007, son rôle récurrent dans Heroes est un clin d’oeil : en effet, son personnage est le père d’Hiro (Masi Oka), fan inconditionnel… de Star Trek ! Après son mariage avec son compagnon de longue date, le producteur Brad Altman, George Takei signe le scénario de Space Travelers, documentaire centré sur le pionnier de l’aérospatial Burt Rutan. Le public le retrouve ensuite brièvement en tant que guest dans The Big Bang Theory, puis dans la comédie romantique Il n’est jamais trop tard. En 2012, l’artiste se lance dans la production scénique avec "Allegiance", comédie musicale basée sur sa propre expérience ainsi que ses recherches sur l’internement des Nippo-Américains durant la Seconde Guerre mondiale, avant de monter sur les planches, notamment aux côtés de George Clooney et Brad Pitt, pour "8", pièce de théâtre militante autour de la question du mariage homosexuel. Deux ans plus tard, il est l’objet d’un documentaire réalisé par Jennifer Kroot et présenté au Festival de Sundance sous le titre To Be Takei. Outre son activité de doublage, George Takei joue son propre rôle dans le film Entourage et participe à la sitcom Bienvenue chez les Huang, relatant le quotidien d’une famille taïwanaise dans l’Amérique des années 90.
Lucie Peronne