Fils aîné d'une famille d'agriculteurs aveyronnais, Alain Guiraudie se nourrit, adolescent, de culture populaire (BD, séries télévisées, films de genre). Le bac en poche, il s'inscrit à l'Université de Montpellier, où se développe surtout son goût pour le militantisme. Après avoir écrit plusieurs romans, jamais publiés, il réalise en 1990 un premier court-métrage, Les Héros sont immortels, bientôt suivi de Tout droit jusqu'au matin et La Force des choses.
C'est avec le moyen-métrage Du Soleil pour les gueux que la critique découvre avec ravissement le cinéma atypique d'Alain Guiraudie, quelque part entre le western moderne, le récit picaresque et le conte philosophique. Autre caractéristique de son univers, la volonté de représenter à l'écran la classe ouvrière, comme en témoigne Ce vieux rêve qui bouge (2001), moyen-métrage lauréat du Prix Jean-Vigo, très remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs - Jean-Luc Godard parle même à son propos du "meilleur film du Festival de Cannes".
Il passe ensuite au long, sans rien perdre de sa singularité. Pas de repos pour les braves en 2003, puis Voici venu le temps en 2005, sont ainsi de nouveaux fragments d'une utopie politique et sexuelle, avec comme terrain d'expérimentation un Sud-Ouest auquel Guiraudie est viscéralement attaché. Après Le Roi de l'évasion, il fait une nouvelle fois sensation à Cannes en 2013 grâce à L'Inconnu du Lac, ode érotique et passionnelle qui suscite la polémique et lui permet de franchir un nouveau cap dans la représentation de la sexualité. Le long-métrage séduit plus de 116 000 spectateurs, devenant à ce jour son plus gros succès, et lance la carrière de Pierre Deladonchamps.
Fidèle à la Croisette, le cinéaste y présente quatre ans plus tard Rester Vertical en Sélection officielle et continue d'explorer les thèmes qui lui sont chers dans une fable déroutante, qui révèle Damien Bonnard. Dans Viens je t'emmène (2022), Guiraudie se frotte à des sujets d'actualité brûlants (le complotisme, les attentats) sur un ton léger et vaudevillesque.
Avec Miséricorde, présenté en avant-première au Festival de Cannes 2024, il traite une nouvelle fois du désir homosexuel et de la représentation de la classe ouvrière dans une histoire de désirs et de non-dits au cœur d’un village ardéchois.