Son nom ne vous dira sûrement pas grand-chose mais vous vous rappellerez sûrement de son visage. Venantino Venantini est une légende du cinéma, notamment franco-italien. L’octogénaire a tourné avec les plus grands, d’Ettore Scola à Dino Risi en passant par Georges Lautner ou Gérard Oury, restant dans l’ombre des seconds rôles la plupart du temps.
Venantini se destine d’abord à une carrière de peintre. C’est dans cette optique qu’il quitte l’Italie pour rejoindre Paris dans les années 50 afin de suivre les cours de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. Pour vivre et financer ses études, l’italien décide de courir les castings afin de trouver des petits rôles de figuration au cinéma.
Petit à petit, le comédien se fait remarquer en participant à de grosses productions comme Ben-Hur, Quo Vadis ou Cleopâtre. C’est le cinéaste italien Franco Rossi qui lui offrira son premier vrai rôle dans L’Odyssée nue en 1961. Le charisme de l’acteur s’impose à l’écran et sa carrière cinématographique est lancée.
Deux ans plus tard, l’italien rencontre le réalisateur français Georges Lautner. Les deux hommes s’entendent à merveille et le cinéaste offre à Venantini le rôle du bras droit de Lino Ventura dans le cultissime Les tontons flingueurs. Les deux artistes tourneront 6 autres longs-métrages ensemble : Des pissenlits par la racine, Galia, La Grande sauterelle, Laisse aller… c’est une valse, Il était une fois un flic et Attention, une femme en cacher une autre.
A l’aise autant dans la langue de Dante que dans celle de Molière, l’italien parvient à jongler entre le cinéma italien et le cinéma français avec une facilité déconcertante. Ainsi, Venantini tourne sous la houlette de grands cinéastes tels que Dino Risi, spécialiste de la comédie italienne acerbe (La Femme du prêtre, Les derniers monstres) ou Gérard Oury, cinéaste français avec lequel il tourne Le Corniaud aux côtés de Louis de Funès et Bourvil. L’italien marque le public français avec ce rôle de gangster bègue et sera désormais un visage connu du cinéma hexagonal.
Par la suite, le natif de Fabriano parvient à toucher à de nombreux genres populaires. On le retrouve ainsi dans le western spaghetti (Bandidos), le Giallo (Le tueur aime les bonbons), le péplum (Les Aventures d’Hercule) ou le fantastique (Ladyhawk, la femme de la nuit de Richard Donner) ; il s’oriente également vers le drame en tournant pour Claude Lelouch (Toute une vie) et Ettore Scola (La Terrasse).
Après une période faste dans les années 70 et 80, Venantini se fait plus rare sur les plateaux de tournage durant les années 90. Le comédien commence ensuite à se tourner vers le monde du petit écran. On peut le retrouver en 2003 donner la réplique à Alain Delon dans la série TV policière Frank Riva. Totalement adopté par la France, l’italien continue sa carrière en incarnant des personnages forts dans les séries Mafiosa ou Greco.
Vers la fin des années 2000, le cinéma français lui ouvre à nouveau ses portes. L’acteur collabore avec Frédéric Berthe en 2007 et donne la réplique à Michel Blanc dans la comédie Nos 18 ans. Samuel Benchetrit fait appel à lui la même année pour camper Joe dans J’ai toujours rêvé d’être un gangster. Venantini renoue ainsi avec son glorieux passé époque Tontons flingueurs en se glissant à nouveau dans la peau d’un bandit, vieillissant cette fois, en compagnie de Jean Rochefort.
Toujours aussi éclectique, le comédien à l'inimitable accent italien continue de multiplier les genres avec autant de dextérité. Le policier en 2010 avec L’Immortel aux côtés de Jean Reno ou l’épouvante-horreur en 2015 avec Phantasmagoria. La même année, il renoue avec son genre de prédilection, la comédie, avec Marseille. Le long-métrage est la 3ème réalisation de Kad Merad. L’italien incarne le père de Kad dans le film. Dernièrement, il était apparu dans les films Vive la crise ! de Jean-François Davy (2017), et Maryline de Guillaume Gallienne (2017). Le comédien décède en octobre 2018, à l'âge de 88 ans.
Vincent Formica