Après une classe prépa et des études de philosophie, Judith Cahen intègre la Femis, dans le département réalisation, en 1990. Après avoir tourné plusieurs films documentaires et de fiction dans le cadre de la prestigieuse école, elle signe en 1993 son premier court métrage, Queue de poisson, suivi de Strictement footinguesque. Dans ces deux oeuvres apparaissent déjà certains éléments que la cinéaste développera dans ses futurs travaux, comme le personnage d'Anne Buridan -ainsi nommé en référence à l'âne qui, selon la fable, mourut d'inanition faute d'avoir su choisir entre l'avoine et le seau d'eau qui s'offraient à lui.
A la suite d'un double échec, sentimental et politique (elle a milité pendant la Guerre du Golfe au sein du groupe Le Couteau entre les dents), Judith Cahen décide d'interroger les rapports entre l'intime et le collectif dans son premier long métrage, La Croisade d'Anne Buridan (1995). Se posant en disciple de Nanni Moretti, la réalisatrice joue le rôle principal de ce film sur l'engagement, qui mêle débats théoriques et séquences burlesques. On retrouve ces préoccupations dans son deuxième opus, La Révolution sexuelle n'a pas eu lieu (1999). En 2005, tandis que Jean-Henri Roger s'empare du personnage d'Anne Buridan pour son film sur l'héritage de Mai (Code 68), Judith Cahen poursuit son travail réflexif en confrontant sa démarche de cinéaste à celle du peintre David Nebreda dans ADN.