" Dans une petite ville en Hongrie, ma mère est morte au matin d'un lundi de Pâques. J'avais onze ans. L'après-midi, je suis allé au cinéma parce que je n'osais pas rentrer à la maison...". Dès lors, ainsi qu'il le confiera à Libération, le jeune Laszlo Szabo ne cesse de fréquenter les salles obscures. Arrivé en France en 1956, il se lie d'amitié avec les "jeunes Turcs" des Cahiers du Cinéma et devient un assidu de la Cinémathèque de Langlois.
C'est Claude Chabrol qui lui offre ses premiers rôles, dans Les Cousins puis A double tour, tous deux sortis en 1959. Ce compagnon de route de la Nouvelle Vague apparaîtra aussi chez Rohmer (Les Nuits de la pleine lune), Rivette (L'Amour par terre) et Truffaut (Le Dernier Metro), mais c'est avec Jean-Luc Godard que se nouera une collaboration privilégiée. Flic douteux dans Made in USA, ingénieur dans Alphaville, il tient des seconds rôles décalés dans la plupart des films que le cinéaste tourne dans les années 60 avec sa muse Anna Karina, mais on le retrouvera en 1982 dans le rôle du producteur dans Passion.
C'est au contact de Godard que naît chez Laszlo Szabo le désir de passer à la mise en scène. L'acteur signe en 1973 un polar loufoque, Les Gants blancs du diable, puis, un an plus tard, Zig Zig, une comédie avec Catherine Deneuve et Bernadette Lafont. Il retournera dans son pays natal pour tourner ses deux longs-métrages suivants David, Thomas et les autres en 1985 et Ember, aki nappal aludt, Az en 2003. Mais Szabo ne cessera jamais de faire l'acteur, en France comme en Hongrie. Habitué aux personnages louches, il incarne, à partir des années 90, des figures paternelles dans les oeuvres de ces jeunes héritiers de la Nouvelle Vague que sont Olivier Assayas (L' Eau froide), Arnaud Desplechin (Esther Kahn) ou Mathieu Amalric (Mange ta soupe).