Né en 1890 à Paris, Henri Decoin, issu d'un milieu modeste, abrège ses études pour se diriger vers le sport de haut niveau. Athlète accompli, il est champion de natation et participe aux Jeux Olympiques de Stockholm, en 1912. Puis vient la guerre, où il officie comme aviateur. De retour du conflit, Decoin devient journaliste sportif. Le sport, une véritable passion sur laquelle il écrit beaucoup. Son roman, intitulé Quinze rounds et situé dans le milieu de la boxe, le fait ainsi remarquer. Et lorsqu'il signe en 1925 le scénario du Roi de la pédale, réalisé par Maurice Champreux, Henri Decoin entre par la petite porte dans le monde du cinéma. Un monde qu'il ne quittera plus.
Les qualités de scénariste d'Henri Decoin sont très demandées dans les années 30, le Français travaillant notamment pour Victor Tourjansky (Le Chanteur inconnu) ou Carmine Gallone (Le Chant du marin). En 1933, il retrouve le sport pour sa première mise en scène, Toboggan, portée par le boxeur Georges Carpentier. Puis il part en Allemagne travailler sur les versions françaises de J'aime toutes les femmes et du Domino vert. Des expériences professionnelles enrichissantes pour le Français, qui lui permettent de rencontrer Danielle Darrieux, sa future femme. Il fait d'elle sa muse, la dirigeant dans le drame Abus de confiance puis, surtout, dans des comédies pleines de charme comme Mademoiselle ma mere (1937), Battement de coeur (1939) et Premier rendez-vous (1941). Les films sont des succès et la carrière d'Henri Decoin lancée.
Réalisateur vanté pour son classicisme, Henri Decoin se fait ensuite plus sombre, signant notamment en 1942, pour les studios Continental, le drame Les Inconnus dans la maison, adapté de Simenon, scénarisé par Clouzot et emmené par Raimu. Très demandé, capable d'adapter sa mise en scène à tous les genres, Decoin se montre alors très prolifique durant deux décennies. On retient notamment son incursion réussie dans le policier avec La Vérité sur Bébé Donge (1951) et Razzia sur la chnouf (1955), tous deux emmenés par Jean Gabin, ou encore Dortoir des grandes, avec Jean Marais.
Capable d'aborder le film de cape et d'épée (Le Masque de fer, 1962), le film historique (L'Affaire des poisons, 1955) et même la comédie musicale (Folies-Bergère, avec Eddie Constantine, en 1957) grâce à une technique parfaite, Henri Decoin aura imposé sa présence dans le cinéma français sur près de trois décennies. Sachant s'effacer au service de ses films, cet artisan talentueux aura travaillé aux côtés des plus grands de l'époque, de Gabin à Danielle Darrieux en passant par deux débutants Lino Ventura et Louis de Funès.
Biographie rédigée par Clément Cuyer