Célèbre dans le monde entier, Giuseppe Tornatore s'est toujours illustré par son engagement civil et la grande poésie qui émane de ses films. Tout jeune déjà, il est attiré par l'interprétation et la mise en scène : il réussit à monter au théâtre, à seulement seize ans, des oeuvres de Luigi Pirandello et Eduardo De Filippo. Sa première expérience de cinéma se fait à la télévision, par la réalisation d'un documentaire sur les minorités ethniques siciliennes. Trois autres documentaires suivent, produits par la RAI, qui lui permettent de se forger une solide expérience technique.
Deux ans après avoir dirigé la seconde équipe de Cent jours à Palerme en 1984, il fait ses débuts en solo avec Le Maître de la camorra, dédié à la naissance de la mafia napolitaine, la "camorra". Mais c'est sa rencontre avec le producteur Franco Cristaldi, en 1989, qui lance véritablement sa carrière, en lui permettant de réaliser ce qui est considéré comme son chef-d'oeuvre, Cinema Paradiso. A travers cette histoire d'amitié entre un jeune garçon et un projectionniste dans un modeste village de Sicile, le cinéaste décline ses thèmes de prédilection - la vie des gens simples, l'existence sans le sou, le plaisir de l'art, et en particulier du cinéma.
Désormais auréolé d'une renommée internationale, vis-à-vis de laquelle il s'appliquera toujours à conserver un détachement prudent, Giuseppe Tornatore s'attache à décrire l'Italie dans toute sa sincérité. Dans Ils vont tous bien, un retraité parcourt la Sicile afin de réunir ses cinq enfants éparpillés ; quelques années plus tard, dans Marchand de reves, c'est un arnaqueur de génie qui traverse le pays, faisant croire aux gens qu'il croise qu'il peut faire d'eux des stars. Entre-temps, le cinéaste s'offre une incursion dans le polar avec Une Pure formalité, qui marque un radical changement de style - avec Roman Polanski et Gérard Depardieu dans les rôles principaux.
Séduit par un monologue théâtral d'Alexandre Baricco, le réalisateur en écrit une adaptation cinématographique. Cela donne, après une longue gestation, La Légende du pianiste sur l'océan. Tim Roth y incarne 1900, un pianiste de génie qui est né et vit toujours à bord du paquebot "Virginian" ; et c'est Ennio Morricone, fidèle collaborateur de Giuseppe Tornatore, qui en compose la musique - comme ce sera encore le cas pour ses deux longs-métrages suivants.
Malena et L'Inconnue lui permettent de renouer avec son amour des choses simples : la petite ville italienne et les relations entre ses habitants. Entre la veuve de guerre qui fait tourner la tête à tous les hommes du village (Malena) et la prostituée des pays de l'Est qui cherche à intégrer une famille italienne, Giuseppe Tornatore se plaît à explorer des caractères ambigus, au creux de la société. C'est ce qui a fait le succès de ses films, tant auprès du public que de la critique. C'est cette même fascination pour les petites villes italiennes qui sert de cadre à son film Baaria (2010), contrée proche de Palerme qu'il choisit comme théâtre de sa saga familiale sur trois générations.