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4,5
Publiée le 14 janvier 2025
(Avant-première UGC Halles).
Le risque de racolage en abordant le sujet Dutroux a été évité, et heureusement pas de justesse. Le réalisateur s'était déjà offert Message from the King en pur style USA, revenge movie où on castagnait du déviant sexuel; d'ailleurs un bon film dans le genre, vitrine d'un Chadwick Boseman des grands jours.
Mais ici une longue réflexion sur ce qui l'attendait derrière le virage de la réception publique lui a sûrement fait bénéficier d'une écriture plus européenne, et même bien belge, que typée blockbuster américain surtout au casting des rôles secondaires formant un écrin avec les décors bruts du Nord pour que les premiers rôles s' y enchâssent d'une belle sincérité qui ne dénote pas et sublime l'ensemble (sans aller jusqu'à jouer l'accent tant moqué chez nous).

Le personnage principal fictif (Bajon confirme Chien de la casse et prend enfin son envol depuis le talent qu'on lui voyait tous avec son jeu toujours naturel mais plus maîtrisé qu'avant, plus...naturel, moins scolaire) et la liberté avec les faits ne donnent pas l'impression de noyer les vrais noms et les pistes inexploitées des réseaux de pouvoir demandeurs de l'offre que proposait Dutroux: cela aurait pu être le principal regret craint avant visionnage.
Pour cela la réflexion morale bien/mal enracine son ampleur dans la nuance sans perdre en intégrité, grâce à la dernière conversation, qui rappelle sur le fond la fin ambiguë d' El club de Pablo Larrain.
La littérature sur Dutroux et les ombres se profilant au-delà de son cas individuel existe si on se donne la peine, même sur les dizaines de morts non naturelles frappant beaucoup de noms gravitant autour des enquêtes bâclées, corrompues, dans les quelques années qui suivirent le scandale.

Le film ne réouvre pas la cicatrice mal refermée.
Il propose une sorte de recueillement populaire, une parole romanesque mais vibrante et respectueuse qui hélas n'est pas sans rappeler l'actualité du silence des autorités anglaises sur les viols, dont plusieurs victimes furent torturées et tuées, par les gangs pakistanais locaux et donc aussi par chaine de responsabilité indirecte par les pouvoirs publics anglais, pendant de nombreuses années.

En tout cas, le film est assez fort pour devoir bouger son c** jusqu'à un grand écran. Et il respire, nous gratifiant de beaux moments de légèreté via l'enthousiasme roublard de Chartier, ou de tensions familiales heureuses ou dramatiques.