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Dans la continuité de L’amour Ouf et de Leurs enfants après eux, Jouer avec le feu explore la montée d’une violence protéiforme au cœur des provinces françaises. Adapté de romans comme les deux autres, mettant en scène le difficile quotidien de la classe ouvrière comme les deux autres, le film interpelle sur plusieurs sujets fondamentaux : l’absence, la filiation, les solitudes, la fraternité et le destin (d’autres diront les circonstances) que l’amour ne rend pas moins inéluctable. Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise, Vincent Lindon est bouleversant, aussi bien en veuf qu’en père dépassé par les événements. Benjamin Voisin retrouve un rôle à la mesure de son talent après le très réussi Les illusions perdues (décidément, encore une adaptation). L’ultra violence qui sourd en lui transparaît jusque dans les mouvements subtiles de ses zygomatiques, dotant son visage d’une expression carnassière qui contraste avec les (rares) instants où on le voit sourire. Stefan Crépon, enfin, est parfait en petit frère studieux mais non indifférent à cette nouvelle tragédie familiale que les protagonistes affrontent. On pourra reprocher au film sa linéarité, ou de traiter trop en superficialité la question de la radicalisation, en faisant du personnage de Fus un symbole du mal absolu sans chercher à comprendre réellement les mécanismes concourant à sa perte - le seul décès de sa mère semble être un prétexte un peu couard pour éviter un sujet de société « sensible ». Reste une fable moderne touchante dont on ressort assez bouleversés.