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J'aurais mieux fait d'aller boire une vodka que de voir ce film. Les cinéastes russes croient souvent que l'histoire c'est un travelling à la steadicam (Guerman, Sokourov...) : ni obstacle, ni chaos. Tout glisse. C'est aussi ce que semble croire Kiril Serebrennikov avec cet éprouvant Limonov. Déjà le roman d'Emmanuel Carrère (conseiller du film et qui fait ici un bref caméo) était un peu lourdaud mais semblait au moins trouver sa ...
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Un « Mais qui a tué Harry ? » auquel manquerait la fantaisie. Un « Théorème » auquel manquerait la poésie. Un « Tous les autres s’appellent Ali » auquel manquerait la distance (et Brigitte Mira). Alain Guiraudie a vu des films. Il a aussi lu des livres. Dans un des dialogues les plus lourdement signifiants, le prêtre parle du monde allant à sa perte. On pense à Duras. Sauf qu’elle, elle ajoutait : « que le monde aille à ...
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Si le nouveau film de Patricia Mazuy n'a pas la sidérante noirceur de "Bowling Saturne", ni l'étrangeté bourrue de "Paul Sanchez et revenu" et qu'il déploie un scénario plus linéaire, on y retrouve néanmoins l'acuité du regard, tranchant comme une lame, le goût du pays, pas trop chabrolien pourtant (quand bien même on peut furtivement penser à "La Cérémonie"), le théâtre humain y est trop ouvert et trop grave, sans nul effet de ...
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L'enchevêtrement des récits et la lumière organique et sensuelle du film tissent entre les personnages et leur environnement des liens serrés, presque jusqu'à l'étouffement, tantôt toxiques et oppressants, tantôts innocents et splendides, souvent tout cela à la fois. Les acteurs jouent juste et faux, exactement comme il faut, enfants trop adultes, adultes trop enfants, emplis de mystères et de silence, prêts à l'explosion, mais qui ...
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Le film dessine moins la question morale que le poids de la convention familiale bourgeoise, rappelée régulièrement par les personnages, "nous sommes une famille !", et son oppression sourde. Le désir vient là-dedans comme un objet obscur mais auquel on ne veut/peut échapper, parce qu'il permet justement aussi d'échapper au quotidien et à la "normopathie" que dénonce chez son mari le personnage formidablement incarné par Léa Drucker. ...
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Sofia Coppola sait filmer les petites filles abandonnées. Et elle le fait de mieux en mieux, radicale et sensible, sans aucun apprêt ou séduction (pas d'érotisation de la détresse, pas de suspens sur la frustration et la satisfaction du désir, pas de voyeurisme...). spoiler: La distance que la réalisatrice instaure, toujours juste, avec un montage au cordeau, permet de faire circuler le désir entre une adolescente et un homme, puis ...
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On ne doute pas de la générosité et de la sincérité du réalisateur à aller sauver des Ukrainiens victimes de la guerre pour les ramener en Pologne. Et si le film dessine par moment avec une grande force la réalité très concrète du conflit (un champ de mine empêche de passer, la douleur des enfants...), on finit par être un peu gêné de l'effet catalogue, interchangeable, des passagers qui vient lisser les chaos de leur tragédie ...
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Les auteurs ayant sans doute adoré leur propre clin d'œil bressonien (parfaitement incongru au regard du film) du premier volet, l'ont resservi pour le résumé des épisodes précédent : "Le diable probablement" répète pleine de gravité et de mystère Eva Green... Pourtant, l'ensemble est toujours aussi indigeste avec l'effet de surprise en moins. Ce n'est plus Bresson cette fois-ci mais Reverdy ("il n'y a que des preuves d'amour") qui ...
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Rien qu'en voyant l'affiche, j'aurais dû me méfier. Mais la curiosité de voir Catherine Deneuve dans le rôle a été trop forte. Hélas. Car tout ici est calamiteux : l'absence de mise en scène, un scénario réduit à un seul et unique ressort (ah ben finalement, elle n'est pas si ringarde que ça Bernadette, vous allez voir ce que vous allez voir), des acteurs utilisés comme des marionnettes (sans hélas la drôlerie des Guignols de ...
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Il y a quand même des relents inquiétants à associer la culture et la sortie d’un revolver, non ? C’est pourtant ce que fait sans barguigner Quentin Dupieux. Il faut dire que rien n’est impossible à partir du moment où le film pose que tout ici est odieux : la pièce de boulevard est bien sûr nulle, ses acteurs aussi (et veules, et lâches), lorsqu’un l’un d’entre eux s’empare de l’arme il devient carrément monstrueux, ...
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— Anatomie d'une chute ? C'est le truc qui a eu le Prix du meilleur téléfilm psychologique ?
— Mais non ! C'est la Palme d'Or 2023 !
— Ah bon ???
— Mais oui, avec Ruben Östlund comme président du jury.
— Aaaaah OK ! Tout s'explique.
— Mais non ! C'est la Palme d'Or 2023 !
— Ah bon ???
— Mais oui, avec Ruben Östlund comme président du jury.
— Aaaaah OK ! Tout s'explique.
D'abord, on se dit qu'on est bien content d'un film qui échappe ainsi au naturalisme et se laisse guider davantage par sa mise en scène que par le scénario. Le jeu pétrifié de Tom Mercier en rajoute à l'étrangeté et au plaisir. On craint un temps d'être pris dans une nostalgie fétichiste des années 80 (Palace, défonce, stroboscopes et nuits porte-jarretelle...), mais finalement le film trouve son rythme et déroule élégamment le ...
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Hong Sang-soo dénude de plus en plus ses films. Ils en deviennent translucides. Être là, tout seul derrière la caméra, puis à la table de montage, y coller quelques notes de musique. Abandonnant toute équipe technique, le filmage devient une pratique solitaire. Dès lors, un petit zoom avant ou arrière, un panoramique qui suit le déplacement d'un chat, nous concentrent sur l'essentiel : regarder les bouleversants interprètes de cette ...
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Un très beau film sur la fin des mondes. Celui du PCI, celui de la croyance, celui du cinéma en salles, remplacé par les plateformes, comme Netflix dont les représentants répètent ici comme un mantra être "présents dans 190 pays" dans une scène mémorable. "Pubblico di merda" faisait scander à ce même public Michele Apicella, le double de Moretti dans "Sogni d'Oro". Ici, même plus besoin d'un pseudonyme : Nanni Moretti reprend son ...
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"You can't wake up if you don't fall asleep", "tu ne peux pas te réveiller si tu ne t'endors pas" dit la chanson écrite par Jarvis Cocker pour le dernier film de Wes Anderson (et ses deux chansons ne sont pas pour rien dans le charme du film). Voilà qui sonne presque comme un programme esthétique. Oui, il faut accepter de se laisser emporter par le monde clos, saturé, maniériste, un rien claustrophobe, de la fiction pour, quand on en sort, ...
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Regarder un film de Bruno Podalydès, c'est comme avoir à dîner un cousin éloigné qu'on ne trouve pas antipathique, parfois un peu drôle, lecteur assidu de Télérama, mais qui finit toujours par nous épuiser à forces d'enfiler des banalités et de prendre des airs inspirés en s'attendrissant sur la poésie de la vie. C'est ainsi que se déroule paresseusement ce petit film à sketchs, où chacun des protagonistes cache des failles ...
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Ce qui est très très réussi dans le film c'est la façon dont le regard de l'enfance digère et accepte le monde des adultes et sa violence rentrée, latente, qui transpire à chaque détour du récit, notamment grâce aussi aux aventures de Fantômette qui aident le petit héros et sa copine à mettre des images et des mots sur cette ambiance un rien dépressive d'une garnison française du bout du monde et au bout du rouleau. Il y a aussi ...
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"Le diable probablement" répond Milady à d'Artagnan qui l'interroge sur qui l'emploie. Oups ! Robert Bresson a dû faire trois tours dans sa tombe. On ne peut en effet être plus éloigné ici de son "cinématographe" ciselé. Tout pèse des tonnes : les costumes alourdis par la boue et la crasse ou les brocards ostentatoires, les nappes de musique, la mise en scène convenue avec mouvements d'appareil épuisants (amusant : au générique ...
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Ce qu'on semble beaucoup reprocher au film de Maïwenn c'est son casting. Or c'est sans doute ce qu'il y a de plus intéressant à regarder, devant un scénario et une réalisation plutôt très conventionnels. D'abord, Maïwenn qui se distribue à elle-même le rôle titre de l'irrésistible favorite (qui dans la vraie vie avait 25 ans quand elle a rencontré le roi) et assume franchement les invraisemblances historiques et son narcissisme qui ...
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Le film rappelle un peu le "Annie Colère" de Blandine Lenoir. Même attachement, probablement sincère, à un passé engagé, même façon d'en simplifier les contradictions et d'en estomper les blessures. La Gauche prolétarienne n'était pas (que) ce sympathique groupe de parole et de solidarité décrit par le film. Le mouvement maoïste était violent, dogmatique, tiraillé, jusqu'à sa tentation ultime d'un engagement armé, comme d'autres ...
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Le passage de George Sanders en veste en tweed à Philippe Katerine en bermuda semble résumer la trajectoire esthétique du film de Sophie Letourneur, par rapport au "Voyage en Italie" de Rosselini, explicitement cité. De l'incommunicabilité du cinéma moderne à travers la crise d'un couple, on bascule dans la logorrhée insignifiante des deux protagonistes englués dans l'autosatisfaction de la banalité post-post-post moderne. Et à ce ...
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Julie Gayet souffre, elle est comédienne. Forcément, c'est une femme aux mille visages, puisqu'elle est comédienne. Son mari dans le film, Benjamin Biolay, souffre aussi parce que finalement il n'aime plus trop sa femme, alors il la quitte pour trouver plus jeune. Par un subterfuge qu'on ne dévoilera pas ici, Benjamin Biolay croit aimer Agathe Bonitzer mais, patatra, en fait, il s'avère que c'est Julie Gayet. Qui bien sûr, elle, continue ...
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Ce qui est extraordinaire dans "Petite Solange" c'est la justesse avec laquelle la réalisatrice arrive à éviter tous les écueils du drame psychologico-concerné. La séparation n'a aucun romantisme, l'éclatement du couple se fait par touches invisibles, à bas bruit, sans colères furieuses ou dialogues signifiants, la maîtresse n'a rien d'une femme fatale et même le frère, transparent, gentiment fuyant, n'offrira guère d'échappatoire - ...
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La disparition progressive du film de Gaël Lépingle des écrans a failli me le faire rater (mais que font donc les exploitants de ne pas laisser plus de temps à un tel film pour s'installer ??). Et ç'aurait été bien dommage ! Tout ce qui m'avait déçu dans "l'Eté nucléaire" (cf. ma critique à l'époque) est ici balayé par une énergie fantastique. La fable documentaire s'envole au gré de ses interprètes qui semblent inventer le film ...
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Ce qui est d'abord enthousiasmant, c'est de voir un film qui croie autant à la mise en scène. Précision des cadres, du découpage, des mouvements d'appareil, du montage pour un portrait chirurgical de Tár, cheffe d'orchestre autoritaire et fascinante interprétée avec virtuosité (un chouïa volontariste elle aussi quand même) par Cate Blanchett.
Mais, à un moment donné, c'est comme si le film basculait et était contaminé par son objet. ...
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La la land ne brillait déjà pas par sa finesse et était déjà bien encombré de références de cinéma qui pesaient des tonnes. Mais au moins y avait-il une sorte de fraîcheur de jeunesse... Là, badaboum ! On n'a plus d'air du tout, entraînés par un montage autoritaire, une musique omniprésente, des cadres étouffants. Sans que cette claustrophobie ne soit jamais vraiment intéressante : les personnages et leurs enjeux sont bien trop ...
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La nécessité du film est palpable et fait du bien. À une époque où l'avortement est remis en question ici ou là, on est content de découvrir l'histoire à hauteur de ces femmes engagées et courageuses, avec une grande précision de détails médicaux et historiques, nécessaires. Hélas, le didactisme finit pas alourdir des dialogues souvent trop explicatifs, tandis que l'ambiance de "feel good movie" générale, schématise le politique ...
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En sortant, j'ai cru n'avoir aimé le film que moyennement, un peu embarrassé par les postures radical-chic d'Albert Serra. Et puis avec le temps, les images et les sensations persistent comme après un film exceptionnel. La qualité des comédiens, la justesse du découpage, la puissance physique du pays filmé, font émerger un sentiment de l'emprise coloniale et de l'arrogance impériale avec une force d'autant plus inouïe que tout cela ...
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C'est gentil à Valeria Bruni-Tedeschi de nous inviter à écouter avec elle les disques de sa jeunesse. Et, parfois, on partage quelque chose de l'émotion qu'elle a pour sa propre vie, de sa nostalgie narcissique de bonne famille. Mais au bout d'un moment, on se lasse de regarder un juke-box et on finit franchement en colère de découvrir que l'histoire extraordinaire des Amandiers et de Chéreau, soit réduite aux hystéries ...
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Un film auquel on aimerait arriver en retard pour éviter une ouverture qui pèse des tonnes, avec évocation de l'infanticide (mais c'est un rêve ?), images d'archives de femmes tondues (pour nous dire que toute justice est relative ?), extrait lu d'Hiroshima mon amour (et l'effet d'illustration est ici tout aussi maladroit que le poids de la référence). Mais dès qu'on bascule dans le procès et sa représentation (dans tous les sens du ...
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En voyant "Gigi la Loi", on repense forcément à "L"Été de Giacomo", le premier long métrage d'Alessandro Comodin. Même attention à la grâce secrète des êtres et à leur beauté (on tombe aussitôt amoureux de Paola, personnage le plus explicitement fictionnel mais si nécessaire à l'une des scènes finales - et splendide - à l'hôpital), mêmes réjouissants méandres narratifs, même sentiment, in fine, d'une vérité modeste et ...
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Un film qui dès le titre, nous instaure son sujet "Les Harkis", clivant, clivé et surtout ignoré. Mais la mise en scène parvient à déborder le film à thèse et les simplifications historiques par son obstination à filmer les visages (et ils sont magnifiques), les corps, les silences, à croire au cadre comme hypothèse critique. Tous les personnages du film sont pris dans la brutalité coloniale (pas de façon équivalente, bien sûr, ...
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Jean Paul Civeyrac est le plus dix-neuviémiste des cinéastes (mais un XIXe siècle d'avant même l'invention du cinéma). Dès lors, pas beaucoup à chercher du côté du "notre temps" annoncé par le titre, mais plutôt du côté du drame romantique, avec ses ruptures de ton, les invraisemblances, une forme d'outrance et de mélancolie qu'autorise un destin tragique. Sophie Marceau se prête avec générosité à cette peinture crépusculaire ...
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« Les Cinq Diables » permet de retrouver tous les ingrédients du film-de-jeune-auteur.trice-français.e-et-aussi-moins-jeune qui garantit l'accès aux festivals et la bienveillance critique.
1. un sujet de société actuel fort : ici l'homosexualité féminine et le racisme. Ailleurs ce sera le féminicide et le patriarcat (La Nuit du 12), l'emprise sexuelle sur des jeunes filles (Slalom), l’exploitation capitaliste sans limite (Rien à ...
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Le film construit de façon convaincante l'idée que le féminicide est un crime qui implique aussi la société et ses stéréotypes genrés, sa structure patriarcale, sa violence sexiste sous-jacente... Les blagues des enquêteurs, les paroles et les attitudes quotidiennes, comme les réactions des suspects décrivent la banalité des préjugés et leur toxicité d'une façon oppressante que le film impose non sans efficacité. Et pourtant, à ...
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Et si la séduction et même sa simple possibilité, ici réduites juste au regard posé sur une femme, étaient une malédiction. Le mythe de Dom Juan est ici ramené à son épure, à un empêchement, à un vide que la mise en scène sculpte avec une âpreté virtuose. Impressionnant. Mention spéciale pour Alain Chamfort, éblouissant d'ambiguïté.