Films
Séries
Emissions
À part le réalisme social tendance Calimero qui a déferlé sur la France, on a droit depuis peu à un artificialisme tout aussi niais et creux. Il y a ainsi Yann Gonzalez avec ses nanars comme Les Rencontres d'après minuit (2013) et Un couteau dans le cœur (2018). On ne sait comment qualifier pareil naufrage entre esthétique chic et rétro, théâtre bavard et underground, sentimentalisme rose bonbon et bien sûr, idéologie transgenre, queer et tutti quanti. Des années auparavant, il y avait eu Jean-Jacques Beineix avec Diva (1981) ou La Lune dans le caniveau (1983) qui œuvrait dans l’esthétique publicitaire. Aucun d’eux n’a le talent d’un Federico Fellini ou même d’un Peter Greenaway. C’est même l’inverse.
Le film de Bernard Mandico a fait un flop : 43 405 entrées en France. Il tente de faire dans l'étrange organique avec des bouts de surréalisme pour faire passer le tout. Il réalise ainsi de multiples courts métrages Boro in the Box (2011), Living still life (2012). Le programme Hormona (2015) regroupe Notre-Dame des hormones, Y a-t-il une vierge encore vivante ? et Prehistoric Cabaret.
On a l’impression que Bertrand Mandico a convoqué toutes les références littéraires et cinématographiques (William Burroughs, William Golding, Jules Verne, Robert Louis Stevenson, David Lynch, Walerian Borowczyk, Guy Maddin) pour les vider de leur substance s’il y en avait déjà chez certains. On a donc une esthétique postmoderne au pire sens du mot où le cinéaste copie-colle toutes ces références pour en faire un produit « original », clinquant, onirique, esthétisant à mort, histoire de sortir du réalisme habituel. Mais son film organique est archi-signifiant.
Dans Les Garçons sauvages, ce côté baroque esthétisant recouvre une histoire d’une pauvreté navrante. De quoi s’agit-il ? Après avoir commis un crime crapuleux contre leur professeur (avec un e) de français, cinq jeunes hommes de famille fortunée sont obligés de s’embarquer sur un navire d’un capitaine autoritaire et répressif qui doit les remettre dans le droit chemin. spoiler: En fait, il les emmène sur une île étrange, corporelle, avec des plantes hormonales, des arbres phalliques débitant symboliquement du « sperme » comme nourriture (allusion homosexuelle évidemment). Une île forcément volcanique au sable noir où règne une flore particulièrement exubérante, aux attraits érotiques. On n’est donc nullement étonné des giclées de sperme et des jets d'urine qui ponctuent le film. Une île de « rêve » où nos cinq condamnés vont user et abuser de la luxure avant de subir une étrange chirurgie esthético-sexuelle. Tout en explorant les lieux, leurs corps commencent à se métamorphoser…
Et c’est là que le fond du sujet coule le navire Mandico.
spoiler: Car ces jeunes sauvages ont été amenés ici afin qu’ils deviennent des femmes. [spoiler]On l’apprendra par la doctoresse Severin (Elisa Lowensohn) qui fut avant un homme, associée au capitaine (qui mourra mais c’est un homme alors ce n’est pas bien grave…). Et c’est pour cela que l’île s’appelle L'île aux Robes, sorte de transposition de la journée de la jupe. Doit-on rire ?
spoiler: Les prétendus garçons en mutation dévoilent des charmes inattendus d’autant plus que, comme nous le révèle la liste des interprètes au générique, ils sont joués par… des actrices. On voit ainsi deux jeunes « hommes » perdre leur « service trois pièces » sur la plage (après avoir bu de l'eau et mangé des fruits de l'île). On a envie de rire devant tant de naïveté idéologique. Un seul d’entre eux résiste, pourvu d'un seul sein et conservant ses attributs virils... Quelle honte ! Il restera seul à la fin sur l’île comme punition de ne pas devenir femme.
La doctoresse Severin lui dira : « Sans doute un truc qui bloque en toi. Il me rappelle William. Il s'accrochait à son îlot de virilité comme un pou aux cheveux. Rien n'est bon ni mauvais en soi. Tout dépend de ce que l'on en pense. » Ah le relativisme culturel encore ![/spoiler]
spoiler: Dans le film, il n’y a nulle réflexion réelle sur le mal, mais un message idéologique souligné au stabilo. Le mâle est le mal incarné et il doit devenir femme, car la femme est douce et pacifique. Elle incarnera à merveille la nouvelle civilisation. Bref, on réalise que Les Garçons sauvages attribue et associe la violence uniquement au sexe masculin, faisant de l'arrivée du sexe féminin la solution aux problèmes de non-intégration sociale. On ne peut mieux faire sexiste selon le jargon et naturaliser sexe et comportement. Il faut adoucir les garçons car ils sont méchants et violents. La narratrice d’ailleurs le dit : « Il pensait qu'un monde féminisé empêcherait guerres et conflits. » Elle dira encore : « Tanguy était pris d'un grand sentiment d'injustice. Alors qu'il le désirait fortement, son corps refusait de devenir femme. » Ah comme les hommes ont une tendance féminine refoulée... Et carrément : « L'avenir est femme. L'avenir est sorcière. » Voilà au fond ce que le film a à dire et la critique en général n’a rien à y redire. Évidemment, si l’on avait opéré l’inverse, on aurait hurlé et on aurait eu droit à des manifestations dans la rue pour sexisme.
L’esthétique prétentieuse gothico-queer de ces Garçons sauvages, son maniérisme chichiteux et son fétichisme snobinard ne cachent qu’un scénario indigent avec des acteurs grossiers jouant d’une façon théâtrale (histoire de ne pas faire naturel ou réaliste) sur une musique lamentable. Comme nous sommes en France, il faut que les acteurs parlent sans arrêt ou presque, qu’ils expliquent tout. Sur ce point, le film n’a aucun mystère. Les dialogues sont d’un ridicule achevé. spoiler: Ainsi la doctoresse Severin déclare sentencieusement : « L'île est une huitre et j'en suis la perle » ou « L'espérance est une joie presque égale à la joie ».
Du mauvais cinéma de série z. Tout comme son compère Yann Gonzalez, l’un imitant l’autre. Yann Gonzalez est d’ailleurs remercié dans le générique et le cinéaste a fait jouer son camarade Mandico dans Un couteau dans le cœur (2018). Tous les deux conçoivent le texte manifeste Flamme (publié dans les Cahiers du Cinéma). Même famille.
spoiler: Les Garçons sauvages se termine sur un dernier conseil de la doctoresse docteur Séverin : « Ne soyez jamais vulgaire ! » C'est un peu le contraire de ce qui a été montré dans le film... On a au final Hélène et les garçons version transgenre.
Le film de Bernard Mandico a fait un flop : 43 405 entrées en France. Il tente de faire dans l'étrange organique avec des bouts de surréalisme pour faire passer le tout. Il réalise ainsi de multiples courts métrages Boro in the Box (2011), Living still life (2012). Le programme Hormona (2015) regroupe Notre-Dame des hormones, Y a-t-il une vierge encore vivante ? et Prehistoric Cabaret.
On a l’impression que Bertrand Mandico a convoqué toutes les références littéraires et cinématographiques (William Burroughs, William Golding, Jules Verne, Robert Louis Stevenson, David Lynch, Walerian Borowczyk, Guy Maddin) pour les vider de leur substance s’il y en avait déjà chez certains. On a donc une esthétique postmoderne au pire sens du mot où le cinéaste copie-colle toutes ces références pour en faire un produit « original », clinquant, onirique, esthétisant à mort, histoire de sortir du réalisme habituel. Mais son film organique est archi-signifiant.
Dans Les Garçons sauvages, ce côté baroque esthétisant recouvre une histoire d’une pauvreté navrante. De quoi s’agit-il ? Après avoir commis un crime crapuleux contre leur professeur (avec un e) de français, cinq jeunes hommes de famille fortunée sont obligés de s’embarquer sur un navire d’un capitaine autoritaire et répressif qui doit les remettre dans le droit chemin. spoiler: En fait, il les emmène sur une île étrange, corporelle, avec des plantes hormonales, des arbres phalliques débitant symboliquement du « sperme » comme nourriture (allusion homosexuelle évidemment). Une île forcément volcanique au sable noir où règne une flore particulièrement exubérante, aux attraits érotiques. On n’est donc nullement étonné des giclées de sperme et des jets d'urine qui ponctuent le film. Une île de « rêve » où nos cinq condamnés vont user et abuser de la luxure avant de subir une étrange chirurgie esthético-sexuelle. Tout en explorant les lieux, leurs corps commencent à se métamorphoser…
Et c’est là que le fond du sujet coule le navire Mandico.
spoiler: Car ces jeunes sauvages ont été amenés ici afin qu’ils deviennent des femmes. [spoiler]On l’apprendra par la doctoresse Severin (Elisa Lowensohn) qui fut avant un homme, associée au capitaine (qui mourra mais c’est un homme alors ce n’est pas bien grave…). Et c’est pour cela que l’île s’appelle L'île aux Robes, sorte de transposition de la journée de la jupe. Doit-on rire ?
spoiler: Les prétendus garçons en mutation dévoilent des charmes inattendus d’autant plus que, comme nous le révèle la liste des interprètes au générique, ils sont joués par… des actrices. On voit ainsi deux jeunes « hommes » perdre leur « service trois pièces » sur la plage (après avoir bu de l'eau et mangé des fruits de l'île). On a envie de rire devant tant de naïveté idéologique. Un seul d’entre eux résiste, pourvu d'un seul sein et conservant ses attributs virils... Quelle honte ! Il restera seul à la fin sur l’île comme punition de ne pas devenir femme.
La doctoresse Severin lui dira : « Sans doute un truc qui bloque en toi. Il me rappelle William. Il s'accrochait à son îlot de virilité comme un pou aux cheveux. Rien n'est bon ni mauvais en soi. Tout dépend de ce que l'on en pense. » Ah le relativisme culturel encore ![/spoiler]
spoiler: Dans le film, il n’y a nulle réflexion réelle sur le mal, mais un message idéologique souligné au stabilo. Le mâle est le mal incarné et il doit devenir femme, car la femme est douce et pacifique. Elle incarnera à merveille la nouvelle civilisation. Bref, on réalise que Les Garçons sauvages attribue et associe la violence uniquement au sexe masculin, faisant de l'arrivée du sexe féminin la solution aux problèmes de non-intégration sociale. On ne peut mieux faire sexiste selon le jargon et naturaliser sexe et comportement. Il faut adoucir les garçons car ils sont méchants et violents. La narratrice d’ailleurs le dit : « Il pensait qu'un monde féminisé empêcherait guerres et conflits. » Elle dira encore : « Tanguy était pris d'un grand sentiment d'injustice. Alors qu'il le désirait fortement, son corps refusait de devenir femme. » Ah comme les hommes ont une tendance féminine refoulée... Et carrément : « L'avenir est femme. L'avenir est sorcière. » Voilà au fond ce que le film a à dire et la critique en général n’a rien à y redire. Évidemment, si l’on avait opéré l’inverse, on aurait hurlé et on aurait eu droit à des manifestations dans la rue pour sexisme.
L’esthétique prétentieuse gothico-queer de ces Garçons sauvages, son maniérisme chichiteux et son fétichisme snobinard ne cachent qu’un scénario indigent avec des acteurs grossiers jouant d’une façon théâtrale (histoire de ne pas faire naturel ou réaliste) sur une musique lamentable. Comme nous sommes en France, il faut que les acteurs parlent sans arrêt ou presque, qu’ils expliquent tout. Sur ce point, le film n’a aucun mystère. Les dialogues sont d’un ridicule achevé. spoiler: Ainsi la doctoresse Severin déclare sentencieusement : « L'île est une huitre et j'en suis la perle » ou « L'espérance est une joie presque égale à la joie ».
Du mauvais cinéma de série z. Tout comme son compère Yann Gonzalez, l’un imitant l’autre. Yann Gonzalez est d’ailleurs remercié dans le générique et le cinéaste a fait jouer son camarade Mandico dans Un couteau dans le cœur (2018). Tous les deux conçoivent le texte manifeste Flamme (publié dans les Cahiers du Cinéma). Même famille.
spoiler: Les Garçons sauvages se termine sur un dernier conseil de la doctoresse docteur Séverin : « Ne soyez jamais vulgaire ! » C'est un peu le contraire de ce qui a été montré dans le film... On a au final Hélène et les garçons version transgenre.