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0,5
Publiée le 21 avril 2016
Dans ce film, on tente de nous apitoyer sur un couple incestueux, un frère et une soeur. C'est traité comme une bluette et un conte mâtiné du vieux mythe de l'amour romantique, éternel. Sauf qu'il ne s'agit pas d'un amour banal mais d'un inceste précisément.

C'est la ruse que de faire passer un tel thème sous une forme lisse, remplie de clichés esthétisants. Il passe comme un amour impossible, beau, lyrique, pur, sacrifié sur l'autel des forces réactionnaires de l'époque mais transposé aujourd'hui, comme si cet amour avait une quelconque légitimité et restait éternel même de nos jours. Le thème est déjà éculé tant il a déjà été traité..

On pourrait évidemment retrousser ce vieux mythe, non seulement de l'amour beau et malheureux qui ne peut pas se vivre car la société est méchante (il n'existe pas dans le temps, illusion romantique), mais surtout l'amour entre un frère et une soeur, précisément qui n'existe qu'à cause de l'interdit qui le touche. De la fascination du même pour le même et non vers l'autre). Mimétisme du même. Amour incestueux donc qui se nourrit d'une infamie plus redoutable que la morale :il n'est pas tourné vers l'autre (en dehors de la tribu) mais vers un membre de sa famille, de cette même tribu. Amour endogamique et non exogamique.

L'histoire a réellement existe en 1603 et le film mélange l'époque ancienne et l'époque moderne. Autre ruse que de montrer cet amour interdit ( spoiler: les amants furent châtiés)
et de l'incarner avec tous les clichés qui n'ont plus cours de nos jours mais qui sont comme réactualisés pour que cette histoire puisse s'incarner à travers le temps : le prêtre, le mari violent, l'interdiction morale etc. Ils règnent toujours... Leur amour d'ailleurs est vécu sans culpabilité, ce qui est quasi impensable à cette époque au niveau de la morale : spoiler: ici ils font l'amour comme s'ils étaient au paradis, et ont même un enfant qui sera sauvé, indiquant l'éternité du fruit de cet amour
.

Si le film est un naufrage, tic habituel de Valérie Donzelli qui a le don de tout traiter sur le mode cucul et faussement midinette, il n'est pas si "innocent" que cela dans notre époque qui voit toutes valeurs bousculées les unes après les autres. Après La guerre est déclarée qui voyait des bobos repliés sur leur ego ou sur eux-mêmes, ne trouvant qu'un enfant malade pour les sortir de leur hébétude, la réalisatrice franchit une étape "supérieure" : la farce post-moderne de la liberté absolue de l'individu avec les clichés romantiques de l'ancien temps : l'amour et l'union éternelle des âmes mais le mode incestueux. Tristan et Isolde sur les bobos. Sauf que l'un comme l'autre n'existent pas. Peu importe il s'agit de faire passer l'inceste comme une lettre à la poste. Faire dans le sulfureux kitsch à défaut de traiter une histoire réelle.