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Pourquoi voit-on autant de films israéliens en France ("Room 514" est le neuvième film israélien de ces critiques, de neuf réalisateurs différents) ? Est-ce la manifestation de l'indéniable vitalité de la création cinématographique de ce pays de 8 millions d'habitants, ou est-ce le produit du statut particulier de ce morceau d'Europe implanté par l'histoire au cœur du Proche-Orient ? La question me trottait dans la tête durant le début de la projection de ce film, d'autant que j'avais lu qu'il a été tourné en quatre jours, et que le minimalisme du projet semblait me confirmer que j'étais en face d'un "petit" film, tourné quasiment à huis-clos dans la salle d'interrogatoire 514, la caméra ne s'échappant que pour aller dans la salle d'à côté ou pour suivre Anna dans son bus du soir,en continuant à l'enfermer dans un plan fixe rapproché qui efface les personnages au second plan.
Et puis la qualité du jeu et la subtilité de l'approche d'un sujet aussi complexe m'ont progressivement convaincu de l'intérêt de distribuer le premier film de Sharon Bar-Ziv, en ce qu'il nous raconte des blocages de la société israélienne d'aujourd'hui. L'héroïne est donc une jeune femme, immigrée russe, qui va bientôt achever sa période de service militaire. Ce double choix est délibéré : en choisissant une femme pour dynamiter les codes d'un monde masculin, le réalisateur apporte un contrepoint aux évidences de ce genre de film, et en prenant une actrice d'origine russe, Sharon Bar-Ziv voulait souligner une évolution importante : "Elle fait partie de cette génération d’immigrés russes qui a complètement transformé la société israélienne en y apportant une rigueur professionnelle, un dévouement, qui se manifestent aujourd’hui dans tous les domaines de la vie, pas seulement dans le champ culturel".
Jeune, femme et immigré récente (elle parle russe avec sa mère au téléphone), Anna s'oppose à un monde d'hommes et de Sabras, les Israéliens nés en Terre Promise. Confrontée à la fois aux doutes moraux du sergent Nimrod et à l'arrogance du capitaine Davidi, elle va opposer à cette triple infériorité de départ supposée (sexe, grade, origine) la rigueur de son travail et la certitude morale de son bon droit. Le renversement du rapport de forces est au cœur de l'enjeu dramatique, et le dénouement apparent va dans le sens de la logique narrative, avec le triomphe et de l'héroïne entêtée, et des principes moraux, jusqu'à ce qu'un rebondissement introduise une nuance de taille, renvoyant au propos du réalisateur : "Room 514 dessine une réalité absurde où des jeunes soldats d’à peine 20 ans sont « jetés » dans des situations les poussant inévitablement à exercer la répression et la violence en brisant tout code moral. La critique du film vise principalement les responsables politiques, incapables de négocier une solution à un conflit qui finit par miner la société israélienne de l’intérieur. Israël est responsable de la souffrance du peuple palestinien, mais le film tente d’aborder également la tragédie de la jeune génération israélienne qui paye elle aussi les frais de l’occupation…"
La suite sur les Critiques Clunysiennes
Et puis la qualité du jeu et la subtilité de l'approche d'un sujet aussi complexe m'ont progressivement convaincu de l'intérêt de distribuer le premier film de Sharon Bar-Ziv, en ce qu'il nous raconte des blocages de la société israélienne d'aujourd'hui. L'héroïne est donc une jeune femme, immigrée russe, qui va bientôt achever sa période de service militaire. Ce double choix est délibéré : en choisissant une femme pour dynamiter les codes d'un monde masculin, le réalisateur apporte un contrepoint aux évidences de ce genre de film, et en prenant une actrice d'origine russe, Sharon Bar-Ziv voulait souligner une évolution importante : "Elle fait partie de cette génération d’immigrés russes qui a complètement transformé la société israélienne en y apportant une rigueur professionnelle, un dévouement, qui se manifestent aujourd’hui dans tous les domaines de la vie, pas seulement dans le champ culturel".
Jeune, femme et immigré récente (elle parle russe avec sa mère au téléphone), Anna s'oppose à un monde d'hommes et de Sabras, les Israéliens nés en Terre Promise. Confrontée à la fois aux doutes moraux du sergent Nimrod et à l'arrogance du capitaine Davidi, elle va opposer à cette triple infériorité de départ supposée (sexe, grade, origine) la rigueur de son travail et la certitude morale de son bon droit. Le renversement du rapport de forces est au cœur de l'enjeu dramatique, et le dénouement apparent va dans le sens de la logique narrative, avec le triomphe et de l'héroïne entêtée, et des principes moraux, jusqu'à ce qu'un rebondissement introduise une nuance de taille, renvoyant au propos du réalisateur : "Room 514 dessine une réalité absurde où des jeunes soldats d’à peine 20 ans sont « jetés » dans des situations les poussant inévitablement à exercer la répression et la violence en brisant tout code moral. La critique du film vise principalement les responsables politiques, incapables de négocier une solution à un conflit qui finit par miner la société israélienne de l’intérieur. Israël est responsable de la souffrance du peuple palestinien, mais le film tente d’aborder également la tragédie de la jeune génération israélienne qui paye elle aussi les frais de l’occupation…"
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