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    Prisoners
    Prisoners
    4,0
    Publiée le 14 octobre 2013
    Je n'avais visiblement pas été le seul à apprécier "Incendies", puisque Hollywood, avec sa capacité historique à aspirer tout ce qui bouge derrière une caméra sur la planète, a confié au réalisateur québecois les manettes de ce thriller façon "Seven". À l'époque d'"Incendies", je m'étais demandé quelle part lui revenait dans la réussite du film, tant le sujet en lui-même était fort, et l'enthousiasme de tous ceux qui avaient vu la pièce de Mouawad prouvait que la matière de départ était pour beaucoup dans le succès du film. En se coulant dans la peau de réalisateur d'un film typiquement états-unien (il est américain, après tout), Denis Villeneuve allait-il réussir à transformer l'essai ?

    Disons-le tout de suite, oui, et largement. "Prisoners" s'attaque à un sujet mille fois abordé dans le cinéma U.S., celui de l'enlèvement d'enfants ("Taken", "The Secret", "Disparue", "Man on Fire" ou " L'Echange" pour n'en citer que quelques-uns), mais pourtant, jamais depuis "Mystic River" et " Zodiac" (tiens ? Déjà Jake Gyllenhaal !) je n'avais été autant captivé par une histoire de ce genre. Première réussite, l'immersion dans une petite ville typiquement américaine, dans une banlieue de Boston pluvieuse et ténébreuse : repas de Thanksgiving, Pontiac Trans Am, Star Splanged Banner à la trompette, le tout baigné d'une religiosité doloriste, puisqu'on entend un prédicateur proclamer à la radio que "l'homme naît pour souffrir, non pas en tant qu'homme, mais en tant que pêcheur".

    Ça, les protagonistes de "Prisoners" vont souffrir, car tous vont pêcher ; les méchants s'avèrent avoir été victimes, et de Dieu et des hommes, et les gentils ne peuvent résister à la tentation de la violence et au nom du motif le plus légitime au monde, retrouver leurs enfants, ils vont commettre l'inacceptable, embarquant avec eux le spectateur à qui ils ne laissent pas vraiment l'occasion de ne pas se sentir complice, à moins qu'il soit lui-même prisonnier ? Cette méditation sur ce qui différencie le droit et la justice se double d'une intrigue palpitante, faite de fausses pistes et de vrais indices, avec une science du rythme et de l'ellipse bienvenue qui font oublier les 153 minutes du film.

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