Jurou76
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4,0
Publiée le 4 juin 2008
Le principal intérêt de Funny Games réside sur le pourquoi du film et la philosophie adjacente du réalisateur. On a du mal à trouver une quelconque profondeur à l’ensemble, si ce n’est le souhait d’un réalisateur à nous interroger sur la violence et son impact au cinéma. Force est de constater que la mise en scène d’Haneke est efficace pour instaurer un climat de malaise. Le fond est très glauque. Et dès les premières secondes, nous pouvons ressentir une tension qui s’accroit au fil des scènes, grâce à une mise en scène assez lente, pesante, l’habileté et la manipulation du réalisateur qui joue avec nos nerfs. L’apparition du générique constitue un flagrant contraste marquant, et osé. Et l’atmosphère s’alourdit progressivement par l’utilisation d’autres contrastes de natures. Les bourreaux ressemblent davantage à des premiers de la classe plutôt qu’à des assassins. Des personnes que l’on pourrait croiser chaque jour, d’où l’idée que cela puisse arriver à chacun d’entre nous. La force du film est d’aborder une violence psychologique plutôt qu’une violence de l’image. Les violences physiques sont en effet suggérées. Jamais les coups ne sont montrés directement. Pourtant, l’on souffre avec les personnages dans ce contexte très déstabilisant, malsain, et immoral. Le réalisateur opte à raison pour une mise en scène très sobre, d’un montage sans effets, de cadres simples, et de longs plans séquences. Ils permettent de nous impliquer dans la souffrance des personnages… Haneke domine son propos, et jamais le spectateur ne sera satisfait du cours des événements. C’est énervent, mais intelligemment énervent… il parvient donc en quelques sortes à ses fins. Faire un film violent, privilégiant la violence psychologique, plus marquante et plus traumatisante plutôt que la violence physique. La dernière demi-heure est moins soutenue. La tension se relâche et les longueurs persistent... Malgré la relative maitrise de l’ensemble, le final s’avère moins virulent que le reste.