Enchanter son époque. Telle pourrait avoir été la volonté de Jules Massenet en mettant en musique le récit de Charles Perrault. Avec Cendrillon, le compositeur livre une œuvre parmi ses plus séduisantes, qui diffère des autres adaptations lyriques du conte. La malicieuse Lucette et les femmes qui l’entourent dictent à l'œuvre sa tonalité, dont les nombreuses nuances valident les mots de Claude Debussy qui voyait en Massenet « l’historien musical de l’âme féminine ». En conférant à la fée le timbre irréel de colorature, en travestissant le rôle du prince chanté par une soprano, le compositeur nous offre un festival vocal porté par une orchestration panachée, oscillant entre finesse mozartienne, citations stylistiques baroques et grandes inflexions romantiques. Pour l’entrée au répertoire de l’Opéra de Paris de Cendrillon, Mariame Clément joue avec la féerie du mythe et réfléchit à la nature profonde des personnages, tout en les affranchissant de leurs étroits costumes et souliers.