Un soldat de la dernière guerre prend sa faction de guetteur au créneau d'une tranchée. Devant lui, une plaine blanche, recouverte de neige. Le soldat, seul dans une atmosphère ouatée, se sert de son fusil à lunette, arme redoutablement précise, comme d'une jumelle et, grâce à cette possibilité de vision extrêmement rapprochée, observe une vie invisible à l'oeil nu : renard, oiseaux, etc. Son attention est vite captivée par un chat noir qui sort de la ligne adverse, chat que tente de rattraper un ennemi, son maître. Très vicieusement, le chat attire son maître en dehors de sa tranchée. Le soldat observe ce manège dans la lunette de son fusil. Un évènement extérieur lui fait reprendre conscience qu'il est à la guerre et que son devoir est de tuer l'ennemi. Il tire. Le chat revient alors vers son maître et tel un être qui assiste un mourant, aide cet homme dans son passage vers la mort. Le soldat qui a tiré sait qu'il vient de commettre, grâce à la vision téléobjective du fusil à lunette, un meurtre ; posément, calmement. Son maître mort, le chat entreprend une progression vers le soldat au fusil, grossit dans l'objectif de la lunette, s'approche du soldat, s'arrête, repart, devient énorme dans l'écran. Le soldat tente alors de faire venir le chat à lui. Il l'appelle. Le chat reste hors de portée du bras et attend. Le soldat, poussé par l'envie de se saisir de l'animal, a le même comportement que l'ennemi récemment tué : il découvre son corps, se glisse hors de la tranchée et, au moment où il va se saisir de l'animal, reçoit de plein fouet la balle d'un autre tireur. Il ne reste plus qu'un chat noir, minuscule sur l'immensité blanche, qui se lèche tranquillement.