La vie quotidienne des Nenets dans la toundra du Grand Nord est à nouveau le matériau de ce film, le dernier de nos deux cinéastes. Mais, comme s'ils en avaient tiré toute la matérialité par leurs films précédents, ils en font ici la substance presque irréelle d'une ample méditation silencieuse sur la présence des hommes dans ce désert de glace. Une méditation sur l'essence de cette vie emportée
régulièrement ailleurs par les saisons, par le lien charnel au troupeau. Une vie entièrement vouée à une rudimentaire survie, mais où chacun de ces actes élémentaires (manger, s'occuper des bêtes, monter la yourte, faire bouillir l'eau pour le thé) semble un geste sacré dans ce grand rituel engagé entre l'homme et la nature.
Tourné en noir et blanc, ce long poème élégiaque chante la lente disparition d'un peuple à travers celle de sa langue, de sa culture. Mais, en parsemant ce lamento cinématographique de signes appartenant à la mythologie nenet, Markku et Anastasia impriment pour nous sur l'écran l'éternité et l'universalité de ce mythe de la création du monde.
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