Du rouge pour un truand est un métrage très peu connu semble-t-il, pourtant c’est un très solide film de gangster, et pas n’importe lequel, John Dillinger. Il était à espérer que la sortie de Public Ennemies aurait fait ressurgir ce métrage, mais il n’en fut rien.
Le casting est tout de même très attrayant. Dans le rôle principal pas de Dillinger mais Polly Franklin, sa maitresse, jouait par une excellente Pamela Sue Martin, qui ne fit pas une carrière géniale derrière, mais se débrouille fort bien. Son personnage est fort, elle maitrise ce-dernier de bout en bout, et c’est un très bon travail qu’elle abat ici. A ses cotés Robert Conrad surprend loin des Mystères de l’ouest, dans la peau d’un gangster qui lui sied bien. Son interprétation est classique, mais l’acteur est tout de même chevronné, et il a vraiment le charisme pour l’interpréter. Du reste on relèvera aussi une très talentueuse Louise Fletcher, et de nombreux seconds rôles pointus voir haut en couleur (à l’image d’une gardienne de pénitencier tyrannique).
Le scénario est rondement mené. Rythme solide, histoire prenante d’un parcours de femme dans les années 30 qui croise celle d’un gangster, Dillinger, dont le film reprend sans s’appesantir cependant une partie de l’histoire. Le film est globalement dur et sans concession, et sa violence m’a d’ailleurs surpris, pour un film plus tout jeune. C’est à la fois violent graphiquement mais aussi au niveau psychologique. Honnêtement ca a été une très bonne surprise, et le film en lui-même a quelque chose de passionnant qui m’a happé pendant 1 heure 30. On est loin d’une simple série B à la Walter Hill, il y a beaucoup de profondeur et une grand richesse tant au premier qu’au second plan.
La réalisation est impeccable. Teague est plus connu pour son alligator, c’est juste incroyable quant on voit la qualité de ce qu’il est capable de faire sur ce métrage. Son travail est remarquable, avec notamment la fin de Dillinger qui en jette véritablement. L’intensité est là, la nervosité de tout bon film de gangster est palpable, et son travail, brut et sans concession est très plaisant. En face la photographie est sublime, et la reconstitution d’époque lumineuse. C’est surement moins chiadé que dans Public Ennemies, mais ca en jette, pour sur, avec bien moins de moyen. Tout dégage une authenticité de chaque instant, et on sent une attention portée au moindre accessoire. Visuellement Du rouge pour un truand n’a pas prit une ride, et est à voir pour tous ceux qui recherche une atmosphère années 30 restituée à la perfection. Sinon, comme je l’ai dit le film est violent. Les balles font de sérieux dégâts, les meurtres sont francs et sans tergiversations, on est dans le monde des gangsters et ca ne rigole pas quant il faut dézinguer quelqu’un. Car oui, être gangster ce n’est pas simplement être un gentleman charmeur. Un petit bémol sur la bande son, pas aussi travaillée que le reste, où l’on aurait aimé entendre davantage de vieilles sonorités d’époque notamment, mais bon, je ne vais pas trop chipoter.
En conclusion Du rouge pour un truand m’a très agréablement surpris. Visiblement ce film n’a pas marqué les esprits et c’est bien dommage, car il est non seulement un très solide divertissement, mais c’est en plus un film avec une réelle profondeur, une approche plus qu’originale de son sujet, décentré sur une femme, et visuellement impeccable. Je lui donne 4.5, et honnêtement, arrêtons deux minutes de ne voir Teague qu’au travers de l’alligator, regardons le pour ce métrage, qui figure clairement dans le top du genre.