Volte face est vraiment un des classiques de l’action des années 90, un film coup de poing, qui mérite très largement tout les critiques dithyrambiques dont il peut faire l’objet.
Coté acteur on notera tout de même un duo des plus attrayants avec Travolta-Cage. Le premier se débrouille très bien, mais il est particulièrement redoutable lorsqu’il s’agit de manier l’humour noir et il est par moment irrésistible dans son rôle de « père de famille » gangster. Il livre en tout les cas une solide prestation, mais Nicolas Cage emporte plus souvent le morceau. Son interprétation est brillamment travaillé, il maitrise parfaitement les émotions qu’il a à produire, il rend les évolutions de son personnage crédible, et il est plus charismatique que Travolta ici. Tout deux sont entouré d’acteurs tout à fait efficaces. Joan Allen bien sur, qui n’a pas qu’une minime présence ici, Alessandro Nivola aussi, mais encore Gina Gershon, qui a un beau personnage. D’ailleurs on notera un film qui dans ses seconds rôles justement arrive à briser un peu le coté manichéen de son duo principal.
Coté scénario, évidemment l’idée de base est mémorable, et fait de Volte face un incontournable. Le développement de cette même idée est excellent, la chute de Cage est exceptionnel d’intensité, son redressement pas moins. Le rythme du film est redoutable, les rebondissements s’accumulent, bref, dur de ne pas apprécier Volte Face pour qui aime l’action. Mais il faut noter que le film n’est pas que cela. Il y a aussi beaucoup d’humour noir dans ce métrage, un soupçon de fantastique, et plus d’émotions qu’on ne pourrait le penser. Au final Volte Face témoigne d’une réelle richesse de fond, et il serait un peu simpliste de ne le cantonner qu’à de l’action pure et dure, même si, il est vrai, elle prédomine.
Visuellement John Woo offre une mise en scène comme souvent chez lui particulièrement attentionnée. Les scènes d’action sont son fort, et il faut reconnaitre qu’elles sont tout à fait réussies, avec des fusillades spectaculaires, des effets pyrotechniques parfaitement rendus, et les effets de style si commun au réalisateur font ici des merveilles. Même s’il est vrai que, très copié depuis, l’impact en est peut-être moins fort qu’à l’époque, mais s’il a fait école cela montre tout de même que Volte Face est bel et bien une référence incontournable en la matière. Les décors et la photographie sont tout à fait au niveau d’une grosse production, avec un coté très élégant par moment, très raffiné, dans les éclairages notamment, et, c’est tout à fait louable, dépourvu de ce coté tapageur, numériquement trafiqué, qu’arbore trop de métrage de nos jours. Je ne reviens pas sur les scènes d’action, brillantes, pour évoquer la bande son, là aussi parfaitement choisie. Ultra-rythmée, accompagnant judicieusement l’action, elle sait aussi se montrer plus originale avec des thèmes aux consonances religieuses, qui renforce évidemment le caractère spirituel, au sens chrétien du terme, de cette lutte symbolique entre le bien et le mal que propose Volte Face.
En conclusion je dirai qu’on tient là avec quelques autres films de la période, un des chefs-d’œuvre de l’action des années 90, et surement le meilleur film de John Woo, moi qui est trouvé ses films asiatiques très bons aussi coté action, mais moins au niveau de l’histoire que ce Volte Face. Il va rester longtemps un incontournable pour tout amateur d’action qui se respecte. A voir, bien entendu.