Votre avis sur La Féline ?
4,0
Publiée le 29 janvier 2025
Alors qu’il était un film à petit budget, La Féline a marqué l’Histoire du cinéma grâce à la réalisation de Jacques Tourneur qui travaillait sur la suggestion en utilisant l’hors-champ, le son et les ombres. Lorsque Paul Schrader et son scénariste Alan Ormsby acceptent d’en faire un remake, ils ont l’intelligence de ne pas chercher à recopier bêtement ce style si particulier et choisissent de partir dans une autre direction.
Ainsi, s’ils reprennent vaguement la trame de base, les prénoms des personnages principaux (mais pas les noms de famille) et quelques passages mémorables spoiler: (la femme inconnue appelant Irena une "sœur", l’effet de surprise, même s’il n’a pas été précédé par le même travail sur le suspense, causé par le bus qui devient ici un tramway et la séquence de la piscine qui est quasiment identique à l’exception du fait qu’Alice est désormais seins nus)
, ils choisissent d’être beaucoup plus explicites que ce soit au niveau de la violence que du sexe (chose qui de toute façon, outre la question du budget, n’aurait pas été accepté par la censure américaine dans les années 40) et d’offrir une histoire très différente avec beaucoup d’éléments nouveaux.
Servi par les talents de comédiens de Nastassja Kinski, Malcolm McDowell, John Heard, Annette Benning ou Ruby Dee et par l’hypnotique bande originale de Giorgio Moroder (contenant le morceau Cat People (Putting on Fire) interprété par David Bowie), Schrader offre donc une relecture très libre et personnelle de l’intrigue spoiler: (il est d’ailleurs amusant de remarquer qu’Oliver possède une biographie de Mishima, écrivain dont il filmera la vie dans son long-métrage suivant)
, ce qui permet à sa Féline d’être vu comme un remake utile pouvant plaire à un public différent. Ainsi, même si elle ne possède pas l’aspect novateur de l’original, cette nouvelle version reste un long-métrage intéressant pouvant montrer comment un même sujet peut se décliner différemment selon son réalisateur.
4,0
Publiée le 23 janvier 2019
Entre 1976 et 1982, Paul Schrader est un homme qui compte à Hollywood. Scénariste reconnu, il a écrit en quatre ans rien de moins que les scénarios de "Taxi Driver" (1976) et de "Raging Bull' (1980) pour Martin Scorsese sans oublier celui d' "Obsession" pour Brian de Palma (1976). Il a aussi effectué des débuts de réalisateurs plus que prometteurs avec "Blue Collar" (1978) et "Hardcore" (1979). Porté par la vague disco et l'esthétique MTV, chaîne diffuseur de clips en continu, il propose en 1980 "American Gigolo" qui permet à Richard Gere d'être propulsé au rang de star mondiale. Le film remporte un solide succès au box-office mais la critique renâcle quelque peu face à ce qu'elle juge comme un long clip principalement destiné à mettre en avant la plastique et les exploits sexuels de l'escort-boy interprété par Gere. La musique de Giorgio Moroder, pape du disco et découvreur de Donna Summer ne contribue pas à crédibiliser le projet aux yeux de l'intelligentsia. On commence donc à reprocher à Paul Schrader, fils de calvinistes rigoristes, un goût trop prononcé pour l'épate et un manque de discernement quant au choix de ses sujets quand il n'est pas cornaqué de près par un réalisateur. En un mot, on lui conseille gentiment de se cantonner au rôle de scénariste, le seul où il fait jusqu'alors autorité. Se moquant comme d'une guigne de ce premier avertissement, Schrader enfonce le clou en osant s'attaquer à "La Féline" de Jacques Tourneur (1942), emblème intouchable de la parfaite maitrise du noir et blanc au service de la diffusion du sentiment d'angoisse par le biais de la suggestion. Paul Schrader aura beau immédiatement derrière donner un gage de sérieux avec une biographie de l'écrivain japonais Yukio Mishima très réussie mais à la portée forcément confidentielle, il n'accèdera plus jamais vraiment à la reconnaissance critique et doucement sa carrière de réalisateur s'enfoncera jusque dans le marais des direct to video. Près de quarante ans après la sortie de "La Féline", il convient de porter un jugement dénué de la partialité contextuelle de l'époque. Tout d'abord il faut saluer l'effort de Schrader de conserver le postulat initial voulu par Tourneur pour en offrir ensuite une autre lecture. Nastassia Kinski, fille de l'acteur autrichien fantasque Klaus Kinski âgée de 22 ans fait alors un démarrage de carrière en fanfare. Dirigée par deux réalisateurs à très forte personnalité, sa beauté incandescente vient d'éclater au monde dans "Tess" (Roman Polanski en 1979) et dans "Coup de cœur" de Francis Ford Coppola (1982). Si comme dans la version de Tourneur, le récit s'articule autour de l'éveil à la sexualité d'une jeune femme encore vierge, apeurée à l'idée de voir se déclencher une malédiction familiale qui veut que dans sa fratrie, la montée du désir s'accompagne de l'instinct de mort matérialisé par la transformation en panthère noire tueuse, Schrader se veut plus ambigu quant aux réelles intentions d'Irena Gallier (Nastassia Kinski). C'est donc à dessein qu'est introduit le personnage de Paul Gallier interprété par Malcom McDowell, frappé de la même malédiction. Le dilemme cornélien auquel est soumis Irena lui intime de renoncer à toute vie amoureuse si elle veut éviter les conséquences criminelles qui en découlent ou alors de franchir le tabou de l'inceste si elle veut laisser s'exprimer ses pulsions. Pour faire ressentir au spectateur le combat incessant entre innocence et sensualité qui agite Irena, Paul Schrader ne pouvait sans aucun doute trouver plus convaincante que Mademoiselle Kinski dont la performance n'a pas pris une ride. Certes pour habiller le difficile cheminement d'Irena qui n'aura de choix que dans la radicalité, Paul Schrader a choisi une esthétique de son temps qui pouvait en 1982 être jugée un peu trop kitsch par les adeptes d'un classicisme pur et dur. Mais n'est-ce pas aujourd'hui ce qui fait l'originalité du film ? La musique de Giorgio Moroder par exemple ne s'avère pas aussi envahissante qu'on aurait pu le craindre et l'ancien disc-jockey italien parvient même à trouver des envolées aériennes ou hypnotiques tout-à-fait en phase avec le propos. Peut-être la scène de la piscine qui constituait le moment fort où tout le savoir-faire de Jacques Tourneur était à l'œuvre dans la version de 1942 aurait-elle dû ne pas être reproduite ? Ainsi il aurait pu complètement marquer sa totale indépendance par rapport à son glorieux aîné. Mais on absoudra Paul Schrader qui montre une fois de plus que sa vocation de réalisateur n'est pas surfaite.
4,0
Publiée le 14 août 2022
Un film qui a fait les beaux jours de la 5 en son temps . C est d ailleurs là que je l ai découvert.
Très ancré dans les années 80 c est surtout un festival Malcom Mc Dowell qui est extraordinaire de dualité. Sublime musique de Moroder avec une superbe chanson de David Bowie en plus ! un très bon moment avec une photo très belle .
4,0
Publiée le 3 février 2019
Un très bon film fantastique. Une bonne référence à la série manimal . La panthère noire est une sublime femme féroce.
4,0
Publiée le 11 janvier 2017
Souvent présenté comme un remake du film de Jacques Tourneur des années 40, La féline n’a que peu de rapport avec l’original et peut donc être considéré comme une œuvre à part entière. Elle n’est d’ailleurs pas réellement un film d’horreur, mais bien plutôt un film d’auteur qui se base sur une histoire fantastique pour évoquer des troubles sexuels. On sent à chaque instant l’influence de Freud ou de Jung à travers cette histoire qui ose traiter de l’inceste, mais aussi des rapports de domination. Il est étonnant également que le film se termine par une scène de sexe au lieu du traditionnel affrontement avec le monstre sanguinaire. On notera la beauté des images et des décors, l’incandescence du jeu de Kinski, alors au sommet de sa gloire, ainsi que l’atmosphère magnifique déployée par la musique de Giorgio Moroder et David Bowie. Si le rythme est parfois un peu languissant, l’ambiance est telle que La Féline s’impose comme un grand film des années 80, à l’époque où Hollywood savait faire autre chose que des inepties avec super-héros franchisés.
4,0
Publiée le 7 mars 2009
P. Schrader est vraiment un réalisateur qu'on peut au plus haut point qualifier d'auteur, capable de faire oeuvre profonde à partir de ses complexes personnels. En ce qui le concerne c'est un puritain hanté par le sexe. Ce qui est culpabilité, occultation, mal, prend réversiblement, paradoxalement valeur sacré. Un film beau, intelligent et troublant.
4,5
Publiée le 31 août 2010
Miaow ! Le duo d'acteur à l'affiche en promettait long (surtout Malcolm Mcdowell, tout droit sorti d'Orange mécanique). Et ce film, si il ressemble à une banale histoire d'amour au départ, sort vite les griffes en plantant une relation ambigue entre le frère et la soeur (ça sent déjà l'inceste), et en faisant agir rapidement ses félidés. Avec efficacité d'ailleurs... Je craignais beaucoup du "tout public" sur la jaquette, j'ai été vite rassuré par le charcutage de pied et l'arrachage de bras. Ne montrez pas ce film à vos gosses ! Le tout est une fable sur l'amour, et sur la frustration liée à l'absence de sexe (car ici, le sexe et la mort sont liés, éternelle association de l'eros/thanatos qu'on ne développera pas plus). Des maquillages plutôt efficace, une certaine modération sur la violence (pas le temps de voir trop de détails gores, juste assez pour comprendre la mort des personnages). Le film se révélant infiniment plus subtil que ma grossière critique (assez orientée d'ailleurs), je vous engage à le voir. Car il n'y a pas que des morts ! Il y a beaucoup de romantisme, de multiples histoires de coeurs, un paysage africain sublime, et l'histoire d'un peuple maudit et incestueux qui n'est pas sans rappeler un certain "la nuit déchirée", autre perle traitant du même sujet, mais dans le milieu d'une fac américaine. Une sacrée bonne surprise donc, qui s'autorise à pousser ses résonnements assez loin (rien que sur les scènes "d'amour et de passions", on monte à -12ans minimum).
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 2 juillet 2011
Film très bien fait. Ce remake de Paul Schrader est digne de l'original de Jacques Tourneur. À voir ou revoir.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 17 octobre 2007
Ce n'est pas souvent que l'on a un film sur le theme de la sexualité sans que celui ci ne tombe dans le cliché lourdingue (genre film d'auteur pour frustré de la life) ou dans la vulgarité.Debordant de sensualité,la feline est une oeuvre intense servie par une bande originale inspirée et un chassé croisé redoutable entre la desirable kinski et l'effroyable mc dowell.Beneficiant de decors fascinant,ajoutant au coté mysterieux du metrage,le film est un bijou d'ingeniosité rethorique (les scenes de transformations) relevant d'avantage le coté surrealiste de ce melange subtil de desir timide et d'assouvissement de pulsions brut.
4,0
Publiée le 10 novembre 2010
Film atypique, les effets spéciaux sont nases mais l'ambiance de ce film est si unique...j'ai adoré !!!
4,5
Publiée le 20 août 2024
Entre la fin des 70s et le début des 80s, Paul Schrader réalise de très bons films. Ici, il tourne un remake qui flirte avec l'épouvante et l'horreur. En fait, il s'agit d'un frère et d'une soeur qui ont le pouvoir de se transformer en félins lorsqu'ils ressentent du désir. Mais un félin, ça tue ses proies... On a donc droit à des scènes où l'on voit des membres arrachés, et c'est assez terrifiant, car la mise en scène est soignée. Il y a réellement du suspense. De plus, la musique synthétique du maître Giorgio Moroder accentue les moments de tension. La scène de la piscine est assez angoissante et réellement marquante, tout comme la scène de la transformation finale. Les effets spéciaux sont bluffants pour l'époque.
4,0
Publiée le 9 septembre 2019
Ce film à mes yeux métaphorique est absolument fascinant, l'inaccessible quête de la femme envoûtée, presque sauvage, qui entraîne dans un abîme surréaliste. Un récit en forme d'amour magique, des scènes particulièrement torrides donnent à l'ensemble une dimension mystique et passionnante. La féline tapie dans la ville comme dans l'homme, n'attendant que le moment pour surgir, extraordinaire. On pourrait également y voir un film axé sur l'exploration de la dimension sauvage de l'être humain, et plus particulièrement de la femme, qui se mue en panthère noire au gré des passions dévorante qu'elle ne peut accepter sans le sacrifice de sa vie. Un film devenu culte qui, même s'il n'est qu'un remake, est à mon sens largement à la hauteur de la version originale.
4,0
Publiée le 8 octobre 2017
Doublement travaillé par la nature phobique d’un cinéaste dont l’éducation protestante associe la sexualité au péché et par les bouffées libertaires d’une époque en plein questionnement identitaire, « La Féline » est un film retors et profond, parsemé de fulgurances visuelles, qui dépasse largement le cadre du remake tendance d’un classique. A l’instar de « the Thing » de Carpenter, c’est l’occasion pour Paul Schrader de se confronter à ses thématiques les plus intimes tout en les ouvrant à une universalité nouvelle. Voir à leur donner une résonnance politique et métaphysique d’une force rare.
La malédiction du peuple léopard qui ne peut se conserver que par l’inceste, forme superlative de l’endogamie, peut ainsi illustrer cette phobie profonde de l’Amérique puritaine qu’est la peur du mélange des races. Un paradoxe se présente pourtant : si ce qui caractérise la famille des hommes félins, c’est bien cette double nature, et si leur félinité ne leur est accessible que dans le péché exogamique, l’inceste n’assure leur survie qu’au prix de leur originalité. En gros, seul l’inceste, qui les exclut de l’humanité, les y intègre. Le frère et la sœur font à cet égard des choix opposés : comme il accepte son appartenance à la race des félidés, il décide de vivre sous l’apparence humaine ; elle, par contre, espère authentifier son humanité dans l’expérience amoureuse – elle prend donc le risque de la félinité. Mine de rien, le film pose là un dilemme fondamental et existentiel : l’humanité doit-elle être vécue dans un réseau de relations, au risque que cette confrontation avec l’altérité fasse dériver l’individu de son identité première, ou doit-elle au contraire être vécue dans l’identification à une essence – faut-il être homme par ressemblance (mais avec quoi d’autre, incestueusement, qu’un fraternel alter-ego, un entre-soi qui dévitalise) ou faut-il participer de manière actuelle à l’humanité , en s’y associant – quitte à y perdre son apparente unité identitaire et se laisser déborder par son moi profond, aussi dangereux puisse-t-il se révéler ?) « La Féline » ne se limite donc pas à une rêverie sur le tabou de l’inceste : Schrader le renverse et l’interdit reste donc fondateur de la vie amoureuse
La fable des hommes léopards met ainsi en œuvre une réflexion sur la sociabilité : ou bien l’humanité sera vécue comme retrouvailles avec soi-même, et alors elle cache sa bête noire, sa fureur animale, tout simplement sa richesse. Ou bien on considère la rencontre avec l’autre, avec l’altérité, comme l’occasion d’éprouver sa propre nature, dans sa totalité véhémente.
Les jaillissements de violence ou les chocs visuels (la mare de sang répandue aux pieds d’Irena qui fait allusion à sa prochaine défloration) ne sont pas gratuits, ici : ils ont le pouvoir de dévoiler, par leur vivacité inattendue, des aspects de nous-mêmes que nous ignorions : tout ce qui rapproche insidieusement notre monde du pays des hommes félins. « La Féline » joue tout autant sur la bestialité tapie en nous tous que sur le mystère de la sexualité féminine, évoquée ici non sans un certain effroi puritain. Il nous rappelle que cet effroi a baigné l’histoire de l’humanité, au point d’en faire les fondements de nos structures sociales (garder le pouvoir sur les femmes car elles font peur). Le film de Schrader éveille ainsi un vertige bien présent car sa fable repose sur la fascination de l’animalité. Le léopard, qui a en sa faveur un long passé iconographique et légendaire, semble propre a suggérer une extase bestiale, celle où l’individu échappe à sa personnalité, à ses désirs même par l’intempérance de ses appétits. Il y a bien quelque chose d’une bacchanale dans la magnifique promenade nocturne d’Irena nue au milieu du bayou. Et Schrader, abandonnant sa mise en scène dominatrice et hiératique (qui s’exprime volontiers par des mouvements rigides en surplomb), reprend l’idée de cette fureur animale, où la chute dans l’animalité transforme la perception, à travers de voluptueux travelling sinueux, qui confèrent au film une indéniable grâce inquiète, un trouble profond. Certes, les effets sont parfois un peu maladroits, le rythme un peu inégal, mais le voyage que propose « La Féline » nous entraîne dans ce « continent noir » qu’est la sexualité, avec une densité jamais égalée dans la carrière du cinéaste, l’ouvrant sur une véritable posture politique et esthétique.
4,0
Publiée le 25 décembre 2019
Ce film d'horreur érotique est pour le moins étrange, et la bande originale sombre et synthétique de Giorgio Moroder accentue cet effet. Le film est une sorte de loup garou version panthère. Les effets spéciaux sont réussis et assez effrayants, tout comme les scènes gore. L'actrice principale joue bien, et c'est un plaisir de voir McDowell dans un nouveau rôle de personnage "dérangé".
En résumé, un film qui sort vraiment de l'ordinaire, avec une belle bande originale !
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