Si un Evil Dead 2 était bien à l'ordre du jour après le succès du volume 1, plusieurs obstacles vont l'éloigner de la joyeuse bande composée de Sam Raimi/Bruce Campbell/Scott Spiegel. Le tournage difficile puis la réception glaciale de Mort sur le grill (1985) entravent le développement d'une séquelle au sein du même studio. Sollicité pour adapter un roman de Stephen King, Raimi décline mais rentre en contact avec le romancier. Qui est un fan hardcore du film d'horreur excentrique signé Raimi. Une chose menant à une autre, l'auteur à succès contacte Dino De Laurentiis pour qu'il débloque la situation. Un an plus tard, devinez qui ressort des enfers pour mettre le souk dans les salles ?
Retour. Le terme est peut-être mal choisi. Evil Dead 2 feint d'abord le remake pour opérer un 180° au bout de 10 minutes. L'ouverture était une note d'intention, tout le reste sera du même ton : furieux, débridé et marrant. Il est vrai que le premier volet contenait son petit lot de bizarreries, la surenchère gore, le jeu outré des comédiens. Dans le 2, Raimi appuie sur la champignon, propulsant ses personnages dans un Tex Avery version trash. Nouveaux venus, il serait cruel de vous gâcher certains passages absolument fascinants d'extravagance. Disons que parmi les moments les plus fous, il sera question de main, de geyser et de portail temporel. Bruce Campbell va trois fois plus loin dans l'extravagance, immortalisant définitivement Ash comme figure héroïco-comique. Le film a la bonne idée de ne pas insister, 80 minutes et rideau. Plus tarées, plus bruyantes, plus abouties, elles élèvent cette suite au delà de l'original. Au passage, le budget 10 fois supérieur permet une énorme amélioration sur les effets spéciaux, je parle aussi bien de maquillages, prothèses faciales que d'animatroniques. Bon, les incrustations piquent les yeux, mais vu l'univers elles participent au délire.
Osé ? Ah ça, on peut difficilement faire plus fort qu'une suite ouvertement parodique (et le mot est faible). Un fan de la première heure comme King a dû jubiler de voir l'un de ses références cinématographiques fracassées pour être remodelée en monument slapstick. Un bras d'honneur ? Plutôt un geste libérateur, une façon de dire bon vent au prédécesseur et de choisir sa propre voie. Qui s'en plaindra ?