Outre le fait d’avoir marqué toute une génération de spectateurs, la saga "Evil Dead" pourra se vanter d’avoir changé de ton à chaque épisode… ce qui en fait un cas quasiment unique dans les annales du 7e art. Ainsi, après un premier opus très premier degré, Sam Raimi remet le couvert 6 années après, avec un budget plus confortable et un nouveau distributeur ! Ce nouveau financement l’a, d’ailleurs, empêché d’utiliser les images de son premier film (pour d’obscures raisons de droits)… ce qui aurait pu être un handicap sérieux pour une suite directe mais qui ne semble pas avoir gêné le réalisateur plus que ça ! Pire, il en profite pour modifier l’histoire initiale et fait disparaître du récit les compagnons d’infortune d’Ash, à l’exception de sa fiancée. Résultat : c’est ce seul couple qui est parti s’isoler dans la cabane au fond des bois (et non un groupe d’amis) et, pour le spectateur, c’est le début d’un beau bordel scénaristique ! Car, outre les autres modifications plus anecdotiques, c’est bien le ton abordé par Sam Raimi qui diffère grandement. Exit, donc, le premier degré qui fait place à un humour burlesque, voire franchement cartoonesque par moment… On voit, ainsi, l
es esprits démoniaques faire de l’humour, une tête décapitée harceler le héros, une main fraîchement tranchée causer bien des soucis à son ancien propriétaire ou encore des effusions d’hémoglobine si outrancières qu’elles ne peuvent pas terrifier
. On a, également, droit à des dialogues assez improbables dans leur décalage… et devenus cultes depuis, même si je ne partage pas forcément l’admiration des geeks sur ce point. Enfin, et surtout, un personnage se révèle en la personne de Ash Williams, qui passe du statut de victime potentielle sans grand intérêt à celui de super-héros (ou plutôt de super-anti-héros) de la saga. Ce brave Ash est de quasiment tous les plans, se montre bien plus actif et donne vraiment de sa personne
(maltraité, possédé, amputé, téléporté…)
avec un recul et un humour plutôt intéressants qui donnent le "la" de ce second épisode. Le film marque, d’ailleurs, l’apparition du look iconique du personnage puisque, outre sa chemise bleue, il arbore, pour la première fois, sa tronçonneuse en guise de main de substitution et son fusil Remington à canon scié. Chacune des séquences où il apparaît ainsi équipé constitue un pur concentré de n’importe quoi plutôt fun, qui confirme que Raimi ne s’impose aucune limite et que sa saga se veut, avant tout, jubilatoire. Bruce Campbell, qui reprend le rôle d’Ash (et qui est, accessoirement, le seul "rescapé" du casting original), a d’ailleurs parfaitement su saisir l’opportunité qui s’offrait à lui puisqu’il transcende l’écriture bien plus élaborée du personnage par un jeu bien plus expressif, pour ne pas dire cabotin par moment. Une fois encore, l’outrance de l’interprétation (reprise, en chœur, par l’ensemble du casting d’ailleurs) est parfaitement en phase avec le nouveau ton de ce second épisode et lui donne tout son sel. Pour autant, il serait injuste de réduire "Evil Dead 2" à une simple bouffonnerie puisqu’il ne laisse pas sa part au chien niveau violence… même si elle est franchement désamorcée par le côté cartoon du film. Il n’en demeure pas moins que, à l’instar du premier opus, je n’ai pas totalement trouvé mon compte dans cette suite, et ce malgré ses qualités. Tout d’abord, l’intrigue est, à mon sens, trop proche de celle du premier "Evil Dead"… à tel point qu’on a l’impression de se trouver devant un remake au budget plus conséquent. Cette impression est, bien évidemment, renforcée lorsqu’on s’enquille les deux films à la suite ! A ce titre, le ton plus burlesque m’a paru servir, par moment, de cache-misère à ce scénario pas forcément très original. Heureusement, le film s’achève sur un des cliffhangers les plus improbables de l’histoire du cinéma qui, luxe suprême, à un troisième opus totalement barrée qui achèvera de faire de la saga un ovni cinématographique inclassable… et clivant !