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soniadidierkmurgia
1 182 abonnés
4 175 critiques
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4,0
Publiée le 2 avril 2016
En 1948, « La course aux maris » ou « Every girl should be married » en anglais fait partie de la longue liste des « Screwball » comédies où Cary Grant excelle depuis une dizaine d’années. Il est certes apparu deux fois chez Hitchcock (« Soupçons » en 1941 et « Les enchaînés » en 1946) mais c’est bien dans les rôles où son détonnant mélange de candeur, de flegme, de rouerie mais aussi de sex appeal le rend inégalable que les producteurs préfèrent l’employer. Ceci d’autant plus que dans ce registre il n’a pas à l'époque d’équivalent crédible. « La course aux maris » seconde réalisation du scénariste Don Hartman (spécialisé dans les comédies récurrentes "En route pour ...." réunissant Bob Hope et Bing Crosby) propose un joyeux renversement des sempiternels rapports de séduction entre les hommes et les femmes. En entame du film, les deux serveuses d’un grand magasin (Betsy Drake et Diana Lynne) se posant lors de leur pause méridienne les questions philosophiques suivantes à propos des hommes : « Pourquoi ne pourrions-nous pas leur envoyer des fleurs ? Les inviter à dîner ? Les emmener en auto à la campagne et simuler une panne d’essence ?... », montrent la volonté du scénario de bousculer un peu les convenances du moment alors que le féminisme commence à montrer le bout de son nez au-delà des actions musclées des célèbres suffragettes. Un féminisme tout de même en trompe l’œil car l’obsédante ambition de la ravissante Anabel Sims (Betsy Drake) hormis de mettre la main sur le docteur Brown (Cary Grant) se résume à épouser la carrière de femme au foyer. Passées en revue ces considérations concernant le sous-texte du film, la comédie est formidablement réjouissante grâce à une progression de l’intrigue parfaitement agencée et surtout grâce à une Betsy Drake complètement craquante à l'énergie débordante dont on peut aisément en la voyant si à l'aise penser qu’elle a déjà derrière elle une longue carrière de rôles comiques alors qu’il s’agit en réalité de sa toute première apparition sur le grand écran. Cary Grant à l'immense talent mais dont le cabotinage n'était pas la moindre des qualités et qui livre ici une performance très sobre, ne s’y est d’ailleurs pas trompé qui l’a épousée aussitôt la fin du film. Franchot Tone félin à souhait encore dans une bonne forme et la mutine Diana Lynne complètent de manière fort professionnelle cette comédie méconnue en France qui avait eu un fort retentissement Outre-Atlantique. On comprend pourquoi en la revoyant aujourd’hui.
Une comédie charmante qui manque un peu de peps, c'est vrai, mais qui se déroule agréablement et qui nous offre un joli final. J'ai été très étonné par Betsy Drake que je ne connaissais pas et que j'ai trouvé excellente et la démesure dans laquelle elle s'agite joyeusement est vraiment contagieuse. Quant à Cary Grant, il reste toujours aussi élégant et charismatique. Un bon film !!
Une comédie pas géniale mais agréable, désuète par certains aspects, et remarquablement interprétée par un Cary Grant plus sobre qu'à l'accoutumé face à une Betsy Drake (Future troisième Madame Grant !) déchaînée (mais très convaincante aussi !). La scène où Cary Grant imite le personnage de Betsy Drake devant sa secrétaire est à mourir de rire.
A la recherche de l'hétérosexualité perdue : "Every man should be married". Un Cary Grant éblouissant comme à son habitude. Un film qui nous en apprend beaucoup sur sa personnalité. Rien que pour cela, il faut voir ce film. Résumons. Betsy Drake (Anabel Sims) cherche un mari. Elle finit par trouver Cary Grant. Mais l'a-t-elle vraiment trouvé ? La réponse est non. Pendant tout le film, Cary Grant (Madison Brown) essaye de fuir cette femme qui le poursuit. A la fin, vaincu, il accepte de l'épouser. Mais tout montre qu'il ne l'aime pas. D’ailleurs, il le lui dit pendant un dîner en tête-à-tête et nous avons toutes les raisons de le croire. En effet, c'est Cary Grant qui s'exprime par l'intermédiaire de son personnage : il nous avoue à demi-mot qu'il n'aime pas sa future femme, la vraie Betsy Drake - ou plutôt qu'il ne la désire pas. Ce film illustre le drame de la vie de Cary Grant : malgré tous ses efforts pour être un homme normal, il n'y est jamais parvenu. Cary Grant était homosexuel et pendant toute son existence, il a dû cacher son homosexualité, enchaînant mariage sur mariage, tous voués à l’échec. Mais nous savons désormais la vérité. Et lui-même nous donne des clés pour découvrir cette vérité à travers tous ses films. C’est vraiment émouvant de voir que derrière cette comédie frivole sortie pour les fêtes de fin d'année en 1948, se cache une tragédie personnelle qui a rongé toute la vie de Cary Grant. Il n’a jamais pu exposer son homosexualité au grand jour. Les studios de cinéma étaient profondément homophobes et de toute façon, il n’aurait jamais pu devenir l’un des plus grands acteurs de tous les temps si les spectateurs avaient su la vérité sur son identité sexuelle. Mais dans « La Course aux maris », il essaye de nous dire qu’il n’aime pas les femmes. Il s’adresse à la postérité et à ceux qui sont capables de lire entre les lignes d’un scénario auquel il a lui-même contribué. Ne vous y trompez pas : cette comédie est une tragédie. Mais Cary Grant nous la présente avec une gravité mêlée d’élégance, d'humour et de légèreté, et nous lui en savons gré. Le film a eu beaucoup de succès, un succès amplement mérité. Cependant les critiques ont parfois été sévères envers cette oeuvre. Quand vous la verrez, vous saurez pourquoi on a souvent dit que cette comédie sentimentale n’était pas réussie : elle n’est pas réussie sur le plan sentimental, mais c’est voulu. Cary Grant a préféré nous dire la vérité plutôt que de feindre une attirance hypothétique pour une femme qu’il ne désirait pas. De ce point de vue, ce film est une réussite. Chapeau l’artiste ! Nous t’avons compris.
Parfaitement méconnue, cette comédie de Don Hartman reste aujourd'hui encore totalement fraîche, drôle et rythmée. L'impeccable performance de Cary Grant confirme la bonne tenue de ce marivaudage assez subversif, teinté de mélancolie tout en restant constamment comique.