Un monument du cinéma mondial, un film revu en 2023 qui possède toujours la même force et la même intensité. Il y a le fond et la forme. Le fond, les rapports humains intemporels, la perte d’un être cher, sa fille, qui doit prendre son envol, dans une société hyper patriarcale, le héros se décide à laisser partir sa fille ,pour se marier , c’est le monde contemporain. Il y a cette déchirure, cet amour réciproque. La scène où il lui demande pour la 1ere fois de prendre son envol est d’une émotion intense. Il y a aussi toutes ces allusions à la vie post guerre. Un ancien collègue de la marine, où il était capitaine de vaisseau, évoque avec humour l’hypothèse où le Japon aurait gagné la guerre. C’est du 3e le degré, formidable. Ils chantent ensemble l’hymne des gars de la marine, en nostalgie, c’est énorme. Il y a des belles- sœurs sympas, des amies, un peu chipies , qui aime le hamburger , le coca , ce sont les vainqueurs US qui ont imposés leurs normes . Et puis beaucoup d’humanité. Enfin un style exceptionnel, épuré, à l’état brut des plans fixes à hauteur du tatami, en contre plongée, et des visages qui regarde en direct l’objectif. De l’émotion à l’état brut et puis bien sûr Chishu Ryu qui est exceptionnel, son visage qui semble impassible, un léger sourire en coin et qui pourtant arrive à transmettre toutes les émotions avec un minimum de mouvement : la tendresse , la peur de vieillir, de la solitude , la joie, la peur, l’amour intense pour sa fille . Il est énorme. Et c’est aussi un film tellement japonais , culturellement, intrinsèquement, profondément et qui pourtant arrive à toucher à l’universel.