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Serge R.
60 abonnés
21 critiques
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5,0
Publiée le 29 mai 2014
Le plus grand réalisateur de tous les temps, comment filmer le bonheur, jamais un réalisateur n'aura été plus proche de l'universel en partant de la marge
Je découvre avec "Fin d'Automne" l'oeuvre d'Ozu et je dois dire que je ne suis pas déçu. C'est un très beau film qui marie (c'est le propos du film) à merveille les scènes émouvantes et drôles. A certains instants, on pense être chez Rohmer mais avec l'exotisme en plus. C'est passionnant;
C'est pas difficile avec Yasujiro Ozu car c'est pratiquement toujours le même film à chaque fois et donc les mêmes sujets traités (les conflits entre générations, les traditions, le mariage, etc...) avec le même type de réalisation. Mais le pire c'est que ça marche à chaque fois et là encore plus que les autres fois (excepté pour "Voyage à Tokyo" qui est pour moi THE DEFINITIVE BEST OZU!). Ce charme qui agit encore mieux que les autres fois est certainement dû en partie à l'humour dégagé par les trois cocos qui feraient mieux de se méler de leurs affaires, aux belles et pétillantes Yôko Tsukasa et Mariko Okada et au charisme stupéfiant de Setsuko Hara. Ainsi que pour certaines séquences qui font la différence comme l'excursion à la montagne ou quand les deux jeunes filles saluent le train du toit de l'immeuble de leur lieu de travail. Un chef d'oeuvre rayonnant de fraîcheur.
Ce qui me plait beaucoup chez Ozu, c'est que l'histoire se passe principalement à l'intérieur. C'est toujours très cosy. Pas de drame, de discussions vaines, mais des confilts gérés de façon très nippones. Avec le sourire et la complicité des uns et des autres. Très beau film. Arigato Ozu sensei !
Ozu nous fait pénétrer dans la vie quotidienne des japonais et dans leur obsession du mariage. Ce qui est étonnant pour nous, occidentaux, c'est que les amis se transforment en conseillers matrimoniaux et se sentent comme investis d'une mission de marier célibataire et veuve. Le déroulement de l'histoire est lent, rien ne choque dans ce contexte paisible où tout se règle avec beaucoup de civilité. Un film clair où les relations entre mère et fille s'avèrent belles et transparentes.
Le film reprend le thème du mariage arrangé qu'Ozu avait abordé deux ans plus tôt dans "Fleurs d'équinoxe". A ceci près qu'il ne s'agit plus de parents soucieux de trouver un mari bien comme il faut à leurs filles mais de trois amis qui se mèlent de vouloir remarier une jeune veuve, de qui ils étaient tous trois amoureux jadis, et de marier sa fille également. C'est le modèle patriarcal qu'égratigne ici Ozu, à travers trois quinquagénaires qui, dans une belle séquence de comédie seront remis à leur place par une jeune fille leur reprochant leurs manoeuvres. Car le film est une comédie, même si on y sent parfois l'amertume de son auteur.
On retrouve dans "Fin d'automne" les fidèles comédiens du cinéaste, son compositeur attitré car la musique est omniprésente; on retrouve aussi les plans fixes splendides, géométriques et rectilignes, qui sont chacun une composition éléborée et auxquels la couleur donne une beauté supplémentaire. On est en pays de connaisance (notamment par la grande familiarité avec "Fleurs d'équinoxe") que ce soit sur un plan formel ou dans le contenu, essentiellement des scènes d'intérieur, avec détours fréquents vers un débit de boisson (péché mignon d'Ozu)! Et on ne compte plus les plans où le cinéaste pose dans le décor, comme un fétichisme, des bouteilles de bière ou des canettes de soda. L'ironie subtile d'Ozu, par rapport à ses personnages masculins qui sont sa génération, est la forme d'humour qui caractérise le film, car sa réalisation, toujours sur le même tempo, ne vise pas à la farce ou au vaudeville "à l'occidental" tel que le sujet pourrait l'y porter. La simplicité du récit permet en outre de s'immerger complètement dans la culture japonaise de l'après-guerre, et cela fait pleinement partie de l'intérêt que revêt le cinéma d'Ozu.
A l’opposé du ton dramatique de « Crépuscule à Tokyo » tourné trois ans auparavant, « diamant noir » de la filmographie de Ozu, se situe cette « Fin d’automne », que l’on peut qualifier de comédie, voire de marivaudage. A partir de situations semblables à celle de films précédents (en particulier de « Printemps tardif » où l’annonce du mariage d’un parent solitaire va permettre celui de la fille), le cinéaste s’amuse et nous amuse, en multipliant les traits d’humour et les malentendus, inévitables quand la plupart des personnages s’attachent à gérer la vie sentimentale de leurs proches. Tout cela est traité avec délicatesse, sensibilité et intelligence, et c’est un vrai moment de plaisir…..
Antépénultième film du Maitre ou la thématique autour de la confrontation du Japon traditionnel avec la modernité prends tout son sens à l’orée de ces années 60 , moment de bascule planétaire tant sur le plan artistique que sociétal. Beauté des cadrages bas en plans fixes,, richesse des plans, fluidité des champs-contrechamps. Encore une leçon de Cinéma.
Plus de 2 heures d'un spectacle très abouti non dépourvu d'humour, esthétiquement parfait , tout à fait superbe, j'en redemande. A (re-)découvrir pour tous les amateurs de cinéma, du vrai, du bon. Merci Monsieur OZU, merci à ceux qui ont permis la restauration de ses films permettant ainsi à de nouveaux spectateurs d'accéder à des pièces maîtresses du patrimoine cinématographique mondial.
Antépénultième film du Maitre ou la thématique autour de la confrontation du Japon traditionnel avec la modernité prends tout son sens à l’orée de ces années 60 , moment de bascule planétaire tant sur le plan artistique que sociétal. Beauté des cadrages bas en plans fixes,, richesse des plans, fluidité des champs-contrechamps. Encore une leçon de Cinéma.
A trop vouloir faire le bonheur d'une mère et de sa fille, trois hommes mûrs se prennent les pieds dans le tatami. On retrouve dans "Fin d'Automne", quelques thèmes chers au réalisateur. L' impatience et l'abnégation des parents et de leur entourage à vouloir marier leur fille, et cette dernière bien décidée à prendre son temps. La culpabilité éprouvée par les personnes veuves à se remarier. La volonté d'émancipation des jeunes japonaises voulant rompre avec les codes et les règles de vie devenus trop archaïques. Style épuré. Intérieurs sobres où le moindre objet semble posé exactement à sa place. Dialogues riches. Quiproquos. Tensions contenues. Humour délicat. Petits bistrots. Cuisine japonaise. Saké. La troupe d'acteur, excellente, est toujours présente, même si Chishû Ryû n'occupe ici qu'un rôle subalterne. Chez Ozu, c'est un peu comme dans "Plus Belle la Vie". Mêmes histoires, mêmes acteurs, mêmes décors. La finesse, la légèreté, et le cinéma en plus. Et puis, quel bonheur de retrouver Setsuko Hara. Sa douceur et ses sourires faisant encore chavirer les hommes les plus hermétiques. En cette "Fin d'Automne", Ozu nous offre une nouvelle fois une chaude et subtile harmonie.
fin d'automne, film d'ozu; celui-ci continue à filmer la mutation de la vie japonaise, et l'on voit se dessiner la nouvelle génération face à l'ancienne, à la tradition; c'est très reposant de voir cette ancienne génération vivre: cela donne l'impression qu'elle fait attention au moindre geste, à la moindre parole (toujours entourée de beaucoup de silence); c'est agréable et reposant de voir notamment les femmes japonaises traditionnelles se déplacer; elles sont chez elles souvent dans des sortes de chaussettes blanches et quand elles marchent, c'est à petit pas rapide où elles semblent dérouler tout leur pied, du talon aux orteils; de même les serveuses traditionnelles au restaurant: tous leurs gestes semblent "calculés", la place des objets, leur façon de les poser , de s'agenouiller, de saluer. Parallèlement nous voyons l'agitation grandir dans la nouvelle génération; bien sûr il ne s'agit pas de préférer un aspect plutôt qu'un autre, mais d'observer cette mutation. Et puis il y a l'émotion toujours très présente chez ozu et son humour et puis il y a bien sûr Setsuko Hara ( il est étonnant de voir chez ozu toujours les mêmes acteurs, les mêmes pièces, les mêmes lieux pour des films différents mais exprimant toujours les mêmes thèmes: comme des variations de ces mêmes thèmes: les relations entre les générations, les relations au sein des famille etc)