Son cinéma n'est pas impressionnant, mais Ozu, lui, l'est. De la grosse dizaine de films de lui que j'ai vu, il n'y en a pas un seul que je n'ai pas beaucoup aimé (ce qui est franchement rarissime, je voie juste Kurosawa, Hawks, Chaplin et Mizoguchi dont j'en dirais autant!). La différence avec ces réalisateurs, c'est que les films d'Ozu ne sont jamais très éloignés les uns des autres, même si dans le traitement, dans les détails, ils ont leur richesse propre. Ici, un père souhaite un mariage arrangé alors que la fille envisage un mariage d'amour. Ce n'est pas tant l'origine modeste de l'heureux élu qui le dérange mais le fait qu'elle ait décidé sans lui en parler, le mariage étant une affaire importante qui concerne toute la famille et pas seulement elle (esprit qui temps à disparaître dans la modernité d'après-guerre et l'influence des américains, que cherche à capter Ozu, sans en faire ni l'apologie ni la critique, juste en observant les conséquences). Si le personnage de la fille n'est pas aussi riche que d'habitude (comme dans son plus grand chef d'oeuvre, Eté précoce), le père l'est incontestablement. Il se montre assez compréhensif face à cette évolution, sauf quand il s'agit de sa famille. Il sera mis devant ses contradictions lors d'une scène culte et hilarante (l'humour fin d'Ozu faisant merveille comme d'habitude) et devra abdiquer, assistant même au mariage (l'absence de la bénédiction du père aurait été très dure à vivre pour le couple), et finissant par aller dans le nouveau foyer de sa fille, pour l'encourager et la féliciter sincèrement, après une discussion avec une amie de sa fille avec laquelle il a tissé une forte et curieuse amitié (amenée de façon remarquable par Ozu). Pas un des plus passionnants de l'auteur, mais réjouissant et intéressant tout de même.