Possédant une filmographie impressionnante, Ozu n'est pas comme Kurosawa : il est plutôt le cinéaste de l'intimiste, où la famille et l'émotion sont primordiales dans ses histoires. Lorsqu'on regarde ce film, on est frappé par le choix du cadre qui est très intéressant : Ozu utilise à fond le surcadrage, caméra posée sur le sol, qui donne une vue sur plusieurs pièces à la fois et pour finir sur la rue ou un paysage. Il n'hésite pas à planter la caméra dans chaque pièce afin que le spectateur se sente comme chez lui, où toutes les allées et venues des personnages sont montrées ; cela ressemble au concept de la télé-réalité ( en plus digne ), où le spectateur est lui-même maître des lieux et rentre dans l'intimité des personnages. Ses cadres extérieurs sont encore fixes et renvoient au design de carte postale. Ce qui cloche avec Ozu, c'est sa difficulté à créer un rythme, surtout dans une histoire ne concernant que la famille. Il y a bien un conflit entre générations, mais le cinéaste donne une lente cadence au film, ce à quoi le spectateur a du mal à suivre et son attention devient fantômatique. Le jeu d'acteur est également un peu responsable de cette lenteur, sans être vraiment juste. Le film d'Ozu est à voir essentiellement pour sa construction du cadre, mais pour ce qui est de la narration il est assez moyen.