Votre avis sur Voyage à Tokyo ?
5,0
Publiée le 15 octobre 2013
Le film le plus célèbre d'Ozu fut son premier à sortir en France. Voyage à Tokyo, retenez bien ce titre. Suivez deux personnages âgées qui rendent visite à leurs enfants vivants dans la capitale du Japon. Ils prendront le train et vous de même, car c'est votre billet de séjour dans le parchemin de l'authenticité d'Ozu et sa délicatesse de raconter une histoire forte. Palpable, réel, un chef-d'oeuvre de plus pour ce réalisateur.
5,0
Publiée le 29 avril 2010
"Voyage à Tokyo" est mon billet d'entrée dans l'univers de Yasujiro Ozu, et bien évidemment pas mon dernier. Je vais éviter le terme de "mélodrame" puisque le réalisateur n'aimait pas qu'on qualifiait son oeuvre par ce terme, disons que ce drame sans la moindre emphase est d'une sobriété apaisante aussi remarquable que touchante. Sans pratiquement utiliser de mouvements de caméra, Ozu nous immerge dans le quotidien de japonais moyens s'attardant souvent par des plans fixes mais très soignés, donnant une certaine élégance visuelle à l'ensemble, sur des éléments de l'environnement qu'il le compose comme pour mieux nous en imprégner. De plus, le cinéaste ne juge en aucun cas ses personnages laissant cela aux bons soins du spectateur qui a du mal à le faire car il ne sait pas s'ils n'auraient pas le même comportement. L'interprétation du film quand à elle est impeccable, avec une mention spéciale pour Chishū Ryū et la rayonnante Setsuko Hara. Une oeuvre magnifique, un chef d'oeuvre.
5,0
Publiée le 6 octobre 2019
"Voyage à Tokyo" est le film qui a fait connaitre tardivement Yasujiro Ozu en France où il sortit en 1978 alors que le film datait de 1953. Aujourd'hui Ozu est solidement installé dans le trio de tête des réalisateurs japonais reconnus dans le monde entier en compagnie d'Akira Kurosawa et de Kenji Mizoguchi. Moins épique que Kurosawa et moins mystique que Mizoguchi, Ozu est par essence un cinéaste de l'intime qui dans la deuxième partie de sa carrière observe les mutations sociologiques du Japon de l'Après-guerre à travers les rapports au sein de la cellule familiale, axe central de l'organisation sociale du pays. Pas d'action et encore moins de rebondissements à attendre à la vision d'un film de Yasujiro Ozu. "Voyage à Tokyo" considéré par beaucoup comme son chef d'œuvre, illustre parfaitement ce tropisme. Un couple de retraités habitant la petite ville côtière d'Onomichi décide de rendre visite à ses enfants habitant Tokyo et Osaka. Ozu reprend ici avec quelques variantes la même trame de départ que celle du "Fils unique". Mais il entend cette fois élargir son propos par-delà la simple relation entre une mère et son fils. Dans la grande ville demeurent leur fils aîné pédiatre (So Yamamura), leur fille (Haruko Sugimura) qui tient un salon de coiffure ainsi que leur belle-fille (Setsuko Hara), veuve du fils cadet mort à la guerre. Encore une fois Ozu constate avec un certain désenchantement la distension des rapports entre parents et enfants qui semble irrémédiablement s'opérer une fois que "les oisillons se sont envolés du nid". Reste bien sûr l'éternelle déférence qui colore les rapports sociaux au Japon. Cette attitude propre aux civilisations orientales ne laisse donc rien paraitre en surface mais après une si longue absence, les parents sentent très vite que leur visite loin d'être préparée dans la bonne humeur et la félicité semble plutôt incommoder Koichi (le fils) et Shige (la fille). La proposition d'un court séjour récréatif dans une station balnéaire à la mode dans les environs de Tokyo, ressemble fort à une éviction qui ne veut pas dire son nom. Seule Noriko (la belle-fille) restée célibataire depuis son veuvage, prodigue au couple de retraités un peu désorientés la chaleur qu'ils ne trouvent pas chez leurs propres enfants. Un vide affectif profond chez Noriko peut sans doute expliquer ce décalage durement ressenti par Tomi la mère dont l'attitude laisse à penser qu'elle vit ce voyage comme son dernier. Il ne faut pas attendre d'Ozu qu'il livre des clefs mélodramatiques toutes faites comme le ferait un Douglas Sirk. Choisissant une voie narrative sans aspérités auxquelles se raccrocher, Ozu laisse la possibilité à chacun de ressentir selon son expérience personnelle la chronique familiale qu'il nous livre avec une infinie délicatesse et souvent une poésie émouvante. Ozu introduit en fin de métrage un évènement dramatique dont il avait laissé deviner la survenue par quelques indices mais rien ne viendra bouleverser l'ordre des choses. Toujours entouré de la même troupe d'acteurs, Ozu développe un cinéma qui « réussit à rendre visibles et sonores le temps et la pensée ». "Voyage à Tokyo" illustre à merveille cette réflexion formulée par le philosophe Gilles Deleuze (Cinéma 2: L'image-temps). On remarquera la figure virginale de Setsuko Hara qui occupe chez Ozu la même place qu'Hideko Takamine chez Mikio Naruse.
5,0
Publiée le 20 février 2024
Un film magistral, l’on pourrait probablement utiliser le qualificatif de parfait, un peu comme certain chef d’œuvre :« Citizen Kane » ,« 2001 » ou « Le Mépris » . Tout y est ; un sujet intemporel, ou plutôt une foison de sujets, et puis surtout un style unique, envoutant, épuré, mais tellement cinématographique, de la beauté à l’état brut et en même temps sophistiqué, ultra raffiné. Bien sûr nous sommes toujours en plan fixe à ras du tatami, souvent cadré serré sur les visages, des acteurs pleine face caméra , et toute l’émotion transmise directement vers chaque spectateur, individuellement, et puis des interludes de plans fixes de paysages , comme des têtes de chapitre qui annoncent ce qui va suivre , et c’est là où le « Voyage à Tokyo » est un chef d’œuvre c’est que chaque plan transforme un paysage « anodin » et en fait une substance qui annonce la séquence à suivre .On a l’impression d’être dans un tableau de Velázquez, avec cet effet « mise en abime ». Les plans d’usines ou de métro bondé annoncent l’arrivée à Tokyo. Un plan fixe de mer à la station balnéaire, introduit la cure thermale, et les plus beaux plans fixes de Ia ville noire, vidée, désolée, pluvieuse de Onimichi ( petite ville de province éloignée) annoncent le décès de l’héroïne . C’est énorme et diabolique. Il y a un seul travelling dans tout le film, une merveille de sobriété, travelling latéral devant un bâtiment délabré qui découvre soudain les deux grands-parents esseulés, isolés mais solidaires. Sur le fonds le film est d’une grande puissance : ce voyage de la génération sénior vers la mégapole Tokyo, où vivent leurs enfants, adultes, tous très actifs, qui n’ont pas le temps de s’occuper de leurs anciens. La vie moderne, le Japon de la croissance et de l’occidentalisation, qui happe la nouvelle génération. Cette distance, ce manque de temps et de disponibilité est décrit avec rigueur, austérité, mais pas d’aigreur ou de douleur, juste un constat, froid presque clinique ; en douceur , la famille qui se dilue, en finesse : c’est l’évolution du monde du XXe siècle, c’est universel .Très dur, très émouvant , mais qui peut-on ? L’autre sujet est celui de la jeune veuve, jeune femme magnifiquement interprétée par Setsuko Hara , probablement son plus beau rôle dans les films d’ Ozu , elle est illuminée , radieuse, c’est la Greta Garbo ou Marlène Dietrich du cinéma japonais . Elle intériorise sa douleur, son veuvage depuis 7 ans, en compensant par une sorte de bonté naturelle, de grâce. Ses beaux -parents vont tout comprendre, l’écouter, l’aimer et essayé de la motiver à réapprendre à vivre, à profiter de l’instant. Dernières scènes magnifiques où la vieillesse, la mort qui arrive pour certains est échangée contre la vie qui doit revenir , contre le bonheur assouvi. Sublime.
5,0
Publiée le 12 décembre 2009
C'est un grand film aux valeurs universelles, cette famille décrite dans ce film est aussi la notre, ce film possède une grande puissance, quelque chose de fort. Quelque chose de magnifique, on ne ressent à aucun moment la longueur du film, les plans fixes sont subtiles et l'absence de musique ne se remarque que lorsqu'Ozu pense à en ajouter.
Vraiment un très beau film.
5,0
Publiée le 4 avril 2024
Dernier volet de la trilogie de Noriko ( nom du personnage incarné par Setsuko Hara, égérie de Ozu), c'est aussi le plus bouleversant.

On retrouve la plupart des personnages qui figurent dans le deuxième volet de la trilogie "Été précoce" (1951), même si les acteurs n'ont pas les mêmes rôles dans les deux opus.

Généralement considéré comme le chef d'œuvre du cinéaste décédé en 1960, soit sept ans après " Voyage à Tokyo" ( "conte de Tokyo", si on se réfère à la traduction littérale du titre original), c'est en tout cas mon préféré dans une filmographie qui atteint à partir de 1949 ( "printemps tardif") les sommets du septième art.

Un vieux couple qui vit dans le sud de l'île de Honshu, décide de rendre visite à leurs enfants à Tokyo. L'accueil qu'ils reçoivent n'est pas à la hauteur de leur espérance.

Réflexion sur le temps qui passe, la vie, la vieillesse et la mort, le scénario traite avec délicatesse et émotions de sujets existentiels essentiels à méditer.

On retrouve dans le scénario le thème de la jeune fille qui vit seul avec son père qui sera traité largement par le cinéaste ("printemps tardif" notamment), celui du mariage ( ici avec la veuve incarnée par Setsuko Hara et belle fille du couple âgé).

On notera la prestation formidable de l'actrice Haruko Sugimura ( figure majeure du cinéma japonais) qui incarne la fille la plus âgée du couple, dans un personnage subtil d'égoïsme, de méchanceté, de toxicité et de laideur intérieure.
5,0
Publiée le 31 mars 2021
Un chef-d'œuvre du cinéma japonais, datant de 1953, qui aurait été fortuitement découvert qu’en 1978 en France ! Le rater aurait été bien dommage. Ozu est moins connu que Kurosawa mais tout aussi immense, avec un talent démesuré pour filmer l’intime de l’être humain et tout particulièrement du natif nippon – c’est les Japonais qui le disent. En effet on est touché, sans aucun effet mélo, par la justesse du sujet, les rapports de génération, les dégâts du matérialisme, mais il est certain que certains aspects psychologiques nous échappent, nous Occidentaux déjà bien formatés par la vie moderne et la vie citadine.
Et cette magnifique histoire qui n’en est pas une puisqu’en fait elle est la vie, celle ce chacun d’entre nous, cette émouvante histoire donc nous captive alors qu’il ne se passe rien ! Sinon une interprétation sans défaut épaulée par une science unique des cadrages et un art consommé du noir et blanc et des ombres.
Un film dans lequel il faut se laisser dériver sans impatience et retenir toute la matière sur laquelle réfléchir pour soi-même et sa propre famille.
5,0
Publiée le 3 décembre 2023
Passer quelques jours chez leurs enfants qui habitent la capitale, voilà le vœu de ce grand père japonais et de son épouse. Au début, tout semble parfait mais la suite devient un peu déprimante. Seulement la grande politesse et l'extrême pudeur japonaise masquent les sentiments réels. Le réalisateur Ozu filme en plans fixes, une famille de trois générations dans un monde où le temps libre est réduit tout comme l'espace d'habitation et où les adultes ont mille choses de mieux à faire que de consacrer du temps à leurs vieux parents. Parfois ce ne sont pas les enfants biologiques qui sont les plus attentionnés. Thèmes récurrents dans son œuvre, les difficultés de vivre ensemble, d'élever des enfants et le refuge dans l'ivresse pour arriver à dire ce que l'on a sur le cœur.
Ce long métrage se déroule sans dramatisation excessive et comme si la caméra était une petite souris qui observe ce monde d'humains. Message généralisable à d'autres cultures humaines même si la manière d'extérioriser ses sentiments diffère d'un pays à l'autre. Une leçon d'humanité qui fait réfléchir sur les priorités de chacun.
5,0
Publiée le 22 février 2024
Dans « Voyage à Tokyo », j'ai été profondément touché par la manière dont Ozu explore le passage du temps et la dynamique des relations familiales. La délicatesse et la précision de sa mise en scène, combinées à une narration descriptive rigoureuse, mettent en lumière l'universalité des thèmes abordés. Ce film illustre parfaitement la capacité d'Ozu à capturer l'essence de l'esprit japonais à travers des histoires qui semblent presque ne pas en être, tout en laissant transparaître une cruauté sous-jacente dans le monde qu'il dépeint. La finesse avec laquelle chaque personnage est dessiné est remarquable, presque comme une œuvre d'art. Le film déroule son récit avec une tranquille assurance, capturant l'écart entre le Japon traditionnel et la modernité. C'est une œuvre où la solitude des personnages âgés face à la froideur de leurs enfants est poignante, empreinte d'une mélancolie douloureuse. Un véritable chef-d'œuvre du cinéma, à la fois simple et incroyablement riche, qui capte avec brio les nuances des émotions humaines et les complexités de la vie familiale. WHITE FINGERS : LA PISTE SYSKIYOU (TOME 1) et LE CIMETIERE DES SQUAWS (TOME 2) (Amazon Kindle).
5,0
Publiée le 7 mai 2007
«Tokyo monogatari» (Japon, 1953) de Yasujirô Ozu s’apparente au plus grand drame de l’histoire du cinéma. Cependant le drame est ici couvert par la fierté des comportements japonais, l’humilité des sentiments allégeant l’expressivité des émotions. Mais paradoxalement, la componction latente des scènes, s’accumulant les unes aux autres, permet une conclusion où chaque plan est chargé d’un drame vrai. Mais si «Tokyo monogatari» est aussi un film épatant, c’est grâce à son apparente fluidité. Apparente seulement puisque les plans, pour une grande majorité fixes, possède une composition hors norme, où les cadres illustrent eux-mêmes un cadre, composé parfois d’autres cadres in utero. C’est cette architecture des plans, ponctuée par des champs/contre-champs à 180°, qui fait de ce film d’Ozu une cognition de la famille japonaise et de son évolution suite à son entrée dans la mondialisation. Car c’est de cet héritage des générations que traite «Tokyo monogatari». Un vieux couple rend visite à ses enfants à Tokyo mais ces derniers se voient progressivement ennuyés par leurs parents. «Lorsqu’ils sont dans la tombe tout est inutile» cite Keizô, et cela brosse parfaitement le note du film qui traite, sans jamais juger, du rapport entre les générations. Le drame éclos lorsqu’Ozu décide de faire mourir le personnage de la mère, représentant par ce biais la rupture du lien maternel sentimental, la société se raidissant, brisant les liens familiaux au passage. Drame retenu, message âpre sur un thème de prédilection d’Ozu : la famille, «Tokyo monogatari», par l’accalmie de son ambiance, apaise nos sentiments pour mieux les projeter dans le drame nécessaire de la famille. Chef d’œuvre incontestable du cinéma mondial.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 1 mai 2011
Sincère et magnifique, un chef d'oeuvre captivant et étonnant.
5,0
Publiée le 28 avril 2009
Ozu réalise là, comme à son habitude, un film au plus près des sentiments ordinaires de la réalité quotidienne. La viellesse est synonyme de solitude, triste mais lucide constat de la vie. Un chef-d'oeuvre d'une richesse incroyable.
5,0
Publiée le 7 juillet 2013
Vu pour la première fois à la télévision - après Apostrophes, il y avait le ciné club de C.J. Philippe, époque bien révolue...- puis revu au cinéma. C'est un des chefs d'œuvre du cinéma mondial. C'est une grande joie de le revoir parfaitement restauré, et d'admirer une fois de plus comment , partant de situations spécifiquement japonaises, décors, comportements, courbettes, éternels sourires, Ozu parvient à l'universel. Fascinant et bouleversant.
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Y a-t-il jamais eu de cinéaste plus pudique qu'Ozu? Grand observateur du choc des générations et des mutations culturelles du Japon de l'après-guerre, Ozu "resserre" tout à l'extrème. Pas d'effets spectaculaires, pas de symbolisme, nulle dramatisation, zéro pathos. La violence "douce" des rapports n'en est que plus terrible. Infiniment subtil et maginifique.
5,0
Publiée le 2 novembre 2006
Beaucoup de Japonais considèrent qu’Ozu est le réalisateur qui incarne le mieux l’esprit de leur pays et de ses habitants. Cette façon de dire les choses presque sans avoir l’air de les dire, cette douceur des apparences sous laquelle pointe la cruauté du monde. C’est ce qui est le plus admirable dans ce "Voyage à Tôkyô". La tranquille assurance avec laquelle le cinéaste déroule son propos: l’arrivée de ce couple à la capitale, le décalage entre le Japon traditionnel qu’ils incarnent et la modernité dans laquelle leurs enfants sont immergés, la mesquinerie de ces derniers, l'approche de la mort... La précision, la vigueur et la finesse avec laquelle Ozu dessine chaque personnage est proprement ahurissante. C’est presque une démarche de peintre et de calligraphe... et comme dans toute bonne calligraphie, on sent le souffle de la vie circuler dans ces images. L’émotion est toujours là (le court face à face entre la grand-mère et son petit-fils !!!). La tendresse aussi, même pour les personnages les moins sympathiques. Et puis ces plans sur la ville, sur les trains, sur ce Japon qui se transforme à toute vitesse... Un peu étonnant, dans un tel contexte, que vers la fin apparaisse longuement en bas à droite de l’écran une publicité pour... Bridgestone ! Mais à ce degré de perfection, on est prêt à pardonner beaucoup.
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