Réalisé par Robert Siodmak durant sa période française, « Pièges » a un peu vieilli, notamment dans la mise en scène comme dans la relation parfois un peu niaise entre les deux héros, si bien que parfois on décroche légèrement. Pour autant, le film garde quelques vrais atouts. D'abord, cette ambiance très sombre qui, si elle n'est pas dénuée d'humour, n'en montre pas moins un univers inquiétant peuplé de pervers et de déséquilibrés, luttant plus ou moins fort contre leurs démons. Cela donne quelques excellentes scènes, notamment celle impliquant un Erich Von Stroheim dans un rôle faisant honneur à sa démesure. Le résultat est souvent habile, avec quelques changements de ton plutôt agréables (les deux chansons de Maurice Chevalier), une distribution globalement remarquable et des dialogues parfois étincelants, à l'image de la première rencontre entre la délicieuse Marie Déa et André Brunot, ou encore la dernière discussion entre ce dernier et Pierre Renoir. Bref, légèrement daté donc, mais suffisamment intelligent et habilement construit pour que l'on s'y intéresse.