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Bowen Tyler
2 abonnés
112 critiques
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4,0
Publiée le 23 janvier 2023
Une très belle surprise que ce film. On y est agréablement dérouté, le récit changeant sans cesse de ton pour mieux nous étonner et nous surprendre. Marie Déa est formidable dans ce rôle d'enquêtrice / appât lancée à la poursuite d'un tueur en série et qui n'a jamais froid aux yeux. Elle campe une femme pleine de volonté, de courage et d'indépendance qui tient tête aux hommes, jusqu'aux plus dangereux d'entre eux. Un très beau film à cheval sur plusieurs genres, à la fois inquiétant, drôle, léger et dramatique.
Robert Siodmak aime les scénarios travaillés mais celui de ''Piéges'' c'est le pompon. Il est absolument impossible de découvrir l'assassin des trois jeunes filles dans cette comédie policière teintée de '''musical'' grâce aux deux chansons interprétées par Maurice Chevalier. Les acteurs sont superbes avec une Marie Déa pleine de classe quelque soient ses différents métiers (5 en tout), un Pierre Renoir très présent, un Erich Von Stroheim dans un de ses bizarres rôles habituels et de nombreux grandes vedettes de théâtre des années 30. Le DVD de chez Gaumont présente quelques scènes tronquées qui de ce fait manquent de liaison entre elles, mais dans l'ensemble c'est du beau cinéma consciencieux prenant soin des spectateurs, les défauts étant dus aux copies amputées. Il n'y a rien de réaliste dans cette histoire de pur cinéma d'avant guerre. Une fois de plus il est nécessaire de se dire : ''ce soir je vais faire une plongée dans le passé et me mettre à la place des spectateurs de 1939 qui aimaient tant les histoires, les acteurs et les actrices''. Vu ainsi le film est réussi, mais il ne peut être comparé aux chefs d'oeuvres qui eux échappent au temps qui passe comme la ''bête humaine'' de Renoir /Zola sortie la même année.
Film intéressant à plus d'un titre avec un scénario bien fait et une intrigue complexe qui tire plus vers le polar que vers la comédie avec quelques chansons de Maurice Chevalier glissées dans le récit . Si l'ensemble a un peu vieilli il mérite d’être vu .
Comme beaucoup d’autres réalisateurs venus d’Allemagne, d’Autriche ou des pays de l’Est qui se sont exilés à Hollywood pour fuir le nazisme, Robert Siodmak a un court moment œuvré en France. Celui qui sera l’un des maîtres du film noir dès son arrivée à Hollywood aura été l’un des plus prolifiques dans l’hexagone avec douze films à son actif. Juste après « Mollenard » qui fut sa plus grande réussite, il réalise « Pièges » son dernier film sur le sol français. Ecrit par Jacques Companéez et Ernst Neubach, le film peut être vu comme une vague ébauche des « Mains qui tuent » qui lancera en 1946, la carrière de Siodmak Outre-Atlantique. Des femmes sont assassinées dans Paris par un psychopathe qui recrutent ses victimes par le biais des petites annonces. L’inspecteur en chef Ténier (André Brunot) décide en la personne d’Adrienne Charpentier (Marie Déa), une entraîneuse, d’utiliser une sorte de « chèvre de Monsieur Seguin » pour piéger le tueur. Quelques suspects défilent comme un célèbre couturier déchu interprété par un Erich Von Stroheim toujours aussi merveilleusement cabot qui vont orienter le spectateur vers de fausses pistes jusqu’à ce qu’entre en scène Robert Fleury, un riche directeur de cabaret interprété par Maurice Chevalier, rentré de sa fructueuse carrière à Hollywood. La présence du célèbre chansonnier implique d’office deux intermèdes musicaux où le gars de Ménilmontant fait étalage de toute sa gouaille. Robert Siodmak évite avec dextérité le piège que pouvait constituer la présence de Chevalier qui n’était pas le dernier pour tirer la couverture à lui. Parfaitement encadré, celui-ci fait montre de tout son abattage sans ralentir l’action et éteindre la flamme du suspense. De son côté Marie Déa, aujourd’hui complétement oubliée, apporte par la sobriété de son jeu, la dose de réalisme requise à son rôle de demi-mondaine en quête d’un avenir plus radieux. Un bon suspense donc qui passe sans trop de dommage le cap des quelques huit décennies qui se sont écoulées depuis sa sortie sur les écrans.
Réalisé par Robert Siodmak durant sa période française, « Pièges » a un peu vieilli, notamment dans la mise en scène comme dans la relation parfois un peu niaise entre les deux héros, si bien que parfois on décroche légèrement. Pour autant, le film garde quelques vrais atouts. D'abord, cette ambiance très sombre qui, si elle n'est pas dénuée d'humour, n'en montre pas moins un univers inquiétant peuplé de pervers et de déséquilibrés, luttant plus ou moins fort contre leurs démons. Cela donne quelques excellentes scènes, notamment celle impliquant un Erich Von Stroheim dans un rôle faisant honneur à sa démesure. Le résultat est souvent habile, avec quelques changements de ton plutôt agréables (les deux chansons de Maurice Chevalier), une distribution globalement remarquable et des dialogues parfois étincelants, à l'image de la première rencontre entre la délicieuse Marie Déa et André Brunot, ou encore la dernière discussion entre ce dernier et Pierre Renoir. Bref, légèrement daté donc, mais suffisamment intelligent et habilement construit pour que l'on s'y intéresse.