Jusqu'ici, Luis Buñuel est un cinéaste que j'ai mal compris, une rencontre qui ne sait pas vraiment faite avec Belle de Jour, vu il y'a longtemps mais qui m'avais un peu décontenancé à l'époque. A revoir, je crois. J'ai conservé un souvenir moins revêche de son Journal d'une Femme de Chambre, vu pour ce dernier lors de l'hommage à son actrice, à la date de sa mort. Autant dire que je méconnais le cinéma de ce cinéaste. En revanche, je peux le dire aussi, ce dernier film, EL, découvert en ce soir de Mai me donne envie d'y retourné, et pas qu'un peu !
Déjà cet titre est je dois dire absolument idoine au vu de son traitement des choses. Pourtant, tout ne débute pas comme il se termine. Loin de là. On entame ce film par une cérémonie, une église, des convives, tout le tintouin. Une suite de baiser, à même les pieds de ses jeunes garçons conduit vers le regard de son protagoniste principal, qui lui préfère louché vers une autre cheville, plus féminine, élégante, qui nourris son désir et sa passion.
On transite d'un lieu de culte à un autre, une demeure moins ancestrale, mais qui renferme tout autant de mystère, architecturale, fantasque, assez grandiose il faut le dire. Le premier " incident ", appelons-le comme cela de la demeure et du " résultat " qui pousse le maitre des lieux à prendre position pour son domestique - masculin - au détriment de son homologue de sexe féminin laisse déjà dubitatif ... Témoigne à première vue d'une forme d'allégeance, avant de s'en éloigner.
Le retour à l'église, les retrouvailles avec cette plus jeune femme que lui, qu'il convoite, démontre en quelques minutes, montre en main un récital en la matière. La musique, les regards, le peu de mot œuvre vers un classique de circonstance, une maestria, j'en rajoute. Les épreuves qui s'immiscent entre eux sont flagrantes, le " coup de foudre " théorisé et poétisé à table, lors de ce repas ou là encore la force interviens - au sens large - questionne un peu. Mais la danse l'emporte, l'amour triomphe ! Du moins c'est ce que l'on ce dit.
La transition instauré par Luis Buñuel est, à cet instant, incroyable. Pour l'époque, c'est une évidence, mais aussi au siècle suivant. La technique de narration entre dans la combine, redynamite l'intrigue et fait volé en éclat toutes certitudes. Il est loin le regard d'amour fou au piano !
La lune de miel, sans trop attendre tourne vers un schéma de manipulation des plus visible. Les premiers doutes, jalousie intempestive, les premiers signes d'une paranoïa oblige à revoir tout du départ ... Les interrogatoires de cet homme à sa compagne, de ses " confessions " qu'il soustraite avant l'échec et de son insomnie sous excuse et sanglots laisse voir l'horreur de l'entreprise. Il reprend possession de cette dernière, comme de sa terre qu'il convoite par ressentiments.
On passe l'éloignement de la vieille connaissance, réglé dans la violence d'une serrure, avant un échange de coup de poing plus direct pour tout de suite ciblé ce qui se passe en suite dans cette chambre, ou la " faute " reviens encore une fois sur elle, la responsable de tout ses malheurs. En représailles, il tient la mère de Gloria à l'écarts, pour son bien prétendue. Son humeur revenu, il l'invite, ainsi que d'autres de ses prétendus amis, dans une réception ou la bourgeoisie et le clergé se côtoient et forme l'autorité. C'est encore une fois, après sa petite crise passé qu'il reprend, au détour d'un regard sur ses chevilles qu'il aime tant qu'il entrouvre une nouvelle attention toute particulière à sa conjointe, une brutalité physique ! Par la force de l'image auquel on assiste, puis par les cris de cette nuit, que l'on entend au travers de cette chambre de concierge, aveuglé par l'admiration qui possède pour son bienfaiteur.
Les manigances pleuvent ensuite. Il retourne tour à tour les obstacles, parviens à l'isolé davantage, jusque dans une colère noir qui lui fait dégainé une arme ! Un pardon qu'il tente d'acquérir, par une nouvelle forme d'excuse, un sursaut de tendresse pour elle, qui en manque tant. La ballade, dans son lieu de culte, lui remet les idées en place devant la fureur d'illuminé qui s'empare de lui.
Le portrait psychotique de cet homme, riche, cultivé, pour qui le mépris est le déguisement de sa haine entretient un parallèle avec une idée du pouvoir despotique, avec exagération mais d'une intense nuance qui en relève la beauté de sa mise en scène. Le dernier tiers, ou il cherche à utilisé son employé pour ses fins définitifs, comme son chahut dans l'escalier qui s'ensuit avant la ribambelle d'ultime complots font froid dans le dos. Les convictions de réussite qui s'étiole sous les effets de démences qui deviennent de plus en plus présent contraste avec la bonté naïve de son souffre-douleur qui reste, malgré tout. Le manichéisme personnifié tiens dans la démarche de restitué la encore l'idée de dictats, dans faire une ardoise qui insuffle terreur et grandeur. Le ridicule l'entache, mais un truc toutefois persiste ...
Le pic de la paranoïa intervient dans cette course qui l'amène à son église, endroit qui reviens là encore, come point de repère. Les voix, les visions et surtout les rires qu'il ne supporte pas révèle la peur de ce même ridicule, comme une synthèse de cette vérité qui heurte, là aussi, avec passion ! L'abandon de tout habit qui dissimule pour embrassé son penchant deviens carnassier, brulant, dans une séquence assez dingue, j'irais jusqu'à dire inoubliable !
Se final au Monastère, ou il purge sa " peine " si je n'ose dire, ou les pieuses lectures lui confère calme et attention font là encore un drôle d'effet. On se perd sous le regard de ce type, complètement habité par ses démons, de son ultime démarche en zigzag, à ses yeux qui renferme une idée du mal, caché mais si visible une fois établit.
Bravo aux acteurs et actrices, enivrant et exubérant, inoubliable eux aussi. Je terminerai sur une note à moi-même, retrouver les films vus, et poursuivre vers ceux encore inconnus. Y compris, lorsque ce n'est pas agréable ... Comme quoi, on change un peu avec le temps !