Bien qu’étant fan du maître du suspens, j’ai mis des années à voir "Sueurs Froides" (ou plutôt "Vertigo" pour les puristes) sans vraiment que je me l’explique. Le film est pourtant considéré comme un des chefs-d’œuvre d’Hitchcock et se voit régulièrement cité comme l’un des plus grands classiques du 7e art. J’étais donc assez confiant… et la déception a été à la hauteur de l’attente. Certes, je veux bien imaginer que le film ait pu intriguer lors de sa sortie par ses effets de mise en scène (les plans "vertigineux" en tête) mais cette mise en scène est aujourd’hui terriblement datée. Dès lors, que reste-t-il de "Sueurs Froides". Le rythme ? Le film parait épouvantablement long et se perd dans des séquences étirées au-delà du raisonnable. Le casting ? James Stewart assure, certes, en ancien flic sujet au vertige mais voit son jeu limité par le handicap de son personnage (et sa succession de scènes où il panique). Quant à Kim Novak, c’est peu dire que son personnage est nunuche au possible. Seul Barbara Bel Geddes, en amoureuse éconduite, offre quelque chose d’intéressant mais elle se voit considérablement sous-exploité au profit de la "star" féminine. D’ailleurs, les personnages secondaires s’avèrent assez pauvres dans "Sueurs Froides", toutes les intentions du réalisateur étant visiblement tournées vers son couple vedette… quitte à faire dans le kitch (le plan du baiser sur fond de vague !). L’intrigue alors ? Dans un premier temps, je reconnais avoir été intrigué par les pistes proposées par Hitchcock, en me demandant où la maître voulait emmener le spectateur (la filature mystérieuse confiée à ce pauvre Scottie, son lien avec sa phobie, le parcours de Madeleine, ses tendances suicidaires…). J’admets aussi avoir été surpris par le suicide de Madeleine… au point que j’aurai été prêt à pardonner la lenteur du rythme jusque-là. Mais le twist scénaristique avec l’apparition de la brune Judy m’a perdu… ce rebondissement étant, non seulement, incohérent (le comportement de Judy est incompréhensible, surtout après son méfait) mais surtout assez prévisible. En effet,
comment imaginer que Judy et Madeleine ne sont pas la même personne alors qu’il reste plus de 30 minutes de film et qu’il n’y a plus grand-chose à raconter
? Et puis, le réalisateur se perd dans une multitude de scènes où les larmes et les violons sont de sortie, ce qui fait perdre énormément de force au film. Résultat : le suspens n’est pas vraiment au rendez-vous et le machiavélisme du plan dont Scottie a été victime perd beaucoup de son intensité dramatique. Heureusement qu’Hitchcock a l’intelligence d’achever son film par une note terriblement sombre, ce qui me permet de garder une légère estime pour ce "Sueurs Froides", qui bénéficie, également d’une excellente BO de Bernard Hermann (comme souvent chez ce brave Hitch’). Pour autant, et malgré l’influence majeure du film sur bon nombre de productions et de réalisateurs (à commencer par Brian de Palma), j’ai été déçu par ce film qui, au final, se sert d’un artifice un peu grossier (le vertige donc) pour accoucher d’une histoire de manipulation pas inintéressante mais terriblement ampoulée par un rythme quasi-absent et une romance à l’eau de rose kitch. Mieux vaut revoir "Fenêtre sur Cour" ou encore "Psychose"...