Avec Sueurs Froides, Alfred Hitchcock réalise un thriller romantique pas du tout à la hauteur de sa réputation. L'histoire se déroule à San Francisco et nous fait suivre John Ferguson, un policier acrophobe, ce qui le rend inapte à la poursuite de son métier. Depuis, il vit reclus et renfermé, ayant pour seul contact son ex compagne devenue une amie. Un jour, Gavin Elster, un ancien camarade d'étude, lui demande de surveiller son épouse Madeleine qu'il croit possédée par l'esprit de son arrière-grand-mère maternelle. L'homme accepte et va alors s'en suivre une filature pleine de rebondissements. Ce scénario, inspiré du roman d'entre les morts de Boileau-Narcejac, lui même inspiré de Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach, est malheureusement peu intéressant à visionner pendant toute sa durée d'un peu plus de deux heures. Une durée qui se fait grandement ressentir, notamment dans sa première heure où l'on ne comprend pas vraiment le comportement étrange de la femme pistée. Vient alors une révélation changeant l'intrigue, mais ne parvenant pas à captiver pour autant. La faute à de nombreuses longueurs et une romance dépourvue de sentiments. Pourtant, James Stewart et Kim Novak jouent bien leurs rôles mais le récit ne leur permet pas de créer un amour sincère. Du reste de la distribution, on retiendra surtout les visages de Barbara Bel Geddes et Tom Helmore. Hélas, tous ces individus entretiennent des relations ne procurant aucunes émotions. La faute en grande partie à de nombreux dialogues peu profonds et ennuyants, manquants cruellement de jolis mots et de séduction. Si le fond ne parvient pas à prendre, le film se rattrape sur sa forme. En effet, la réalisation du cinéaste britannique s'avère extrêmement qualitative. Sa mise en scène bénéficie tout du long de mouvements de caméras inspirés donnant lieux à des plans soignés. De plus, elle évolue dans des environnements appréciables. Ce visuel millimétré est accompagné par une b.o. parfaitement dans le ton de l'action signée Bernard Herrmann. Si ses compositions sont loin d'être mémorables, elles collent tout de même à merveille avec l'ambiance. Cette surveillance rapprochée s'achève sur une fin abrupte et franchement ridicule, venant mettre un terme à Sueurs Froides, qui, en conclusion, est un long-métrage très décevant au vu du talent du maître du suspense habitué à nous gratifier d'œuvres bien plus haletantes.