"Les bronzés" est une de ces comédies cultes du cinéma français qui permet encore aujourd’hui aux chaînes de télévision de se tailler une bonne part d’audience quand l’une d’entre elles la diffuse. En ce qui me concerne, au risque d’en surprendre plus d’un, ce n’est pas trop ma tasse de thé. La raison ? Elle est simple : ce film me donne plus l’impression de démontrer comment un bus entier d’adolescents juvéniles peut se lâcher en colonie de vacances. C’est à se demander s’ils ont seulement d’autres loisirs. Bon là je sens qu’un certain nombre de mes lecteurs sont près à appuyer sur l’émoticône qui fait la gueule, alors je m’explique. Déjà, les protagonistes (adultes, je précise) arrivent effectivement en bus donc on ne peut pas dire que ce je viens de dire est totalement faux. Je dirai même complètement vrai car franchement, si on y réfléchit : blagues à deux balles, plans cul, vantardises, coups bas… allons allons ! Il suffit d’ouvrir les yeux pour admettre l’évidence ! Ah ben tiens en parlant de coup bas, il y en a eu même pendant le tournage dans cette folle équipe du Splendid : allez donc en parler à Jugnot, lui qui a hérité du massage le plus dynamique de l’histoire du cinéma. Et puis il y a eu de vrais fous-rires aussi. Quand Lhermitte et Clavier rient de voir Jugnot se faire démonter, ou lorsque Josiane Balasko découvre l’horrible sous-vêtement de Lhermitte : ces rires ne sont pas feints. Au contraire ils sont bien réels, si réels qu’ils sont restés dans la boîte. Mais comme vous avez pu le constater, je ne peux me résoudre à casser le film par la note car je reconnais qu’il est quand même bon : rythme soutenu, répliques cultes, musique culte, improvisation, fous-rires, autodérision et bonne ambiance communicative sont au programme de ce film. En effet le rythme est effréné : les gags se succèdent les uns aux autres, et on les connait si bien depuis tout ce temps qu’on en rit à l’avance. Toujours est-il qu’ils laissent peu de place aux temps morts. D’ailleurs ces derniers sont assez rares. Tout comme l’impro, mais elle a réussi à pointer le bout de son nez dans ce scénario certes simple mais d’une sacrée densité en terme de conneries (dans le bon sens du terme) : la preuve par la réponse aux deux femmes qui annoncent partir se coucher, aucunement prévue au départ, en tout cas pas dans ces termes-là. Et pourtant, cette réplique est inscrite dans les annales (avec deux « n » bien entendu, hein). Répliques cultes (qu’on connait par cœur), musiques cultes (et ça commence par la chanson de Gainsbourg "Sea, sex and sun" quoique quelque peu éclipsée ensuite par le titre "Darla dirlalada", la chanson de Dalida entièrement réécrite pour l’occasion. Le plus bluffant est l’esprit de dérision et d’autodérision qui caractérisent ce film. Dérision parce que les scénaristes se sont inspirés de leur passé en tant qu’animateurs en club de vacances. Autodérision parce qu’ils prouvent que le ridicule ne tue pas, bien au contraire. Entre les poils pubiens qui dépassent du maillot (Clavier), le string (encore Clavier), un jeu totalement nu (encore et toujours Clavier), un slip qui fait fuir à coup sûr (Lhermitte), des tenues sorties tout droit d'on ne sait où (Luis Rego), la caricature de l'animateur qui bipe à tout bout de champ (Michel Creton... sans le coyote)... La palme de l’autodérision revient tout de même à Michel Blanc, ce freluquet taillé comme une asperge dépeint comme un looser taille XXL. Et c’est vrai qu’il en subit durant ce long métrage (on apprendra plus tard qu’il a eu par la suite beaucoup de mal avec cette étiquette). Même le nom de sa case ne l’épargne pas : « Mulet ». Ça ne s’invente pas, ça quand même ! Alors certes je n’adhère pas des masses à ce genre de comédie, d’autant que Clavier est bien trop jeune pour incarner un médecin (et je ne parle même pas des quelques faux raccords) mais c’est vrai qu’il y avait de quoi se moquer du comportement de certaines personnes qui, heureusement, ne sont pas la majorité. Le succès a été immédiatement au rendez-vous, que ce soit sur les planches ou en salles. Je reconnais aussi que certaines scènes sont très bien senties et très drôles, comme le fait que Popeye (Lhermitte) se barre de sa table vite fait quand il se rend compte qui se trouve à la même table au lendemain de sa nouvelle conquête. Vous ne connaissez pas encore ce film ? Dans ce cas soyez patients et attendez sa prochaine diffusion : comme toutes les comédies françaises cultes, il passe régulièrement à la télé. A moins que l’appel du DVD ne soit plus fort… Toujours est-il que ce film est devenu une référence inattendue et a inspiré bon nombre de scénaristes-réalisateurs-acteurs.