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chrischambers86
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4,0
Publiée le 7 octobre 2016
Avec le temps qui s'ècoule comme une rivière, toute chose change d'apparence puis disparaît! Mais pas les oeuvres du grand maître Ozu! Dans ce film de 1951, le cinèaste raconte l'histoire d'une famille qui se sèpare au fil du temps! L'action se passe à Kamakura, au dèbut de l'ètè, dans un dècor naturel offrant une extrême tranquillitè au quotidien de chacun! Une ville qui nous fait ressentir à la fois le poids de son histoire et la vigueur de sa culture! Un lieu de vie à l'atmosphère reposante, ainsi est dècrite Kamakura dans cet inoubliable « ètè prècoce » . spoiler: L'histoire tourne autour du mariage de Noriko! Autour de Koichi, on a peur que Noriko ne tarde trop à se marier! Comme si elle ètait faite pour rester toute seule! Un jour, on lui propose un mariage arrangè! Alors que l'inquiètude règne, Noriko dècide spontanèment de se marier! Son choix se portera sur Kenkichi, un veuf qui vit avec sa fille! Plus que l'histoire elle-même, Ozu dèpeint comme il le dit « les aspects plus profonds de la mètempsycose et de l'èphèmère » . L'èphèmère, de la même manière que le film, raconte l'histoire d'une famille qui èclate où Ozu nous montre à maintes reprises que les choses importantes ou les moments heureux finissent par disparaître! Moments magnifiques : la promenade de Noriko et de son oncle, Mokichi, qui est parti de Nara pour rejoindre Kotoku-in ou ce ballon d'enfant seul dans le ciel! Et puis il y a surtout le sourire de Setsuko Hara! L'image de son personnage èvoque la jeunesse Shukichi et Shige, ainsi que l'avenir des enfants qui deviendront adultes...
Comme toujours avec les films d'Ozu le thème du mariage est au centre des préoccupations. Même si c'est récurrent ça n'en est pas moins agréable, même si, à chaque fois, les mêmes comportements des uns et des autres se retrouvent. C'est un univers que l'on aime ou pas. Film intimiste, tout de feutre et de retenue bien nipponne, avec un ou deux gamins qui viennent donner une touche d'insolence bien fraîche, l'univers d'Ozu se décline aussi autour du repas où les discussions s'échangent, d'où fusent les rires étouffés. Pour ma part je m'y sens à l'aise. A chaque fois. Arigato gosaimasu Ozu sensei.
La famille, le mariage avec une pincée de conflits entre les générations, inutile de vous présenter les thématiques d'Ozu, inutile de vous présenter aussi la style filmique d'Ozu avec ses cadrages au millimètre et au ras du tatami, tout Ozu est là... Et bien sûr le véritable rayon de soleil ambulant qu'est Setsuko Hara apporte toujours une grosse bouffée de fraîcheur à chacune de ses apparitions... Si le sujet ne manque pas de gravité, pratiquement tout ici est sous le signe de la légèreté, apparente du moins. Un peu de tension sur la fin quand au choix d'un prétendant mais on parvient à rester zen quand même. Même une fugue des gamins (ils sont effrontés ceux-là !!!) est traitée sur un ton anodin et s'achève même sur un trait d'humour. Bref Ozu s'était pleinement trouvé et était entièrement près à réaliser ses plus grands films, dont deux œuvres plus tard son sommet absolu le magnifique, le sublime, le magistral "Voyage à Tokyo", et si "Été précoce" n'est pas au sommet du sommet c'est dû à quelques longueurs dans sa partie centrale mais rien de grave. Déjà un petit Ozu on prend, alors un qui sans être un géant à tout d'un grand c'est interdit de se le refuser...
Un film familial et intimiste d’Ozu, filmé comme toujours à quatre-vingt centimètres du sol en plans fixes (deux ou trois travellings tout de même, notamment lors de la fugue des enfants, mais très lents). Un cinéma entomologiste au service d’une humanité attentive, cette humanité qui grouille dans le Japon d’après-guerre, pays vaincu et humilié qui cherche à se relever dans le travail quotidien de chacun de ses habitants. Dans ce contexte austère, une femme affirme sa différence en même temps que son désir, choquant sa famille qui espérait pour elle un plus riche parti. La description de ladite famille est au centre du propos, Ozu décortiquant les rapports individuels et générationnels avec une minutie de fourmi, sans pathos ni complaisance, en éternel témoin impartial mais avec aussi cette aptitude à pénétrer doucement au cœur de l’âme humaine qui a toujours fait sa grandeur et sa singularité.
Le portrait de la lumineuse S.Hara est non seulement superbe mais il atteint une puissance inédite tant Y.Ozu l'intègre avec talent dans une réflexion plus globale recoupant les sphères familiale, amoureuse, temporelle. L'ensemble est d'une douceur fabuleuse.
Ce film a toutes les caractéristiques du cinéma d'Ozu, aussi bien au niveau de la mise en scène que des thèmes abordés et de la tonalité générale... et la qualité également, immense. Ozu ausculte avec une précision infinie (mais avec nettement plus de douceur qu'un Losey, tout de même) les relations entre les personnages. On a bien sur droit a un constat sur le fossé intergénérationnel, mais ici l'accent est mis sur d'autres thèmes. Le personnage principal, Noriko, 28 ans, refuse de se marier. L'irritation que provoque cette vie satisfaisante hors du cadre imposé va peu à peu l'éloigner de ses amies et de sa famille, qui, s'ils se plaignent de leur vie de couple... n'acceptent pas que Noriko ne désire pas la même vie qu'eux, et encore moins qu'elle s'en estime privilégiée. Ainsi, sans le vouloir, Noriko va provoquer l'évolution d'une situation qui la rendait pourtant, elle et les autres, heureux. Le film est très riche, et d'une sensibilité extrème.
C'est un des films d'Ozu que je préfère. On est tenté de répérer les mêmes commentaires que pour les autres : une histoire simple traitée avec finesse et profondeur, une interprétation d'une justesse rare. Et une conclusion subtilement morale, ou plutôt éthique, qui m'a particulièrement touché.